En remontant le Niger

du 3 mars au 4 avril 2009
1h20

En remontant le Niger

En remontant le Niger, c’est « La croisière s’amuse » sur le Djoliba avec les Tartarins d’un Club Med de pacotille en quête de « noirs désirs ». Masque de l’un, miroir de l’autre, huis clos burlesque, Arezki Mellal choisit le nez rouge de la farce et donne un vigoureux « coup de torchon » dans les eaux troubles de l’humain, dans ses mesquineries, ses convoitises et ses clichés crétins. Une pièce à l'humour ravageur.

Une comédie caustique
Genèse du projet
Note de mise en scène
La presse

  • Une comédie caustique

Une mère vieillissante, en quête d’aventures et de massages exotiques. Son rejeton sans âge, mal aimé, mal aimant, stupide, cupide et volontiers matricide. Elle veut « chasser le tigre et voir des guerriers masqués et des sorciers emplumés ». Il a entendu dire que « les forgerons bambaras sont courageux ». Elle sait que les femmes sont excisées et lui que les hommes sont circoncis… Ils sont venus en Afrique pour « remonter le Niger » ! Elle promet « zouli, zouli grand petit visa brillant sur passeport » à qui la fera « traverser la mer dans des bras noirs pleins de soleil »… Il traficote, soutire des chèques à sa mère mais voudrait bien se débarrasser de cette « vieille rombière » avec l’aide d’un marabout… Etrange duo occidental en déliquescence, boursouflé, décadent, malade, en bout de course et de fantasmes. Avec eux, amusé, consterné, leur guide local, Moussa-Lustucru, étudiant en ethnologie, faux naïf jusqu’au plus-que-parfait du subjectif !

En remontant le Niger, c’est « La croisière s’amuse » sur le Djoliba avec les Tartarins d’un Club Med de pacotille en quête de « noirs désirs ». Masque de l’un, miroir de l’autre, huis clos burlesque, désopilant, décapant, Arezki Mellal choisit le nez rouge de la farce et donne un vigoureux « coup de torchon » dans les eaux troubles de l’humain, dans ses mesquineries, ses convoitises et ses clichés crétins, dans les remugles du racisme, dans les bassesses minuscules et la bêtise majuscule.

Bernard Magnier

Adaptation de Maria Zachenska.

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  • Genèse du projet

J’ai entendu pour la première fois la pièce d’Arezki Mellal En remontant le Niger en 2005 à Limoges en lecture publique. Des années auparavant, son roman Maintenant ils peuvent venir m’avait littéralement bouleversée. Je découvrais alors, en plus d’un indéniable talent de narrateur, l’humour chez cet auteur et le trait grinçant de son regard acéré sur le rapport noir/blanc.

Arezki Mellal est algérien, donc africain pour les européens et blanc pour les africains. Au-delà de l’infranchissable Sahara, frontière plus efficace que bien des mers, plus proche des occidentaux par la couleur de la peau et un passé commun d’esclavagistes, il génère chez les uns, méfiance et circonspection. Pour les autres, qui oscillent entre culpabilité et nostalgie, il n’est qu’un ex-colonisé, barbare d’un sud au passé non soldé, aux multiples mystères et aux dangers innombrables.

Lors d’un séjour au Mali en résidence d’écriture, Arezki observe cette étrange relation qui s’instaure entre noirs et blancs, mélange d’attraction, de fascination mais aussi parfois de rejet et d’aversion. Il décrypte et analyse cette curieuse mécanique avec peine et amusement à la fois. Tiraillé, coincé entre deux océans, l’un de sable, l’autre d’eau, riverain de deux mondes, étranger à l’un et à l’autre tout en appartenant à chacun d’eux, il est dans la situation idoine pour en appréhender les enjeux. Il y adjoint sa fine connaissance politique de la relation France-Afrique et poursuit son examen de l’âme humaine dans ses travers les plus sombres, ses appétits les plus bas.

