Pour Paris l'été, sur la scène extérieure du lycée Jacques Decour.
Ce sont des silhouettes qui passent et repassent, glissent et s'écoulent comme des grains de sable. Un épanchement de corps striant la scène de gauche à droite, semblables aux lettres défilant sur les pages d'un livre. Parti de l'image d'une « pluie horizontale », Guilherme Botelho a dessiné à l'intérieur de ce flux continu des oscillations, des successions d'intensité, des variations de formes : une composition chorégraphique millimétrée qui se déploie dans les interstices, les modifications de rythme de cette vague déferlant au sol. Passant par la marche, la reptation, le glissement, le roulement, les danseurs déplient tous les états de la traversée, dans un mouvement tour à tour fluide, saccadé, rapide ou d'une extrême lenteur. Parfois, quelques attitudes dissociées s'extraient de la masse : un corps tombe ou s'arrête, marque une pause, inscrit une figure avant d'être repris par le flot.
On peut regarder Sideways rain comme un paysage contemplatif d'où émergent des signes, des reliefs, des courants et des contre-courants. On peut également voir dans cette migration irrésistible une allégorie du destin, une métaphore de la lutte entre l'individu et la structure qui l'enserre – ses tentatives pour s'extraire, échapper au déferlement. Au fil de la pièce, des images se superposent, à la manière d'un kaléidoscope jetant le trouble dans la perception. Des temporalités hétérogènes s'installent dans l'espace et les corps – comme plusieurs bandes de film défilant simultanément. Au cœur du tourbillon, des rencontres peuvent advenir, moments de contact qui suspendent le cours des choses : pendant un bref instant, les corps quittent leur état d'abstractions pour redevenir des êtres de chair, exprimant la solitude ou l'absence. Mais l'immobilité est toujours éphémère, l'énergie impérieuse du groupe reprend le dessus. Dans un mouvement de plus en plus rapide, les interprètes atteignent un état de pur défilement, rejoignant la trame du temps – comètes trainant derrière elles les fils matérialisant leur passage.
Gilles Amalvi
« Hypnotique. Saisissant. Opressant. Fascinant. » Le Temps
« Un spectacle de danse époustouflant. » Gilles Renault, Libération
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