Présentation
Extraits de presse
« Ces quatre solos ont été créés entre 1989 et 1998 sans que je songe un seul instant à les présenter ensemble.
Les solos pour Nijinski et Joséphine sont des commandes et je n'aurais jamais crée ces pièces de ma propre initiative. Le solo pour Harry est venu de la nécessité absolue d'un remerciement, d'un deuil, sous forme d'hommage public. Le solo pour Valeska trottait dans ma tête depuis ma "rencontre" avec elle il y a plus de dix ans.
C'est seulement quand j'ai travaillé sur Valeska que m'est venue l'idée d'interpréter ces quatre solos ensemble. En les présentant réunis pour la première fois à Vienne en 1998, j'ai immédiatement senti les correspondances et les résonances de l'un à l'autre, accompagné de la sensation d'avoir bouclé une boucle et de l'évidence d'un tout. »
Mark Tompkins
« Hommages est une soirée composée de quatre solos de Mark Tompkins, créés entre 1989 et 1998, chacun en « hommage » à un grand artiste de la scène. Chaque pièce se présente à la fois comme un regard posé sur la « star » qui l'inspire, et comme diverses facettes du personnage Mark Tompkins.
A travers ces quatre courtes pièces, comme dans la plupart de ses danses, Tompkins pose la question du travestissement non au premier degré, mais comme un processus constant au travail chez chacun : où commence
moi-même, où « je » se mêle à l'autre. Aussi la question de « la danse » y est elle secondaire; images, paroles, chants, gestes s'y rejoignent, à la recherche de ces moments transitoires où être sur scène, pour les personnages évoqués comme pour Tompkins, ne consiste plus à produire des clichés, mais à les utiliser pour que la vie s'y glisse, parfois non sans danger.
Dans l'ordre de la soirée, le premier solo « La Valse de Vaslav », créé en 1989, est un hommage à Vaslav Nijinski. Héros des Ballets Russes de Diaghilev. Tour à tour considéré comme « le plus grand danseur du siècle », le « premier chorégraphe moderne », Nijinski a laissé sur le XXème siècle l'empreinte d'une figure géniale et éphémère, tragiquement abîmée dans la folie. Tompkins s'appuie sur quelques uns des personnages qui ont entouré Nijinski (dans sa vie réelle comme dans sa vie artistique) en premier lieu Diaghilev, et sur quelques moments, quelques images, pour évoquer son Nijinski à lui personnage défaillant, à la dérive entre plusieurs mondes, qui se glisse dans l'ombre d'une star d'une autre époque, le chanteur Prince.
Valeska Gert fut une « danseuse grotesque » de l'Allemagne des années vingt. Juive révolutionnaire côtoyant les plus grands artistes des
avant-gardes de l'époque (Brecht, Eisenstein, Pabst), résistante furieuse à tous les embrigadements,
fussent-ils artistiques, Gert est, plus que d'autres danseuses de son époque, tombée dans un oubli qui montre à quel point son art était dérangeant. «
Icons » (1998) est le second solo de la soirée. Il porte la marque de ce qui nous reste de Gert : des images suffocantes, gros plans photographiques d'un visage rond soumis aux plus impossibles transformations, quelques secondes de danse sauvées d'un film d'époque. Surtout, il explore les limites de ce qui est possible, sur scène : jusqu'où
peut-on, doit-on aller pour que le « grotesque » vienne vraiment décomposer les convenances scéniques, jusqu'à quel point un corps grotesque
peut-il être montré, sur scène, et comment le public peut-il le rencontrer.
Joséphine Baker est la troisième « bête de scène », évoquée dans « Under my Skin » (1996). Danseuse de revue, puis chanteuse, noire américaine devenue une légende des scènes parisiennes dans les années vingt, mascotte des artistes parisiens les plus huppés (Fernand Léger, Jean Cocteau, Picasso), Baker est souvent considérée comme une
demi-artiste, ne faisant pas partie des cercles de l'art savant. Pourtant, derrière les cascades de plumes et de paillettes habituellement associées à son image, quelle était la femme qui tenait impérieusement son public, jouant subtilement des clichés ? Et qui était celle qui a survécu à travers tout le siècle aux « feux de la rampe » ?
Le dernier solo, « Witness » (1992), est un geste d'adieu à un ami disparu, le danseur Harry W. Sheppard. Composé pour n'être dansé que deux fois, comme une lettre intime plus que comme un spectacle, c'est en le dansant que Tompkins a découvert qu'il touchait à l'expérience de nombre de spectateurs, très
au-delà du deuil de son ami, et qu'il a décidé de continuer à le danser. »
Isabelle Ginot (critique de danse contemporaine)
La valse de Vaslav Hommage à Nijinski (1989)
"...Mark Tompkins, ouvrant le feu, a tenté de mettre à nu la personnalité de Vaslav, par la voie d'une fantaisie où entre autant d'incongruité que de poésie..."
