Un tarif réduit pour les moins de 26 ans est disponible au théâtre.
Enfin reconnue à sa juste valeur, invitée des festivals et des scènes nationales, la danse hip hop a trouvé en Chaillot un défenseur. Que ce soit à travers les créations du tandem Montalvo/Hervieu ou les invitations régulières faites à ses meilleurs talents. Ce programme événement, fruit de la collaboration inédite entre le Centre national de la danse et le Théâtre National de Chaillot à l’occasion de la saison culturelle européenne en France, est à l’image du hip hop actuel, mature et conquérant, mélange d’invention, de virtuosité et d’engagement.
Salle Gémier, un deuxième programme introduit Seuls, ensemble, où le Catalan Sébastien Ramirez et le Berlinois Raphael Hillebrand travaillent de concert, après plusieurs coopérations avec Storm. Leur création est construite autour de trois personnages, deux réels et un virtuel, appelé « Reverse ». Dans ce triangle tragique, l’inconnu donne corps à une danse hip hop à haute valeur ajoutée, forte d’une dramaturgie qui puise aux sources du théâtre de marionnettes de Kleist aussi bien que du cinéma de Cocteau. À découvrir d’urgence.
Christine Coudun, une pionnière avec la compagnie Black Blanc Beur, clôt cette riche série dédiée aux danses hip hop. T’es trois est, comme son titre l’indique, une variation autour du trio. Comment se supporter, apprivoiser sa peur de l’autre, vivre sans concession ? Christine Coudun évacue les pauses faciles pour donner à voir un hip hop engagé. Porté par François Kaleka, Laurent Kong a Siou et Lowriz Vo, T’es trois, sur la musique de Doctor L est une leçon de vie. Et de danse.
Enfin, aux côtés de ces grands du hip hop, six jeunes professionnels et vingt amateurs reprennent Il était une fois / Es war einmal de Storm. Ce projet pédagogique franco-allemand réunit des adolescents de Berlin et de banlieue parisienne formés dans leurs villes par le chorégraphe berlinois. Après deux semaines de répétition au Centre national de la danse, ils se produisent sur le plateau de la salle Jean Vilar à Chaillot.
Philippe Noisette
T’es trois
chorégraphie Christine Coudun
musique originale Doctor L
avec François Kaleka, Laurent Kong a Siou, Lowriz Vo
Black Blanc Beur, compagnie fondée en 1984, fait partie des pionniers du hip hop en France. Avec plus d’une vingtaine d’oeuvres à son répertoire, le groupe a formé plusieurs générations d’interprètes. Sans concession, acte engagé, T’es Trois nous interpelle et nous invite à ouvrir les yeux sur le monde. Le spectacle propose d’explorer toutes les interactions possibles entre trois hommes : conflit, duel, résistance, illusion, deux contre un, un pour tous… Sur la musique hypnotique de Doctor L., c’est la question du vivre ensemble que pose la gestuelle break hors pair de ces danseurs.
Seuls, ensemble
conception, chorégraphie et interprétation Raphael Hillebrand et Sébastien Ramirez
musique originale Benny Bistram
vidéo Soul Trotter
Qui ne connaît pas ce sentiment de solitude, bien que l’on vive dans des centres urbains surpeuplés… ce soupçon d’une présence que l’on ne peut saisir des yeux… le désir de remonter à nos origines, de se poser la question : « Où est-ce que je vais dans la vie ? » Ce sont les quelques interrogations à la base de la conception chorégraphique de Seuls, ensemble créé et interprété par Sébastien Ramirez (Perpignan) et Raphael Hillebrand (Berlin). Après le succès de leur premier duo, The Mask, ils entament l’écriture d’une chorégraphie encore plus développée et approfondie. Des mondes parallèles, physiques ou mystiques, différentes dimensions, consciencesubconscience : sur scène, trois personnages habitent ces univers, un humain, un être animal et un personnage mi-virtuel, mi-humain. Les chorégraphes mettent en scène et en mouvement la recherche de l'autre, du soi, tout en jouant avec l'ambiguïté de la distanciation et de la fusion des images vidéo : tantôt les personnages sont ici, tantôt là, dans la vidéo, sur scène, dans le théâtre, ou quelque part dans le monde.
La dramaturgie est à la base de la scénographique, et tous les éléments – de la vidéo à la lumière, en passant par la musique – s'inscrivent dans cette vision. La thématique fait allusion au subconscient et démontre des parallèles à l'Allégorie de la caverne de Platon et la conception de la réalité. Les effets vidéo du Reverse rappellent le cinéma de Jean Cocteau, notamment dans Orphée. Les chorégraphes se sont associés à Michèle Guigon pour un accompagnement dramaturgique, un travail sur la théâtralité et le jeu d'acteur. Benjamin Bistram (Berlin) compose la musique originale, le vidéaste néerlandais Soultrotter réalise la création vidéo, conçue par Raphael. Sean Seago signe la création lumière.
La prise de parole sera non seulement celle de Raphael Hillebrand pour son personnage de l'être humain ; deux slammeurs, français – Nemir – et allemand – Jörn Hedtke, ajoutent une dimension supplémentaire au spectacle tout en restant dans l'esthétique du hip hop. A la poésie des mouvements d'un Sébastien Ramirez et la présence d'un Raphael Hillebrand, se joint la poésie verbale...
Sais-tu vraiment qui je suis ?
Ce qui me hante m'aide à vivre ou qui me nuit ?
Me connais-tu, ou plutôt : me connais-tu… vraiment ?
Sais-tu ce qui me passe par la tête en ce moment ?
Ce que j'ai vécu, ce que je vis, ce que je dis, ce que je suis,
es-tu seulement en train de l'entendre ?
Le comprends-tu, ou est-ce que tu crois le comprendre ?
Connais-tu les folies qui m'animent et contre lesquelles je lutte ?
Si c'est le cas, pourquoi me demandes-tu d'être soleil, alors que je suis lune…
Es-ce pour moi que tu fais cela ? Ou bien pour toi ? Parce ce que moi, je me sens
seul, seul, ne me demande plus jamais pourquoi !
Nemir
Wir sind die Sterne im All, jeder leuchtet für sich, erst aus der Ferne erhalten
sie dann ein neues Gesicht.
Zusammen ein Sternbild, das glitzert und funkelt;
schaut man durchs Fernglas, wirds blitzartig dunkel.
Zahllose Planeten, dazwischen Lichtjahre, Fixsterne, Kometen werden
sichtbar. Umlaufbahnen, die sich nur selten berühren.
Kommts mal zum Knall, werden Welten zerstört, bestenfalls verschmelzen
zwei Planeten, vergessen sind ihre alten Identitäten.
Doch meistens rasen sie aneinander vorbei, gefangen in einsamen Phasen,
gemeinsam allein.
Jörn
1, Place du Trocadéro 75016 Paris