Nous nous permettons facilement de juger ce qui fait plaisir à l’autre, dès lors que ses désirs diffèrent des nôtres, qu’ils empruntent des chemins de traverse des routes mois connues. Nos désirs peuvent alors nous confronter à des choix qui nous mettent face à notre liberté, face aux risques que nous sommes capables de prendre : risque d’être marginalisé par le regard de l’autre et de la société. Nous poserons la question de notre liberté dans ce domaine si intime.« En corps » sera un manifeste. Il s’agira pour nous d’entamer un vaste travail de déconstruction des genres et de parler de ce qui touche à la domination masculine, à l’hétéro- et l’andro-centrisme, à l’homophobie et au sexisme, et plus généralement aux groupes diffamés, pour reprendre l’expression d’Hannah Arendt.
La danse, à l’instar des cadres cités précédemment, a pu également priver les corps de leur liberté. Ce projet sera pour nous l’occasion de poursuivre notre travail qui s’applique à effacer la « virtuosité codifiée », résultat de l’apprentissage technique du danseur, pour montrer des corps sans emballage, pas transformés par une pratique qui tend vers un corps idéal, puissant et performant, forgé par un style. Faire que les corps trouvent leur intégrité : des corps intelligents car sensibles et vivants, pas conditionnés.
Frédéric De Carlo et Frédéric Gies.
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris