Feu la mère de Madame / Mais n'te promène donc pas toute nue

Paris 20e
du 8 au 26 mars 2006
1h40 (entracte compris)

Feu la mère de Madame / Mais n'te promène donc pas toute nue

Deux comédies du maître du vaudeville, par la compagnie Les Batignolles de l'Aurore.
  • Les résumés

Mais n’te promène donc pas toute nue
Le salon du député Ventroux. Celui-ci reproche à sa femme de se montrer trop souvent en tenue légère devant leur fils ou devant Joseph, leur domestique. Lorsque Monsieur Hochepaix, maire de Moussillons les Indrets, adversaire politique de Ventroux, vient solliciter une faveur pour ses administrés, Clarisse apparaît encore dans la même tenue, provoquant à nouveau la fureur de son époux. La jeune femme est piquée à la croupe par une guêpe. Persuadée que son cas est grave, elle prie son mari de bien vouloir sucer la plaie. Ce dernier s’y refuse. Monsieur Hochepaix, sollicité à son tour, se dérobe également. On va donc faire appel à un médecin.

Sur ces entrefaites, on annonce la visite de Romain de Jaival, journaliste au Figaro venu interviewer Ventroux. Celui-ci passe dans la pièce voisine afin de poursuivre son entretien avec Monsieur Hochepaix et il demande au reporter de bien vouloir patienter quelques instants. Survient alors Clarisse qui, prenant Jaival pour le médecin, lui fait examiner l’endroit douloureux pour extirper l’aiguillon. Entrant à ce moment précis, Ventroux, indigné, repousse brutalement la journaliste dont il révèle l’identité à sa femme. Soudain, il aperçoit que Clemenceau, son voisin, se trouve à la fenêtre : il a assisté au spectacle et il ricane. « Ah ! je suis foutu ! Ma carrière politique est dans l’eau ! », s’exclame le parlementaire, pendant que Clarisse, avec une inconscience désarmante, adresse de petits saluts au tribun.

Feu la mère de Madame
Nous sommes maintenant dans la chambre conjugale d'un couple de moyens bourgeois. Madame dort. Monsieur rentre, déguisé en Roi Soleil, éméché, du bal des Quat'zarts. Il a perdu ses clefs, il réveille sa femme Yvonne. Scène de ménage. Madame en appelle à sa bonne, Annette, pour la prendre à témoin. Après une bonne querelle conjugale, ils se mettent enfin au lit. Et l'on frappe à la porte pour annoncer la mort de la mère de Madame. Scène tragique... Les retournements de situation se succèdent et mieux vaut patienter jusqu'au baisser de rideau pour s'assurer des événements. Une fois encore, le Ciel peut attendre !

Par la compagnie Les Batignolles de l'Aurore.

  • Note d’intention

"Qu’importe la robe ! Que regarde t’on ? L’écrin qui contient le diamant ?" George Feydeau

Vivacité, logique rigoureuse, péripéties tumultueuses et rebondissements, tels sont les ingrédients du théâtre de Feydeau. Depuis que je connais son théâtre, j’ai toujours eu une grande admiration pour cet auteur. Et comme grande admiratrice, je me suis toujours sentie impuissante face à son texte pour monter une de ses pièces. A force de lire et de relire Mais n’te promène donc pas toute nue, je suis arrivée à un accord avec moi-même et une logique simple. J’avais décidé enfin de relever le défi !

Si l’on regarde de près, Feydeau est le premier réalisateur. Lorsqu’on lit une de ses pièces, on peut penser à un scénario : il y a d’un côté la description de l’action et de l’image (soit les didascalies) et de l’autre le dialogue.

Tout est pensé. La première chose que je fais avant de commencer à diriger mes comédiens est de regarder l’équilibre du plateau par les déplacements des comédiens. Chez Feydeau, le plateau est occupé de toute part et tout le temps de façon équilibré. Le style laisse à penser que Feydeau écrivait tout jouant tous ses personnages et en concevant sa mise en scène jusqu’à l’attitude, la gestuelle et le déplacement des personnages. On ne peut donc que suivre le décor imposé et la mise en scène…de l’auteur ! Tout semble immuable… On se sent alors aigri parce que l’on se sait vite limité. Mais en même temps, je me suis dit, « mais non, Feydeau me met en scène lui-même et je n’ai qu’à suivre ses indications ». Et là, je me dit que c’est un génie parce que ses pièces deviennent atemporelles et ne risquent pas d’être dénaturées. Voilà le gage de la longévité de ses pièces : détails à foison et précision des décors font de ses pièces des photographies d’époque qui auraient intégré dialogues et attitudes. Il est alors difficile de ne pas les respecter sans dénaturer la nature même de ses œuvres.

Au niveau des comédiens, Feydeau est un excellent exercice. Le rythme rapide oblige le comédien à articuler et donc à respirer. Même s’il se crée de lui même par des répliques courtes, directes, cinglantes, il complète l’action et la situation. Le plus difficile étant de communier l’action ou le mouvement avec la parole pour faire naître le rire, l’élément essentiel sur lequel les spectateurs nous attendent...Les personnages cocasses forcent le comédien à se mettre à l’aise avec son corps, à gesticuler naturellement, à trouver une démarche et une attitude appropriées. Et les personnages sont si loufoques, qu’il faut les travailler, essayer d’écrire leur vie et leur futur pour tenter de les comprendre. Je pense que jouer Feydeau sera le gage d’une aisance dans d’autres répertoires.

