Entre courir et voler y a qu'un pas papa

le 5 février 2005
1H30

Entre courir et voler y a qu'un pas papa

Cet homme-là court vite et longtemps, et en courant il pense. Ses jambes pensent, son cœur pense, sa tête pense. Sa pensée parle comme il respire… Cet homme-là n'est pas tout à fait dingue, il est comme vous et moi ! Il n'a plus de temps pour lui, il n'a plus de temps à perdre, il dort tout habillé pour se préparer au pire et n'oublie pas d'en rire parce qu'il est extrêmement fatigant d'être triste… De et avec Jacques Gamblin.

Cet homme-là court vite et longtemps, et en courant il pense. Ses jambes pensent, son cœur pense, sa tête pense, sa pensée pense. Sa pensée parle comme il respire…

Rattraper le temps perdu à jamais
Extrait
Courir...
Note d'intention

Entre courir et voler il n’y a qu’un pas papa est le 3ème livre de Jacques Gamblin qu’il a adapté pour le jouer, seul en scène. A travers une écriture délirante et poétique, il raconte la vie d’un anonyme un peu naïf qui doit être à l’heure à un rendez-vous imprécis, celui de la naissance de son enfant. L’éclosion de la vie va être curieusement court-circuitée par la mort de son père…

Ce héros du quotidien enfile les kilomètres, court pour rattraper le temps perdu à jamais. Jusqu’à plus soif, jusqu’à n’importe où, il court avec un sens prodigieux du rythme et de la langue, sa puissance féline et sa hargne de sprinter. Il balance au passage tout le cortège des pensées qui le transpercent : peurs, éclats, éclairs, désirs…

Avec talent, sensibilité, humour, éloquence et générosité, Jacques Gamblin raconte la vie en raccourci dans une envolée de mots… et d’un coup d’ailes, il nous convie dans la lumière de son monde intérieur…

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… Et je pensais à Achille. Un Grec que j’avais connu dans l’Antiquité qui comme moi avait abandonné sa voiture et qui s’ennuyait dans la course à pied. Il avait tout essayé, tout. Il s’était imposé un nouveau challenge. Laisser partir une tortue trois jours avant lui pour essayer de la rattraper. Il s’était dit je vais faire la moitié de la distance qui me sépare d’elle. Ensuite je ferai la moitié de la moitié qui me reste. Puis je ferai la moitié de la moitié de la moitié et ainsi de suite… Il a tout fait très bien mais il n’a jamais rattrapé sa tortue parce qu’il lui restait toujours une moitié à parcourir, même une petite moitié moitié mais une moitié quand même.

Au finish il en est sorti gagnant Achille parce qu’il lui reste toujours une petite petite mais une moitié quand même à parcourir. Et ça c’est bon pour tout je me disais. Encore une moitié. Encore encore encore… Tu n’as qu’à faire comme Achille.

C’est Xénophon qui m’avait raconté ça. Ce n’est pas un gaz Xénophon, c’est son entraîneur, un philosophe. Ils le sont tous en Grèce. C’est comme ça qu’ils survivent.

Éditions Le Dilettante

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Courir pour rien c’est bien…

Il était au volant de sa voiture. Il a fait une sortie de route au kilomètre 271. Y avait de la buée partout, à l’extérieur à l’intérieur, partout. Il était temps que ça s’arrête. On ne peut pas rouler comme ça, à l’aveugle, vers des rendez-vous à ne pas manquer sous peine de regrets. A 3 heures 47, il a coupé le contact et s’est mis à courir sur la bande d’arrêt d’urgence. Courir courir courir pour oxygéner tout ce qui pouvait encore l’être. Il s’est fait arrêter au péage. Il avait une apparence tout à fait normale avec son slip en coton qui ressemblait à un short en lycra. C’est ça qui l’a sauvé, c’est l’apparence.

… mais courir pour quelque chose c’est pire

Cet homme-là n’est pas tout à fait dingue, il est comme vous et moi ! Il n'a plus de temps pour lui, il n'a plus de temps à perdre, il dort tout habillé pour se préparer au pire et n’oublie pas d’en rire parce qu’il est extrêmement fatiguant d’être triste avec un costume noir, une chemise blanche et une cravate.

C’est du souffle quoi ! En chaussures de ville. Juste du souffle. Je veux dire de la chair. De la viande quoi !… La nôtre. Qui transpire et qui s’agite en ligne. Qui passe à la corde dans les virages. Qui passe à la corde dans les… Qui passe à la corde… Qui passe à la... Qui passe… Qui est passé. Qui voudrait juste courir pour courir et ne plus franchir aucune ligne. Et qui se dit si j’me r’tourne j’suis foutu !…

Il a pas tort… 
Arrêtez de me faire chier !… Il dit aussi.

