Avons-nous raison de chercher le bonheur ? Question oiseuse : si nous ne le cherchons pas, c’est lui qui nous « cherche ». On peut même dire que depuis Freud, la libération sexuelle, Mai 68 et les Droits de l’Homme, c’est devenu une obligation.
Certains le cherchent dans l’ambition, dans l’argent, le pouvoir, la célébrité (quelquefois tout cela ensemble… suivez mon regard… ou plutôt ne le suivez pas !). Certains dans l’excitation des conflits (eh ! oui ! la guerre aussi a ses drogués). Quelques esprits subtils dans la méditation transcendantale ou la création artistique. Certains dans le mille-feuille au chocolat et d’autres dans le riz complet bio.
Nous, les femmes, avons une fâcheuse tendance à le chercher essentiellement dans l’amour ! L’amour qui se charge de nous empoisonner l’existence quand il est là, de nous manquer quand il n’y est pas, ou plus.
Car n’oublions surtout pas que l’orgasme est passé du droit au devoir. Honte aux compromis et aux accommodements ! Comme le rappelle si justement Pascal Bruckner dans L’Euphorie perpétuelle, il y a maintenant devoir d’accéder à ce qui est devenu un droit : le Bonheur !
Or, si « les moeurs ont changé », pas les atermoiements du désir.
Comment faire durer l’amour ?
Le désir s’accommode-t-il de la mélancolie ?
Une situation triangulaire peut-elle tourner rond ?
Est-ce qu’on tourne rond avec quelqu'un qui n’est pas pointu ? (pour les intellectuelles)
Un enfant peut-il faire autre chose que manquer ?
En tous cas, comme disait Albert Willemetz, puisque, de toute façon, nous aurons toujours tout faux : « N’essayez pas de noyer vos chagrins : ils savent nager. » Et encore : « En amour, il n’y a que le premier faux-pas qui coûte. »
Alors, ramer pour ramer, au lieu de noyer le poisson, nageons avec lui. Et pourquoi pas chanter ?
Hélène Delavault
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris