Le titre fait sens, référence à Struttin’, album anthem des Meters, le son de La Nouvelle-Orléans. D’emblée, sur le thème-titre, le Fender entre dans la transe. Une tournerie à l’ancienne, du style deux doigts décalé.
Le Fender, c’est encore lui qui donne le la sur Rock the Days, où la rythmique martèle en tête, et sur Doo-Goo, aux soubassements plus légers. Dans les mêmes teintes, « Casa Bamako », avec des touches plus « afro » rehaussées entre les lignes d’un toucher gospel. Celui qui irrigue tout autant Them That Got, un blues de Ray Charles, qu’Éric Legnini et ses complices jouent classique, surtout pas basique, en songeant au « preacher » Les McCann, l’un des héros du pianiste. Tout comme il emprunte « Con Alma » à Dizzy, mais « dans l’esprit du trio de Jamal ». Plus loin, il donne des contours inédits à The Secret Life Of Plants de Stevie Wonder, sans en trahir l’écriture poétique… Il en va de même, en solo, pour une Introspection, aux accents plus graves, histoire de faire raisonner différemment le son churchy, si spirituel.
De lignes claires en traits plus abstraits, Éric Legnini dresse un autoportrait en noir et blanc, plus conforme à la diversité de son originalité pianistique. Sans jamais surjouer et ni trop en faire. Moins, c’est mieux. C’est un classique. C’est toujours d’actualité. « C’est la formule vers laquelle un musicien va. Simplement il faut du temps. » Tout comme il faut bien tripper avant de pouvoir recomposer toutes les facettes du puzzle de son identité.
Fender Rhodes Éric Legnini, batterie Franck Agulhon,contrebasse Thomas Bramerie, chant Krystle Warren.
49 avenue Georges Clémenceau 92330 Sceaux