Au final, c’est un homme normal ! Je vous l’avais dit.

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"Je suis né à vol d'oiseau du Mont Saint-Michel. J'aime le vent, les embruns et les déferlantes. Je mange salé. Passant mon enfance dehors, à bouffer du kilomètre sur le sable et dans les dunes, je deviens claustrophobe amateur, incapable de vivre en ville. A 19 ans, BAC inutile en poche et après une détestation jamais reniée de mes années d'école, je suis exempté du service militaire, classé P3, c'est-à-dire pas tout à fait dingue mais presque.

Enfin en roue libre, je pars développer mon goût pour les hasards. J'apprends sur le tas des rencontres : régie de théâtre, menuiserie, taper à la machine les dossiers de subventions, serrer la main des professeurs de Français, porter le nez du clown et le masque de commedia dell’arte... Faire, essayer, tenter de faire... Je deviens passionné du métier de comédien que je ne sais ni quand ni jusqu'à quand avoir choisi. Pourvu que ça dure !

Après plusieurs années d'itinérance en Bretagne dans des toujours-jeunes-compagnies pour un théâtre plus de gestes que de mots, je pose mon sac à Caen, au Centre dramatique national. Jubilation créatrice avec Michel Dubois et Claude Yersin. Mais Cendrars a écrit : "quand tu aimes il faut partir". C'est ce que je fais. Itinérant à employeurs multiples, je m'arrête chez Pierre Debauche, Charles Tordjman, Alfredo Arias, Jeanne Champagne, Jean-Louis Martinelli, Philippe Adrien, Gildas Bourdet...

De panouille en 3e couteau, de 3e en 2e et de 2e en premier rôle, parce que c'est comme ça chez moi, je ne sais pas pourquoi, c'est toujours progressif, le cinéma me donne d'autres chances avec Claude Lelouch, Robert Guédiguian, Gabriel Aghion, Philippe Lioret, Claude Chabrol, Jean Becker, Sam Karmann, Bertrand Tavernier…

Et puis, de l'encre s'est mise à couler, couler sur le papier. Moi qui ai tant peur des livres, je me suis mis à en écrire et ne peux plus m'en empêcher. Quincailleries, Le Toucher de la hanche et Entre Courir et voler il n'y a qu'un pas papa, trois romans qui mettent en lumière un anonyme qui se prend les pieds dans le tapis de mes obsessions.

Pour le reste je n'aime ni les frontières ni les chapelles, je préfère les no man's land ou la tragi-comédie. Je continue de vivre avec cette illusion que le travail finit par payer et j'aime mes amis jusqu'à la mauvaise foi."

Jacques Gamblin

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Informations pratiques

Théâtre Suresnes - Jean Vilar

16, place Stalingrad 92150 Suresnes

Accès handicapé (sous conditions) Bar Grand Paris Hauts-de-Seine Restaurant Vestiaire
  • Tram : Suresnes Longchamp à 2 km
  • Bus : Stalingrad à 18 m, Place de Stalingrad à 82 m, Stresemann à 191 m, Place de la Paix à 331 m, Les Mazurieres à 377 m
  • Transilien : Suresnes Mont Valérien à 2 km
  • Navette gratuite Paris - Suresnes : Une navette est mise à votre disposition (dans la limite des places disponibles) pour vous rendre aux représentations du Théâtre.

    Départ de cette navette 1h précise avant l’heure de la représentation (ex. : départ à 19h30 pour une représentation à 20h30), avenue Hoche (entre la rue de Tilsitt et la place Charles de Gaulle-Étoile), du côté des numéros pairs. À proximité de la gare Suresnes-Longchamp (Tram 2), la navette peut marquer un arrêt sur le boulevard Henri-Sellier (à l’arrêt des bus 144 et 244 (direction Rueil-Malmaison), 25 minutes environ avant la représentation. Faites signe au chauffeur.

    La navette repart pour Paris environ 10 minutes après la fin de la représentation, et dessert, à la demande, l’arrêt Suresnes-Longchamp, jusqu’à son terminus place Charles de Gaulle-Étoile.

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Plan d’accès

Théâtre Suresnes - Jean Vilar
16, place Stalingrad 92150 Suresnes
Spectacle terminé depuis le samedi 5 février 2005

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