Je pense et redis que Feydeau est l’initiateur des techniques, d’invention et de création. Il est l’antithèse de l’art dramatique ; il est plus proche de l’art cinématographique et de l’art du théâtre dans son ensemble. De la rédaction à la conception pour finir par la réalisation.

Jouer Feydeau est aussi une revendication face à l’attitude de quelques metteurs en scène qui dénigrent le travail de l’homme. Car pour ces gens là, Feydeau manque de noblesse et par exemple von Mayenburg leur est préférable. Non pour le texte mais bien pour eux-mêmes, comme le témoignage d’une masturbation intellectuelle destinée à faire valoir la fierté du metteur en scène qui préférera jouer devant cinq personnes en croyant conserver sa dignité plutôt qu’en se rabaissant à du Feydeau ! Je ne crois pas m’avancer de trop en prétendant qu’ils n’ont rien compris au théâtre, à l’essence même du théâtre. Car savoir faire rire est une noble tache. Le mépris de l’intelligentsia théâtrale (que l’on retrouvera au travers de quelques journalistes ou critiques, pour ne citer qu’eux) n’a de cesse qu’au regard des drames et tragédies. Le vaudeville est alors décrié, malmené, méprisé. Il est secondaire et prosaïque, ne fait aucunement appel à l’intelligence et au raisonnement. Pourtant, force est de constater que le public l’aime.

Le public n’est pas familier de la lecture d’un Feydeau, au même titre que l’on ne lit pas un scénario ou un script. On le met en scène pour permettre au spectateur de se le représenter. Lorsqu’on va voir Feydeau, les personnages nous sont familiers : le comique de Feydeau n'exclut pas une certaine vérité dans laquelle la bourgeoisie de la fin du siècle et le monde interlope parisien se reconnaissent et retrouvent leurs fantasmes et désirs inassouvis. Si la morale est presque toujours sauve, elle le doit visiblement à la seule convention théâtrale. En véritable observateur de cette société "fin de siècle", Georges Feydeau porte à son aboutissement le genre du vaudeville dans lequel s'est illustré son prédécesseur Eugène Labiche. Entre farce et comédie, les pièces de Feydeau sont un perpétuel jaillissement de situations cocasses. Ses personnages "irréels" sont toutefois rigoureusement fidèles aux modèles de l'époque. Embarqués dans une implacable logique, leurs aventures loufoques deviennent plausibles. Ici, l’idée est de donner au spectateur l’impression de regarder par le trou de la serrure chez le couple Ventroux, qu’il soit pris au jeu, et que rapidement il s’imagine que de l'autre côté de la fenêtre il y a bien Clemenceau avant qu'il ne devienne père de la patrie, comme s’il n'y avait pas de scène. Le même ressenti doit être crée chez Yvonne et Lucien, qui se disputent comme n’importe quel couple.

Je suis heureuse aujourd’hui de monter cette pièce parce que j’ai enfin réussi à trouver une symbiose entre l’auteur et ce que je veux montrer aux spectateurs. Même si monter une pièce trop connue peut se révéler catastrophique, si le jeu ne suit pas. C’est pourquoi il faut monter Feydeau le plus sérieusement possible et comme disait Jean Poiret : « Ce que nous faisons, n’est pas sérieux… mais il faut le faire sérieusement ».

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Sélection d’avis du public

Feu la mère de Madame / Mais n'te promène donc pas toute nue Le 9 mars 2006 à 13h24

J'ai eu grand plaisir à redécouvrir ces deux pièces assez opposées de Feydeau. L'une,toute en retenue/explosion (Feu la Mère de Madame), l'autre sur un registre essentiellement comique. La troupe est excellente, la mise en scène d'une rigueur et d'une justesse indispensable pour garder l'équilibre de ce théatre d'affrontement; on ne s'ennuie pas une seconde, et bien que cela soit censé se passer il y a un siècle, les propos restent très modernes.

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Feu la mère de Madame / Mais n'te promène donc pas toute nue Le 9 mars 2006 à 13h24

J'ai eu grand plaisir à redécouvrir ces deux pièces assez opposées de Feydeau. L'une,toute en retenue/explosion (Feu la Mère de Madame), l'autre sur un registre essentiellement comique. La troupe est excellente, la mise en scène d'une rigueur et d'une justesse indispensable pour garder l'équilibre de ce théatre d'affrontement; on ne s'ennuie pas une seconde, et bien que cela soit censé se passer il y a un siècle, les propos restent très modernes.

Informations pratiques

Enfants Terribles

157, rue Pelleport 75020 Paris

  • Métro : Télégraphe à 211 m, Place des Fêtes à 379 m
  • Bus : Pelleport - Belleville à 122 m, Ménilmontant - Pelleport à 399 m
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Plan d’accès

Enfants Terribles
157, rue Pelleport 75020 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 26 mars 2006

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