George Dandin raconte l’histoire d’un homme qui se voulait autre. Riche paysan, il pensait gravir l’échelon social en épousant Angélique de Sottenville, fille de gentilhomme dont les finances battaient de l’aile. Mariage arrangé au bénéfice de l’aristocratie déclinante, Dandin, pauvre bougre victime de ses espérances et de ses illusions, sera bafoué mille fois. Angélique est volage, la tête dans les étoiles mais les pieds sur terre, ses parents d’aristocrates, avides de monnaie sonnante.
La comédie est grinçante, la mise en scène d’Alain Gautré accentue le propos. L’esthétique n’est pas son problème, George Dandin est une vilaine farce d’où les personnages ne sortent pas grandis. Au lieu de tenter de s’élever dans la « haute » considérée comme un but à atteindre, un idéal de vie, Dandin n’avait qu’à rester à sa place de paysan parvenu.
« Alors on rira à Dandin, on rira de la galerie des monstres qui s’agitent autour de lui, comme des nocturnes de Goya. »
Par la compagnie Tutti Troppo.
Avec George Dandin, Alain Gautré démontre au travers du jeu clownesque à quel point Molière a un sens aussi aigu de l’écriture que des techniques de la comédie.
Il propose la mise en scène millimétrée d’une comédie qui se revêt des habits de la farce, une comédie si noire que tous les artifices du clown se mettront au service d’une mécanique aussi implacable qu’hilarante.
George Dandin est la tragédie d’un bonheur que l’on ne peut acquérir. Dans son aspiration à s’élever, Dandin est moderne dans le sens où il est victime de ses propres choix. Les personnages de son entourage ne lui pardonneront pas son statut de paysan ni ses velléités d’honorabilité. Ils les lui feront payer férocement.
Dans le jeu de la farce, se trouve la philosophie d’un art populaire qui ne dissocie pas la tragédie du rire. Le jeu clownesque renforce le drame et si le rire est au rendez-vous, la cruauté le sera aussi…
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