Dracula

• Le spectacle

Le récit initiatique du jeune Jonathan Harker à travers une rencontre des plus étranges et inquiétantes : celle du comte Dracula. Transgression de certains interdits, exploration de craintes ancestrales et terreurs sacrées, le jeune homme sera confronté à ses pires angoisses. Un spectacle intime, à la lueur d’une bougie, adapté du roman de Bram Stocker.

• Extraits

 " Je restai dans le silence, immobile, car j’ignorais ce que je devais faire. Il n’y avait ni cloche, ni marteau. A travers ces murs épais et les fenêtres closes, il était peu probable que ma voix se fasse entendre. Il me sembla que s’écoulait un temps infini, et je sentis doutes et angoisses m’envahir. Dans quelle sorte d’endroit avais-je échoué, chez quelle sorte de gens ? Dans quelle sinistre aventure m’étais-je embarqué ?

Récemment diplômé, sans expérience, envoyé chez un étranger pour lui expliquer les modalités d’acquisition d’un domaine à Londres, je me persuadai finalement que, peut-être, je n’étais qu’en train de vivre un banal épisode de la vie d’un clerc de notaire. Voilà qui commençait à ressembler étrangement aux contes des mille et une nuits, ou au fantôme d’Hamlet : quand tout doit cesser au chant du coq. " 

• Note d’intention

Le château de Dracula, théâtre de l’inconscient
Ce spectacle est une adaptation de la première partie du roman de Bram Stoker : le journal intime de Jonathan Harker emprisonné dans le château de Dracula. Il aborde tous les thèmes qui font de Dracula le grand mythe littéraire de notre époque : le vampirisme, la folie, l’érotisme, la mort, l’inconscient, l’immortalité, le sublime, la transgression, le rêve.

Dracula, le personnage des personnages
Le roman regorge de références shakespeariennes. La première partie qui nous occupe, le journal de Jonathan Harker, se réfère sans cesse à Hamlet de façon implicite ou explicite : sa folie, son rapport à la vérité, au mensonge, au spectre du père, à l’illusion, au piège. Dracula peut être aussi compris comme une métaphore fantastique du prince du Danemark, une sorte de méta-personnage, « nourri du sang » de tous les autres.

Le seul en scène, le travestissement, et la mise en scène dépouillée expriment puissamment le soliloque de l’enfermement.
En proposant au public un texte aussi riche et puissant que Dracula, l’actrice devient magicienne. L’injonction de Flaubert : « quand nous trouvons le monde trop mauvais, il faut se réfugier dans un autre » prend effet grâce au pouvoir de créer un monde nouveau par sa seule énonciation. Prêter ma voix à Jonathan Harker dans ce monologue tour à tour morbide et incandescent, dantesque et gothique, à la lueur - et à l’ombre protéiforme - d’une seule bougie, révèle sa pleine dimension érotique, et crée une intimité charnelle avec le spectateur.

Je touche les sens, le coeur et l’esprit de l’auditoire par l’intermédiaire de ce jeune homme en prise et en proie aux Démons. L’interprétation de Dracula, qui s’inscrit dans une longue tradition vampirique mythologique (depuis la nuit des temps, sur tous les continents), me permet de fouiller avec le public l’imaginaire populaire collectif, notre inconscient, nos peurs ancestrales et nos terreurs les plus sacrées.

Une passerelle, un retour aux sources pour le public adolescent
Ce spectacle permet aussi au public adolescent actuel fortement marqué par l’univers fantastique d’accéder facilement et simplement à la plus grande référence vampirique de tous les temps. C’est un retour à la source « vivante ». Je propose la démonstration que non seulement les vampires peuvent être éternellement nonmorts, mais que c’est la définition même de tous les personnages incarnés au théâtre, dont Jonathan Harker !

Delphine Thellier

• La presse

 " Haletant (...) Le mot " fantastique " prend tout son sens. "  Caroline Chatelet, Metro, 18 novembre 2010