Philippe Quesne orchestre un cabaret sans acteurs pour pianos esseulés, mis en musique par Pierre Desprats. Une attraction théâtrale composée d’apparitions volatiles et autres lanternes magiques, un monde-atelier accueillant toutes les projections.
Il plane sur Fantasmagoria l’ombre de Robertson, instigateur de soirées lugubres recourant à d’ingénieux dispositifs optiques : dans les années suivant la Terreur, il promettait de faire apparaître les morts ou d’invoquer des esprits ventriloques. Ces séances répondaient aux angoisses de l’époque et annonçaient les succès à venir des médiums spirites, enfers romantiques ou bonimenteurs et trucages suggestifs du premier cinéma.
Dialoguant avec ces univers fantastiques, Philippe Quesne met en scène un étrange théâtre peuplé de ses fantômes, ancêtres spectraux ou poètes voyants. La création musicale de Pierre Desprats donne vie à un cimetière de pianos mécaniques dépareillés, machines célibataires hantées par des phosphorescences musicales qui s’animent au rythme des danses macabres et fumées incantatoires. Le metteur en scène français, habitué à faire vivre des mondes possibles et minoritaires, dévoile un méta-monde mémoriel, mélancolique et théâtral, un rituel forain pour exorciser la fatalité.
Place Georges Pompidou 75004 Paris