Jeffrey Bernard est souffrant

Joueur, journaliste, buveur fervent, marié quatre fois, Jeffrey Bernard tenait une rubrique dans le magazine The spectator dans laquelle il décrivait la faune du quartier de Soho à Londres, en exprimant une philosophie toute personnelle sur la vodka, les femmes et les courses de chevaux.

Sur ces éléments, Keith Waterhouse a brillamment bâti une pièce (dont le titre l’euphémisme utilisé par The spectator quand Jeffrey Bernard avait passé une nuit trop agitée pour pouvoir assumer sa rubrique du lendemain).

L’action se situe dans la grande salle du pub préféré de Jeffrey Bernard dans Soho, Le Coach and Horses où il s’est endormi et s’est laissé enfermer. Il se réveille dans les toutes premières heures de l’aube, seul dans l’obscurité. Dans l’incapacité de contacter le propriétaire, il est contraint de passer le reste de la nuit en compagnie d’une bouteille de vodka et d’une interminable chaîne de cigarettes, nous racontant avec verve et humour des anecdotes hilarantes et des souvenirs irrésistibles. Deux acteurs et deux actrices incarnent les divers personnages qui peuplent le monde de Jeff

Bien au-delà d’une chronique sur les méfaits de l’alcool ou de la débauche, la pièce est une ode à l’amitié avec un grand " A ". Elle mélange avec succès, les meilleurs et les pires moments de la vie d’un homme ordinaire, qui, pour un soir se retrouve seul face à lui-même, nous ouvre son cœur et ose dire tout haut, ce que bien souvent, nous pensons tout bas. Peter O’Toole créa avec succès le rôle de Jeffrey Bernard à l’Apollo Theater en 1989 et le reprit dix ans plus tard à l’Old Vic de Londres.