Dommage que ce soit une putain

Paris 19e
du 20 septembre au 4 octobre 2000

Dommage que ce soit une putain

CLASSIQUE Terminé

Dommage que ce soit une putain ou l’histoire d’une passion amoureuse et tragique entre un frère et une sœur dans un climat de sensualité aussi brûlante que funeste.

Présentation du sujet de la tragédie
Intention de mise en scène

Présentation du sujet de la tragédie

Ca commence comme çà, les jumeaux Giovanni et Annabella en état d’incandescence s’avouent brutalement leur amour, l’acceptent et font le serment de s’aimer ou d’en mourir. A l’acte 5 scène 5, Giovanni tue sa sœur aimée et lui arrache le cœur de sa poitrine... Entre ces deux événements, 9 mois s’écoulent. Les premiers mois en secret et en dépit du terrible interdit qui pèse sur eux Giovanni et Annabella jouissent pleinement l’un de l’autre dans l’instant. Mais un jour la jeune fille a un malaise : elle attend un enfant ; et la lumière disparaît alors brutalement, il fait sombre, sombre comme dans une tragédie...

Intention de mise en scène

Dommage que ce soit une putain de John Ford ou comment cette rencontre avec ce texte sensitif, palpitant et dangereux m’est devenue fatale. Le sujet de la pièce, inconfortable à l’extrême, l’inceste entre un frère et une sœur aux couleurs néanmoins de l'amour sublime, m'a mystérieusement touchée et troublée en profondeur...

D'autre part, j’ai été immédiatement frappée par l’incroyable modernité du texte due à la facilité avec laquelle Ford sait parler des régions obscures du cœur humain : ses personnages sont incroyablement vrais. Donner corps et voix à ces personnages magnifiques, saisis de passions violentes, s'est donc imposé à moi.

Ma construction de mise en scène s’articule autour d’une question que pose cette tragédie : pourquoi la recherche exclusive de la pureté côtoit-elle presque toujours le crime ? Je m’attache donc à montrer comment cette quête peut en effet devenir meurtrière. Pour ce faire, je privilégie les sensations c'est à dire suggérer, des odeurs, des sons, des couleurs...

En tentant de créer sur le plateau un climat de brûlante sensualité traversé par un rayon de lumière pure.

Et ce grâce au jeu des comédiens que je dirige dans le sens d’une représentation très expressive des sentiments autrement dit des corps, tant la violence des désirs et la douleur des corps des personnages qu’ils ont à incarner, sont présentes.

En effet leurs désirs amoureux se heurtent en permanence à l’inflexible morale religieuse (figure de l’autorité dans ce texte), le désir de Giovanni le héros incestueux en est l’exemple le plus achevé (en effet, Giovanni le mélancolique rebelle qui refuse de grandir est un héros avant tout de la transgression, conduite qui l’engagera dans un combat toujours plus éperdu et plus désespéré avec Dieu dont il met désormais en doute l’existence).

Le corpus de Ford du reste aide à donner vie aux corps des personnages tant il est riche de sensualité. Comme une ritournelle en effet reviennent inlassablement les substantifs sang fureur cœur larmes et les verbes embrasser, tuer, brûler, déchirer.

Grâce au choix de la scénographie et des costumes qui contribuent à l'exaltation de ce climat. Il s’agit donc de matérialiser la présence du Ciel qui est selon moi un des acteurs principaux de la tragédie (métonymie de Dieu,du Paradis, de l'Amour et enfin de l'Aspiration à un idéal de pureté ) et matérialiser un ici-bas qui ressemblerait à un beau et paisible jardin (un Eden) faisant ainsi contrepoint à la violence tragique de l’histoire.

Le premier par un drap qui sèche au soleil sur lequel seront projetées(7 fois) des images du Ciel ( diapos), lesquelles viendront se refléter aussi sur les costumes. Le drap est envisagé comme un objet métaphore de l'amour sublime et funeste des jumeaux ( Le drap blanc éclatant de l’amour heureux sera souillé de sang au 5ème Acte ).

Pour suggérer la présence du jardin, chaque lieu traversé par les personnages contient un élément de décor qui l'évoque. Par exemple un arrosoir est souvent présent sur scène comme oublié, un rideau de verdure sera en permanence présent sur scène ( grandes feuilles pennées stabilisées suspendues à une perche pour créer l’impression d’un rideau ), la salle à manger de Florio sera couverte de pétales de roses lors du banquet de noces, le salon de Soranzo est traversé par un rideau vert transparent agrémenté de motifs floraux etc...

Le chromatisme saturé des costumes(expression de la sensualité sauvage de la plupart des personnages) agit dans le même sens. Ni les costumes ni les accessoires ne parlent de l’époque évoquée par la pièce c'est à dire La Contre-Réforme en Italie mais nous racontent la nature du personnage et son mode de vie car c’est la vérité humaine de ces êtres vivant jusqu’aux extrêmes leur passion amoureuse que je veux montrer aussi ai-je crée des images atemporelles d’une bourgeoisie et d’une aristocratie, les 2 milieux évoqués dans la pièce. Giovanni est vêtu d'un costume marginal mais néanmoins taillé dans de belles étoffes et de couleur rouge pour exprimer à la fois la violence de sa transgression et son destin marqué par le sang, Soranzo l’aristocrate esthète et voluptueux se prélasse sur de précieux coussins moelleux disposés à la mode orientale, Florio riche et conformiste bourgeois joue au tennis...

Grâce au choix des lumières contrastées et découpées : alternance et mélange de lumières crues avec des lumières abyssales et tamisées.

Grâce au choix d'une bande son qui exprime la voix de la Nature musique portée par des instruments à vent et des percussions principalement et sons concrets (naturels).

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Bouffon Théâtre
26-28, rue de Meaux 75019 Paris
Spectacle terminé depuis le mercredi 4 octobre 2000

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