En langue italienne.
Mozart mettait au-dessus de toutes ses oeuvres l’Idomeneo de ses 25 ans, opéra poussé et porté par la plus furieuse mais salubre tempête. Limites, ou frontières, de la condition humaine : les hommes ne doivent pas essayer d’égaler les dieux. Imprudemment, le roi de Crète s’arroge le droit divin de vie ou de mort. Il devra l’exercer sur son propre fils, châtiment envoyé par le juste ciel. À partir de ce lucide constat sur la petitesse de nos droits et sur l’immensité de nos devoirs, Mozart fait le triomphe de l’humain.
C’est quand l’homme reconnaît et accepte sa faiblesse face au dieu, ou au destin, et ne peut accomplir le sacrifice demandé, que son humanité se fait égale à la divinité. C’est d’ailleurs quand l’amour, cette faiblesse humaine, a triomphé des coeurs d’Idamante, d’Ilia et d’Idoménée, tous prêts à donner leurs vies, que le dieu vengeur redevient dieu d’amour. La tempête s’éloigne, précipitant la furieuse Electre dans ses profondeurs, et fait place à l’azur serein.
Rejoignant l’avis du compositeur, Stendhal mettait Idomeneo au sommet de sa production, avec Don Giovanni et La Clemenza di Tito, et y voyait l’expression suprême de la tendresse mozartienne.
Dramma per musica en trois actes (1781)
Livret de Giambattista Varesco d’après Idoménée d'Antoine Danchet
Direction musicale Emmanuelle Haïm
Mise en scène Luc Bondy
Décors Erich Wonder
Costumes Rudy Sabounghi
Lumières Dominique Bruguière
Dramaturgie Geoffrey Layton
Chorégraphie Arco Renz
Chef des Choeurs Alessandro Di Stefano
Par Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris.
Idomeneo est une commande du Prince Electeur Karl-Theodor de Bavière pour le carnaval de Munich, carnaval pour lequel Mozart avait composé, cinq ans plus tôt, La Finta Giardiniera. L'abbé Giambattista Varesco, chapelain de cour du Prince Archevêque de Salzbourg, écrit le livret d'après un sujet que Danchet avait déjà exploité, en 1712, pour l'opéra homonyme de Campra.
La distribution est imposée au compositeur, qui adapte sa partition aux capacités vocales des chanteurs. Le rôle d'Idamante est tenu par un castrat, Vincenzo del Prato, que Mozart n'apprécie guère. A tel point que, lors d'une reprise de l'œuvre à Vienne, la même année, il confie ce rôle à un ténor. De nos jours, Idamante est interprété soit par un ténor, soit par un mezzo-soprano.
Idomeneo est considéré comme le premier des opéras de la maturité de Mozart. Bien qu'appartenant à un genre en déclin (l'opera seria), qui obligeait à de rigoureuses contraintes formelles (succession d'airs reliés par des récitatifs), il magnifie l'orchestre et le chœur, en s'inspirant du modèle de la tragédie lyrique française réformée par Gluck. C'est aussi une œuvre dans laquelle Mozart a mis beaucoup de lui-même : l'affrontement entre le père et le fils dans le livret ne pouvait que lui rappeler celui qu'il vivait avec son propre père, d'une part, et avec Colloredo, l'Archevêque de Salzbourg, de l'autre.
Place de l'Opéra 75009 Paris
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