Dom Juan ne croit à rien, si ce n'est à son plaisir. Pour lui l'amour est un passe-temps, et seule la conquête l'intéresse. Chaque péripétie qu'il traverse sert de nouveau prétexte pour défier le Ciel.
Accompagné de son fidèle serviteur, Sganarelle, on le verra passer de parjure en parjure, jusqu'à ce que les flammes de l'enfer ne le reprennent.
Pourquoi je monte Dom Juan ? Je ne souhaite que retrouver la nécessité impérieuse de restituer sur scène le merveilleux et le terrible de cette oeuvre obscène et sublime, où le Ciel rejoint les enfers, où la comédie donne la main au scabreux. Dom Juan, c'est l'Homme face à sa conscience. La pièce a en effet été interdite à sa création. Elle ne fut représentée que quinze fois dans sa forme originale voulue par Molière, avant que la censure n'intervienne. Il s'agissait donc d'une oeuvre scandaleuse au XVIIe siècle. Molière s'attaque, juste après le scandale du Tartuffe, aux vices de son siècle d'une façon encore plus virulente qu'a l'accoutumée. Ce que le public trouvait choquant, c'était d'assister aux méfaits successifs de ce « grand seigneur méchant homme », et que le seul protagoniste qui s'oppose à lui de manière constante, c'est Sganarelle. Il le fait au nom de la croyance et de la religion. Ce qui était mal vu, surtout par les dévots, c'était de confier la parole qui s'oppose à Dom Juan à un homme du peuple, qui s'exprime maladroitement, et dont les idées manquent de suite et de consistance.
Ce que j'espère accomplir, c'est de revenir aux sources de ce scandale. Molière s'approprie le mythe de Dom Juan pour faire un portrait du Prince de Conti, dont la conversion tardive n'a dupé personne, et qui n'a eu de cesse de gêner Molière dans ses travaux. Dom Juan est donc un portrait. Comment retrouver l'aspect sulfureux de cette oeuvre volontairement subversive, alors qu'elle est devenue à nos yeux un « classique honorable » faisant partie de toute bonne bibliothèque ? Pas en la dénaturant, certes, mais en retrouvant sa verve machiavélique. Dom Juan est une messe noire. Le libertinage s'oppose à la bonne conduite pieuse.
Les comédiens seront en costumes d'époque, car je préfère rêver, plutôt que d'actualiser. Le décor représentera une sorte « d'intérieur/extérieur » qui évoquera une chapelle gothique avec des arcades, afin de mieux représenter l'opposition entre le sacré et le profane. L'érotisme des corps sera bien présent, pour trancher avec cette esthétique classique, notamment lorsque Dom Juan s'abandonne à ces frasques et ses conquêtes féminines. Le jeu sera naturel, mordant, rythmé, en accord avec la structure désordonnée de cette pièce (écrite en peu de temps), et qui est la seule chez Molière à ne pas respecter les trois règles de l'unité de lieu, de temps et d'action. C'est l'oeuvre Shakespearienne de Molière. Elle porte une odeur de souffre, et finit dans les enfers. Dom Juan est puni mais c'est une pure formalité d'auteur pour restaurer la morale. Le traitement des apparitions surnaturelles.
Dom Juan rejoint les pièces de Shakespeare en ce sens que c'est la première fois que Molière fait appel à autant de fantômes et de spectres sur la scène. L'équipe technique du spectacle (costumière, décorateur, éclairagiste et vidéaste) travaillera en étroite collaboration afin de restituer cet aspect surnaturel de l'oeuvre de façon nouvelle et impressionnante. C'est une pièce à effets spéciaux. Les apparitions de la Statue du commandeur et autres spectres se feront grâce à la vidéo projetée sur des éléments transparents du décor, par un jeu de miroir, un mélange d'ombre et de lumière. La statue sera représentée par un véritable comédien, qui portera un masque blanc, tandis qu'un visage mouvant sera projeté sur ce masque, afin de renforcer l'illusion d'une statue qui parle. Grâce à ce travail technique, nous espérons aussi étonner le public en lui faisant bénéficier d'effets visuels saisissants qui sauront restituer l'aspect spectaculaire et terrifiant de l'oeuvre.
Arnaud Denis
Le décor du spectacle, tracé dans des lignes géométriques pures, sera d'inspiration gothique. Il devra évoquer une sorte de lieu sacré, d'église ou de cathédrale, afin de mettre en valeur l'aspect profane des actes de Dom juan. Si l'espace de jeu semble appartenir au sacré, les actions néfastes du personnage se trouvent décuplées dans leur insolence. N'oublions pas que le Ciel est présent tout au long de la pièce. Si les lignes seront pures, l'inspiration baroque ne sera pas loin, surtout dans l'éclairage. Comme dans une église, il y aura des bougies un peu partout (elles seront éléctriques, bien sur, mais l'illusion sera parfaite). Le décor servira aussi de toile de fond aux apparitions surnaturelles, par le biais de la vidéo.
Les costumes seront d'époque. Plus précisément d'inspiration d'époque XVIIe siècle, avec bien sur une stylisation qui simplifie les lignes afin de gommer les excès baroques, tout en conservant une certaine majesté qui convient à la langue de l'oeuvre.
Toute la troupe est superbe, des excellents acteurs qui servent avec talent un texte magnifique. Arnault Denis est impérial, il incarne avec justesse et puissance Dom Juan, sans jamais en faire trop. On sort à la fois troublé et conquis. Bravo ! J'irai voir les autres spectacles de la troupe... Anne LA
Deja ce spectacle risquait de ne pas voir la lumiere du jour, car la Mairie de Paris n'avait pas accorde de subvention pour ce spectacle. Neanmoins, grace au crowdfunding (un appel aux dons, si vous voulez) les comediens sont actuellement en repetition). Le tres jeune metteur en scene et interprete du role principal a deja mis en scene des oeuvres du grand Jean-Baptiste Poquelin, dit Moliere: Les Femmes Savantes ou le Misanthrope! Alors j'attends avec beaucoup d'impatience ce spectacle que d'une certaine maniere j'ai meme co-produit, avec mon epouse...
Pour 2 Notes
Toute la troupe est superbe, des excellents acteurs qui servent avec talent un texte magnifique. Arnault Denis est impérial, il incarne avec justesse et puissance Dom Juan, sans jamais en faire trop. On sort à la fois troublé et conquis. Bravo ! J'irai voir les autres spectacles de la troupe... Anne LA
Deja ce spectacle risquait de ne pas voir la lumiere du jour, car la Mairie de Paris n'avait pas accorde de subvention pour ce spectacle. Neanmoins, grace au crowdfunding (un appel aux dons, si vous voulez) les comediens sont actuellement en repetition). Le tres jeune metteur en scene et interprete du role principal a deja mis en scene des oeuvres du grand Jean-Baptiste Poquelin, dit Moliere: Les Femmes Savantes ou le Misanthrope! Alors j'attends avec beaucoup d'impatience ce spectacle que d'une certaine maniere j'ai meme co-produit, avec mon epouse...
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