Andrée Penot, La Croix, le 17/06/1989
" Se débrouillant sans décor, en glissant brusquement de l'image grave d'un aliéné souffrant à un strip ironique sur la musique de Prince, l'américain Mark Tompkins mit quelques messieurs d'un certain âge en fuite, mais recueillit sinon d'intenses applaudissements." Hansjörg Spies, Haleine Zeitung Graz, le 25/08/1989
" Vaslav Nijinski. le danseur parmi les danseurs, le novateur de la chorégraphie, l'homme mystérieux, a inspiré à Mark Tompkins quelque chose de naturellement drôle et anecdotique." Ursula Kneiss, Tanz Affiche, Octobre 1989
" ...What links the legendary dancer Vaslav Nijinski to the pop-icon Prince? Tompkins
- rather an actor than a dancer - deals with this question during his solo... With talent, the introverted Tompkins plays with the cliché-movements of these two lonely "enfants terribles"..."
Michael-Georg Müller, Neue Rhein Zeitung, le 1 "4/1993
Icons Hommage à Valeska Gert (1998)
"C'est un catcheur affublé de petites cornes lumineuses qui s'installe en scène, mélangeant distance, humour, effronterie. A la fin du solo, un tribun romain, dans sa toge habillé, finit de nous étonner. on suit d'image en image une progression poétique, fine, où les gestes précis restent dans un
entre-deux : issus du quotidien mais comme déplacés ou tordus, ce qui leur confère alors un large pouvoir d'évocation. Tompkins se murmure à l'oreille des impressions, construit sur son long corps ce discours intime. Et la part mystérieuse inhérente à cette construction est enthousiasmante, enjouée. "
Martin C., Les Saisons de la Danse, Juillet 1998
Under my skin Hommage à Joséphine Baker (1996)
" En créant son solo en hommage à Joséphine Baker, Mark Tompkins s'est tout entier immergé, sans retenue ni pudeur, dans son intuition de ce qu'ont pu être les différentes facettes de cette artiste sensuelle et provocante, qu'il était probablement difficile de voir tellement elle s'était montrée, et dont il nous reste les clichés mythiques de la femme à la ceinture de bananes des FoliesBergères.
Un spectacle détonnant, à l'image de son inspiratrice, généreux, audacieux, sulfureux et débordant d'une exceptionnelle joie de vivre. Comme Joséphine, Tompkins ose plumes et paillettes ; il danse, soupire, s'alanguit et chante, sur des arrangements de Bigot, d'incroyables mélopées d'amour qui relèveraient sans conteste le niveau du Top 50.
Mais derrière le pied de nez adressé à coups de spots et de strass à quelques conventions artistiques en vigueur, ainsi peutêtre qu'à l'esthétisme sérieux d'une certaine danse contemporaine, la succession de scènes à thème, dans, une construction en delirium crescendo, donne à lire en filigrane un dialogue à corps perdu, sorte de confrontation peau contre peau, avec cet alter ego fascinant que propose le personnage de l'Etoile. Avec un humour non dépourvu de courage, Tompkins se livre jusqu'aux confins de l'expérience, la laissant pénétrer "under my skin", mais se glissant lui aussi avec délice (ce que le titre n'avoue pas) sous la sienne, dans cette chair lumineuse et pantelante de femme, tour à tour citadelle hiératique ou plaine ouverte."
Caroline Mendoza, Les Saisons de la Danse, Juin 1996
Witness Hommage à Harry Sheppard (1992)
"A Mark Tompkins la palme de la soirée pour Witness, un solo dédié au danseur et chorégraphe américain Harry Sheppard, mort l'an dernier. En short et godillots, la tête couverte d'un collant noir dont il manipule les jambes comme des élastiques, Tompkins commence dans un registre désopilant
- zapateados variés, tandis que les bras boxent, chassent les moustiques, ou parodient le Lac des Cygnes. Pour soudain, cagoule ôtée, perché sur une patte comme un héron, nous serrer le coeur par le pudique récit de son amitié avec le disparu : " Nous avions signé un pacte, mais nous ne l'avons pas respecté... Il ne m'a pas attendu." Suit une danse d'abord ralentie, pensive, où va revenir, juste un peu déglinguée, l'énergie de la vie et de l'espoir. Magnifique. »
Sylvie de Nussac, Le Monde, le 11-12 avril 1993
"Mark Tompkins from Paris electrified the audience with "Witness", his homage to Harry W. Sheppard, a deceased friend and dancer...Rage in the face of death. Mouming for a lost friend... Sacred. Tearjerking. Enthusiastically received." Gisela Sonnenburg, Neues Deutschland, 23/08/1994
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