Elle t'attend

• L'histoire

Sous la chaleur écrasante du soleil de Corse, une femme attend l’homme qu’elle aime et qui tarde à revenir. Il est parti marcher dans les montagnes. Les heures passent, et son absence prend un sens de plus en plus inquiétant. Où est-il ? Et pourquoi a-t-il disparu ? Les hypothèses se succèdent. Mais les questions demeurent sans réponse. « Je ne sais plus, tant je t’aime, lequel de nous deux est absent… » Nous dit cette femme qui, en quelques heures, explore les gouffres du sentiment amoureux, et le tumulte de l’attente.

• Note d’intention du metteur en scène

"Quelque part, Albert Camus parle de la Méditerranée en ces termes :

"Elle a son tragique solaire qui n’est pas celui des brumes. Certains soirs, sur la mer, au pied des montagnes, la nuit tombe sur la courbe parfaite d’une petite baie et, des eaux silencieuses, monte alors une plénitude angoissée." En ces lieux, on peut comprendre que si les Grecs ont touché au désespoir, c’est toujours à travers la beauté, et ce qu’elle a d’oppressant.

J’évoque cette phrase et cette expression magique "le tragique solaire", parce qu’elles résument parfaitement la façon dont je souhaiterais mettre en scène Elle t’attend : le rôle central serait confié à la lumière, à la chaleur, au soleil – aveuglant, plus que l’amour, ces personnages qui se débattent pour sauver ce qu’ils peuvent de leur vie sentimentale.

Sous la chaleur écrasante du soleil de Corse, je voudrais que l’on touche au sentiment du "tragique solaire". Ce sentiment passerait par l’abandon progressif de toutes les questions que pose la pièce (Pourquoi cet homme a-t-il disparu ? A-t-il abandonné la femme qu’il prétend aimer ? Qui ment à qui ?) pour que n’en demeure plus qu’une seule, plus simple, plus déchirante : Est-ce que c’est ça, ce qu’on appelle se perdre ?"

Florian Zeller