Bouchra Ouizguen, accompagnée par trois anciennes chanteuses de cabaret, offre un moment de spectacle inhabituel. Les interprètes incarnent des états extrêmes de l’âme, leurs corps racontent la part en nous de folie douce, « cette richesse de la raison reléguée aux marges de notre société » selon la chorégraphe. Les artistes psalmodient, tremblent, dansent de manière incantatoire, claquent des mains et des pieds, reniflent, se balancent. La transe n’est pas loin. La plénitude non plus. Bouchra Ouizguen a composé une forme libre enracinée dans sa région, en s’inspirant de pratiques ancestrales du Sud marocain. Loin d’un quelconque exotisme, ces femmes donnent à voir des êtres sacrément vivants, émancipés des codes.
Après les représentations, les chanteuses Fatéma El Hanna, Kabboura Aït Ben Hmad et Naïma Sahmoud, prendront le micro pour donner un concert exceptionnel de Chaâbi, musique traditionnelle principalement interprétée par les Aïtas lors de fêtes populaires telles que les mariages.
Ha ! est présenté en échos avec le spectacle Madame Plaza de Bouchra Ouizguen. Ni danse, ni performances, ni rituels, ces deux spectacles sont à une frontière. À l’image de l’artiste, qui a un pied dans la culture berbère et un dans la culture arabe. Ce sont d’intenses moments de vie.
63, rue Victor Hugo 93100 Montreuil