Molière faisait dire à Scapin : « Je hais ces cœurs pusillanimes qui pour trop prévoir la suite des choses n’osent rien entreprendre. »
Il est de ces moments dans la vie où il faut laisser « notre folie douce » nous prendre par la main pour nous montrer le chemin de nos rêves. Quand ce rêve s’appelle Feydeau, le producteur et le comédien que je suis se dit « Voilà un vrai pari ! », « un pari si audacieux que je ne pouvait faire autrement que de m’y soumettre, le servir et le tenir jusqu’au bout ! ». Il ne me restait plus qu’à convaincre des partenaires enthousiastes et fidèles que ce rêve pouvait devenir réalité, c’est maintenant chose faite : Place donc au théâtre.
Marcel Ebbo, producteur
4 heures du matin…Yvonne dort. Lucien, son bambocheur de mari rentre sur la pointe des pieds du bal des Quat’zarts, déguisé en Roi Soleil. Malheureusement pour lui, il a oublié ses clés. Contraint de réveiller son épouse pour se faire ouvrir la porte du domicile conjugal, celle-ci l’accable de reproches.
Au beau milieu de leur querelle, la sonnette retentit. C’est Joseph, le domestique de la mère d’Yvonne qui vient annoncer une bien pénible nouvelle : la mère de Madame ne va pas bien… Et même… elle est morte.
Enfin c’est ce que l’on croit jusqu’à ce que les explications de Joseph nous révèlent son erreur : il s’est trompé de porte ! Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes et la dispute peut reprendre pour le meilleur et...
Tout dans le théâtre de Feydeau est au service de la situation comique : les personnages, les dialogues ainsi que la scénographie précise à laquelle Georges Feydeau pense dès l’écriture de ses pièces dont il assurait lui-même les mises en scènes. En effet, ce qui nous fait surtout hurler de rire, ce sont les situations délirantes que Georges Feydeau invente et dans lesquelles il précipite ses personnages.
L’autre caractéristique des pièces de Feydeau est qu’elles sont à la fois musicales et visuelles.
Musicales d’une part car les répliques et les actions qui se succèdent doivent se plier aux exigences d’un rythme précis. (Georges Feydeau indique par exemple : compter 5 secondes après le lever de rideau avant le premier coup de sonnette. Puis compter encore 10 secondes avant le deuxième.) Visuelles d’autre part car le jeu physique des comédiens nous fait parvenir la pensée de l’auteur au même titre et avec autant de force que les répliques de la pièce.
Enfin il n’y a aucune psychologie dans les personnages de Feydeau. Absolument aucune ! En revanche, tous ces personnages ont un caractère très dessiné, très précis qui les fait réagir avec une logique qui leur est propre dans les situations au départ ordinaire et que l’auteur prend plaisir à distordre jusqu’au bord de la rupture, pour en faire des situations extrêmes dont les personnages ne pourront se sauver que grâce à une mauvaise fois qui va jusqu’à nier la réalité la plus évidente.
Notre ambition est donc de jouer pour votre plus grand plaisir Feu la mère de Madame dans toute sa richesse et sa drôlerie afin que ce soit toujours entre le public et Feydeau pour le meilleur et pour le rire.
Carle Empereur
38, boulevard de Bonne Nouvelle 75010 Paris