« En remontant le Niger », substrat de cette étude scrupuleuse et caustique est non seulement une pièce savoureuse et drôle, mais c’est aussi une parole nécessaire à l’appréhension de notre monde, où l’autre semble encore et toujours réduit à la seule projection que l’on a de lui, objet de toutes les convoitises tout autant que prétendu auteur de tous nos malheurs.

Maria Zachenska naît et grandit en Slovaquie, un pays régit par le dogme marxiste, où les hommes, tous les hommes, sans distinction de race, d’origine ou de sexe sont décrétés égaux par nature. Lorsque jeune femme déjà, elle aborde la France et Paris, elle découvre, stupéfaite, les innombrables préjugés et légendes qui continuent d’habiter les esprits. Passé le stade de l’incompréhension, elle s’indigne, s’insurge. Comment au pays des droits de l’homme, dans cette terre d’asile à la réputation non usurpée à l’époque, peut-on faire circuler de telles idées nauséabondes ?

Mais Maria a décidé depuis longtemps d’aborder le monde à travers le prisme de l’humour, salvateur dans un pays rongé par l’absurdité politique. Par la bouffonnerie, la farce, la comédie, la métaphore, avec une exquise sensibilité et une rage inventive, elle s’arme en pensée, persifle, ridiculise et à la fin porte ses coups. Ses traits d’esprit acérés dénoncent la bêtise, ses satires accusent l’insanité. Formée à l’école slave, elle exige de ses acteurs virtuosité et engagement total, impose un jeu extrêmement physique, allie une grande théâtralité à la simplicité d’une scénographie fonctionnelle. C’est pourquoi j’ai offert à Maria aujourd’hui de mettre en scène En remontant le Niger, d’allier son talent à celui d’Arezki et d’attester du grotesque de ces affabulations.

Valérie Baran, directrice du TARMAC de la Villette

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  • Note de mise en scène

« En remontant le Niger » est un texte ravageur, une loupe à peine déformante avec laquelle Arezki Mellal scrute, comme un entomologiste, le fantasme africain de l’Occident, un miroir tendu par l’Afrique à l’Occident, pour qu’il y contemple son reflet monstrueux. C’est une pièce à la richesse foisonnante, un texte lumineux, puissant, qu’anime un amour profond de l’humanité, une foi en l’homme, un sens du désespoir et une drôlerie - une drôlerie par-dessus tout - brutale et fantastique. On bascule rapidement de la délicatesse la plus extrême au comique le plus délirant : c’est Jarry doublé de Pasolini, c’est Coppi en Afrique.

Tout y est dévoilé crûment. Nudité du corps d’une femme blanche, la mère, qui se fait masser par un homme noir, Moussa, le serviteur, parabole à peine voilée d’un désir de cannibalisme. Une femme réduite à son désir, une femme devenue sexe.

Tout au long de la pièce résonne le râle de cette femelle en rut. Il y retentit aussi la violence survoltée d’un homme, le fils, icône dénaturée d’un capitalisme avide et aveugle qui dévore à coups de téléphone et de dollars les hommes et les territoires. Personnage violent, grossier, démesuré, monstrueux presque.

Au coeur de la pièce, l’énigme enfin de l’africain Moussa qui endosse docilement sans qu’on le comprenne ni ne l’accepte, l’habit d’esclave dont on veut l’affubler, réalisant les uns après les autres les fantasmes de l’occupant, accoucheur pervers du dialogue. Jusqu’à ce qu’on découvre qu’il manipulait par son secret, tout ce petit monde, pour mieux s’en emparer, le dévorer peut-être, qui sait, à son tour. Il ne faut pas chercher le réel, le naturel dans le texte d’Arezki Mellal, nous sommes dans le registre de l’excès, du grotesque même parfois. C’est sous le prisme de la comédie qu’Arezki nous livre son portrait au vitriol, une comédie qui tourne au vaudeville, ponctuée de dialogues rapides, décalés, de quiproquos, de fausses interprétations, d’accidents. C’est un comique physique, quasi clownesque, fait de chutes, de gospels. Un comique délirant, fait de circoncisions, d’amputations et de ventes d’armes.

