Dans l'appartement vide de son amour, Raphaëlle se retrouve seule face à la mort de sa compagne Myriam. À partir de 14 ans.
À partir de 14 ans.
Dans l’appartement vide de son amour, Raphaëlle se retrouve seule face à la mort de sa compagne Myriam. Emmurée dans son silence, la jeune femme remarque la présence d’une grenouille dans la pièce. Commence alors un long et doux moment de consolation entre elle et l’animal qui se fait réceptacle de sa douleur. Au contact de cette créature aux pouvoirs étonnants, Raphaëlle entre en connexion avec ces « êtres en attente de qualification », fantômes et souvenirs qui se mettent à envahir son quotidien.
Après avoir éprouvé le deuil de plusieurs manières, j'ai relevé une vraie faille dans la gestiondes émotions qui l'accompagnent. Parler d'un mort, c'est sentir le malaise des autres, c'estouvrir les vannes d'un des plus grands tabous de notre siècle qui se galvanise d'hyperactivité, desurabondance et de la croyance en l'immortalité. Ainsi, nous ne savons plus perdre, et nouscherchons à dissiper la tristesse par tous les moyens. Raphaëlle, ne cherche rien. Personnage en proie au vide, hors de contrôle, elle ne parvient même plus à nommer leschoses. Le veut-elle encore ? Plongés dans ses pensées, nous parcourons les courbes de samémoire fragmentaire et désorganisée qui ne se laisse pas dompter par la raison. Jusqu’à l’arrivée d’une grenouille, qui va lui permettre de retrouver le chemin du souvenir et de l’événement traumatique. C’est bien ici l’histoire d’un processus qui ne consiste pas à faire son deuil mais plutôt apprendre à vivre avec l'absence.
Le fait de côtoyer la mort donne accès à une nouvelle identité. Confronté au réel, nous pouvonsêtre saisis d’une sensation intense d’authenticité. Comme si la mort nous permettait de voirplus clairement ce qui nous entoure et ce que nous sommes. Peu à peu, Raphaëlle fait corps avec Myriam, qu'elle ne cesse d'imiter comme pour mieux se souvenir. Myriam, est une jeune artiste fêtarde, militante qui est dotée d'une grande capacité d'empathie et d'analyse. Même à travers la mort, son souvenir envoie des pulsions de vie à Raphaëlle, la guidant peu à peu vers un grand soulèvement, celui de la révolte et de la célébration de la douleur. Grâce à ses réminiscences et à la présence de la grenouille, Raphaëlle se transforme, et découvre une nouvelle façon d’être au monde. Plus rebelle, plus fantasmagorique, plus assumée, elle affronte l’injustice qui l’encercle.
Raphaëlle, à l’image d'Antigone, devient une vraie figure de lutte et de désobéissance face à la morale imposée par le deuil. Elle ne peut pas pleurer. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce personnage cartésien ressent la présence des morts. Véritable communication ou puissance de l’imaginaire ? Le trouble s’installe. Raphaëlle est un personnage en marge, traversée par les voix qu’elle invoque, à l'affût des signes de l’au-delà, elle se tourne vers lajustice pour rendre hommage à Myriam. C’est aussi un personnage en proie au désespoir amoureux, à la solitude, aux doutes face à ses propres croyances et valeurs. Pour elle, le tragique flirte avec la célébration, l’ironie, la fête et la rage de vivre. Son corps est sans cesse en mouvement, tout comme les émotions qui la traversent et la poussent à renverser le monde qui l’entoure. À travers Raphaëlle, il s'agit de donner à voir et à entendre l'énergie d'un monde post-mortem fantasmé qui échappe à la lassitude et à la tristesse pour faire résonner la liberté.
musique trop forte couvrant parfois la voix de la comédienne trop d'interruptions dans le monologue une bonne histoire
Pour 1 Notes
musique trop forte couvrant parfois la voix de la comédienne trop d'interruptions dans le monologue une bonne histoire
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris