Le Gagok est une musique vocale traditionnelle coréenne, dont les paroles sont des odes, généralement accompagnée d’un petit ensemble instrumental. Très en vogue au XVIIIe siècle, le Gagok est resté une forme populaire, célébrée surtout pour sa beauté formelle. Avec le projet No Longer Gagok, 박 박parkpark cherche à en approfondir et à en renouveler la perception et la résonance.
Dans ce volet, il s’agit d’offrir à chaque spectateur, individuellement, une plongée dans l’univers sensoriel et la poésie du Gagok. Un spectateur unique est donc convié à une promenade spatiale qui mène d’un interprète à un autre — cinq étapes dans cinq pièces, comme le titre l’indique, encadrées par deux haltes, l’une qui ouvre, l’une qui clôture. Ces différentes « stations » invitent chacun à expérimenter plusieurs rapports à la voix et au corps des interprètes, tandis que le chant, poreux, semble se répandre partout, de façon plus ou moins diffuse, comme dans un appartement mal insonorisé. Le spectateur est ainsi incité à s’imprégner de la présence spatiale et sonore des interprètes, selon différentes modalités — l’un psalmodie face à un mur, une autre chante derrière l’auditeur…
La chorégraphe affirme que « la beauté du Gagok est quelque chose que l’on découvre uniquement en le regardant de près et en profondeur ». Et c’est bien ce que No Longer Gagok : Room 5↻ propose : un voyage en territoire inconnu, dans lequel se dessine pourtant quelque chose de familier, comme une chanson murmurée à l’oreille depuis des temps anciens, convoquant un monde peuplé de fantômes qui attendent la visite de quelqu’un.
Pièce pour 6 interprètes, durée 30 minutes (première en France)
Conception, direction : PARK Minhee
Interprétation : AHN Yi Ho (Pansori), KIM Hee Young (Gagok), JEONG Eonjin (performance), LEE Kipum (Gagok), PARK Minhee (Gagok), YUN Jaewon (performance)
Mise en scène : KIM Sangyeob
Composition musicale (chanson de la pièce n°3) : AHN Yiho, PARK Minhee
Plongée le plus souvent dans la pénombre ou dans une lumière fantomatique, No Longer Gagok : Four Nights est la première pièce du projet No Longer Gagok avec lequel 박 박parkpark cherche à approfondir et renouveler la perception et la résonance du Gagok, ce genre de musique vocale traditionnelle coréenne accompagnée d’une petite formation orchestrale.
Partant du principe que le Gagok est poésie et que celle-ci requiert de faire le vide pour être appréciée — vide de l’espace, vide temporel, vide de l’esprit — la pièce livre des fragments, des tableaux parcellaires que le spectateur doit combler, en projetant ses propres sensations.
No Longer Gakok : Four Nights offre ainsi quatre tableaux successifs, empreints de solennité, dans lesquels chaque fois subsistent des manques et des blancs. Dans ces quatre tableaux, les corps apparaissent et disparaissent, tronqués ou entiers. Le chant, avec ses longues notes tenues et délicates, s’arrête et reprend, comme la musique. La pièce se construit ainsi autour de l’idée d’un rêve de quatre nuits où l’anxiété et la beauté cohabitent.
Le Gagok apparaît dès lors comme une forme ancienne dont les accords résonnent encore, mêlant les temps, imprégnant l’espace, comme autant de présences, de visions et d’hallucinations ouvrant les portes vers un monde mélancolique et mystérieux où passé et présent se fondent.
Pièce pour 5 interprètes, durée 50 minutes (première en France)
Conception, direction, scénographie, musique : PARK Minhee
Interprétation : KIM Heeyeong, PARK Minhee, LEE Kipum, LEE Jeun, JEONG Eonjin
Chorégraphié avec : LEE Jeun, JEONG Eonjin
Création costumes : YUN Jaewon
Mise en scène : KIM Sangyeob
Scénographie : PARK Kiljong
Dans la tradition bouddhiste, le gullip était un moyen de collecter des fonds pour les services religieux. Un homme, le gosayeombul, se présentait aux maisons et récitait des prières et des textes bouddhistes — plus proches du chamanisme que des enseignements de Bouddha. Très ancré dans la culture coréenne, ce rituel tend à s’éteindre aujourd’hui. D’un autre côté, le seonsorisantaryeong, considéré aujourd’hui comme un trésor culturel, consistait pour les religieux à demander de l’argent en échange de chansons et de danse.
Gullip Project joue donc avec ces figures de la tradition, en les déplaçant sur une autre scène. Ici, dans un éclairage de boîte de nuit ou de karaoké, avec ses tâches de couleurs qui bougent sur les murs, deux interprètes se font face. D’abord noyés dans la pénombre ils se succèdent tour à tour dans un long chant, parfois a cappella, parfois accompagnés de la musique du compositeur JANG Young Gyu, notamment connu pour avoir écrit la bande-son des films Sympathy for Mr Vengeance, A Bittersweet Life ou The War of Flowers.
LEE Hee Moon a tous les attributs de la modernité (baskets, lunettes noires et casquette), Monk Jung Kak celui de la tradition (grande robe blanche, étole rouge, collier qu’il égrène tel un chapelet). Pourtant les deux se répondent et finissent par se rejoindre.
Par la circulation des signes attachés au sacré et au profane, au passé et au présent (lumières, musique, costumes, accessoires tel un éventail) et par la circulation du chant entre les deux interprètes, Gullip Project inscrit la tradition dans un mouvement temporel, dans une histoire qui à la fois la considère et la relativise.
Concert pour 2 chanteurs et 1 musicien, durée 45 minutes (première en France)
Mise en scène, composition musicale, musique live : JANG Young Gyu
Chant : LEE Hee Moon, Monk Jeong Kak
9 rue François Debergue 93100 Montreuil