La langue, le petit nègre, produit un effet dévastateur, car elle n’est évidemment pas la langue de Moussa, mais bien celle des occidentaux. Un peu comme des parents parlant à leurs enfants dans un sabir de leur invention, baragouin que les enfants reproduisent à leur tour croyant parler la langue des parents. C’est ici la projection fantasmée et méprisante du français d’Afrique de notre paire d’incultes reprise à son compte, par calcul ou par facilité, par l’objet même de ce mépris.

C’est l’occident, monstre à deux têtes, (couple ubuesque) - mère et fils - contre nature, dégénérés, pervers qui viennent en Afrique pour y trouver le sexe, qui cherchent à acquérir, conquérir, vendre, posséder, en un mot : commercer du sexe et de l’argent. Couple invraisemblable de porcs affamés pour lequel la rédemption viendra par l’acte de cannibalisme, qui se retournera contre eux : le fils, finalement circoncis, amputé, émasculé.

L’espace ne peut être qu’unique. C’est un monde autant fantasmé que réel. L’espace est variable et n’a de réalité que la vision qu’en ont les personnages. Un espace aux contours incertains, changeants, protéiformes. Un espace traversé de lumières hypnotiques, qui iront de la blancheur froide des hôtels à l’occidentale, à la profondeur rouge brique de la terre africaine. Un espace en mutation constante qui s’invente sans cesse et que structure la lumière, en séries de visions hallucinatoires, nimbé de musiques empruntées à la tradition africaine et revisitées, de danses du Sahara retranscrites qui viendront aussi suspendre la comédie et produire le chaos des corps.

Le spectacle finira sur une note aussi optimiste que nostalgique. A la fin, c’est l’Afrique qui reste, avec ses enfants, ses mobylettes, sa poussière. C’est elle, le seul vainqueur et le seul vaincu. C’est une terre qui peut tout supporter et tout endurer, mais que rien ne sauvera et rien ne changera, en dehors d’elle-même. Elle a ses propres règles du jeu.

Maria Zachenska, metteur en scène

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  • La presse

"Arezki Mellal, auteur algérien, brosse, avec légèreté et finesse, une comédie où surgissent tous les problèmes de l’Afrique contemporaine. […] Le spectacle se voit avec plaisir et nous fait sourire de notre bonne conscience occidentale." Sylviane Bernard-Gresch, Télérama du 14 au 20 mars 2009

"La mise en scène de Maria Zachenska accentue le joyeux délire de l’auteur. […]« En remontant le Niger » est un spectacle salutaire drôle et original, qui ouvre de fort jolie façon la saison 2009 du Tarmac." Dimitri Denorme, Pariscope du 11 au 17 mars 2009

"Ce spectacle est un sans faute : le texte fait mouche, les comédiens sont parfaits et la mise en scène, physique au possible, mise au point par Maria Zachenska, qui elle aussi a beaucoup de choses à dire. C’est simple, n’y allez pas : courez-y !" Simone Alexandre, theatrauteurs.com, 10 mars 2009

"Une pièce drôle, piquante, grinçante qui pointe du doigt les failles de nos sociétés. […] Une remontée du Niger semée d’embûches au travers de laquelle le touriste, quel qu’il soit, se laisse happer littéralement." T.B., froggydelight, 8 mars 2009

"Maria Zachenska dirige ce jeu de massacre dans une mise en scène inventive. Les interprètes montrent les mœurs coupables avec une justesse subtile et une énergie ironique. Rarement le racisme est abordé avec autant d’humour." Danielle Dumas, 4 mars 2009

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Spectacle terminé depuis le samedi 4 avril 2009

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