Après Anna Politkovskaïa, non rééducable, monologue unanimement salué par le public et la presse en 2011, Mireille Perrier revient à la Maison des métallos pour y créer une pièce pour quatre acteurs d’après La Haine de l’Occident de Jean Ziegler.
Ancien commissaire à l’alimentation au sein de l’Organisation des Nations unies, le sociologue Jean Ziegler met dans son action auprès des populations du Sud, comme dans ses livres adressés aux publics occidentaux, sa connaissance du terrain et des institutions internationales au service du combat pour la dignité des hommes et des femmes sacrifiée par l’ordre financier et militaire mondial.
Ici, sur scène, on est en 1994. Les acteurs prêtent leurs corps à Nelson Mandela qui, soulevant avec ses compagnons le peuple des townships, veut affranchir la terre d’Afrique du Sud du partage racial.
Là, en 2007, nous sommes au bord du fleuve Niger qui nourrit les terres d’où sont sorties les grandes civilisations occultées d’Afrique de l’Ouest. Mais les fleurs, les arbres, les oiseaux et les poissons agonisent désormais sous les huiles noires et épaisses dégorgées par les géants de l’industrie pétrolière occidentale. Les pêcheurs n’ont plus à offrir au monde que le spectacle du désespoir sous les cagoules de la guerre clandestine.
Enfin, en 2006, en Bolivie, nous assistons à la victoire d’un petit peuple agricole natif d’Amérique du Sud qui se rend maître de sa terre et de son destin par-delà cinq siècles de conquêtes et de dominations.
Ils résistent avec force et dignité aux nouvelles volontés financières et militaires et à leurs intimidations.
J’habite une blessure sacrée, titre tiré d’un poème d’Aimé Césaire, raconte la difficulté pour les peuples du monde à dépasser ce désordre injuste et irrationnel, toujours plus entraînés vers le chaos par la frénésie avide de puissants possesseurs. Le cynisme, l’indifférence, l’immoralité habillent désormais toutes les mises en scène de l’histoire inquiétante que nous traversons.
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