Kunst und Gemüse

Bobigny (93)
du 3 au 4 février 2006
1h30

Kunst und Gemüse

  • De : Christoph Schlingensief
  • Mise en scène : Christoph Schlingensief
  • Avec : Maria Baton, Ulrike Bindert, Jürgen Drenhaus, Hosea Dzingirai, Andrea Erdin, Bernadette Gandaa, Horst Gelloneck, Kerstin Grassmann, Mario Hagelberg, Ferdinand Hendrich, David Ismail, Angela Jansen, Maximilian von Mayenburg, Peter Muller, Christian Roethrich, Reami Rosignoli, Canivu Babatunde Saka, Christiane Tsoureas, Christian Vogel, Arno Waschk, Karin Witt, Anna Prohaska, Matthias Badzong, Kirstin Warnke, Klaus Bayer
Spectacle en allemand surtitré en français. Une déclaration de guerre contre la façon dont se figent peu à peu l'homme et l'art, contre les paralysies de l'existence. Contre l'immobilité d'une société qui tourne toujours plus vite sur elle-même.

Spectacle en allemand surtitré en français.

  • Contre les paralysies de l'existence

Le déclin, tous lui déclarent la guerre, tel est l'écho répété dans Kunst und Gemüse, A. Hipler. Que ce soit en tant qu'artiste actionniste, dans ses performances scéniques ou comme metteur en scène d'opéra dans le sanctuaire wagnérien de Bayreuth, les travaux de Christoph Schlingensief sont autant de déclarations de guerre. Cette fois-ci, contre la façon dont se figent peu à peu l'homme et l'art, contre les paralysies de l'existence. Contre l'immobilité d'une société qui tourne toujours plus vite sur elle-même.

Douze comédiens évoluent dans une exposition d'art vivante, dans laquelle ils prêtent leur voix et leur corps aux douze tons de la musique de Schoenberg. Ils sont les figures d'un kaléidoscope dans lequel s'entremêlent les citations empruntées au monde de l'art et les critiques adressées avec lucidité à l'industrie culturelle contemporaine.

Mais comme toujours, c'est l'existence réelle que Schlingensief fait monter sur la scène. Et ici, cette existence se montre fragile et menacée : une femme atteinte d’une sclérose latérale amyotrophique, condamnée à l'immobilité, est couchée dans son lit au milieu des spectateurs et commente les événements scéniques à l'aide d'un ordinateur qu'elle commande avec ses seuls yeux. En face, les mondes d'images de l'art moderne défilent sous les yeux du public. Le concentré d'une vie qui se conçoit comme un art en toute liberté. Une liberté qui s'exprime dans le chaos peut-être, mais ne se limite pas à simuler le mouvement.

  • Note de mise en scène

Nous devons considérer le concept du “nous” d’une manière plus large que Richard Wagner. En musique, la réponse à Wagner, c’est Schönberg. D’après Adorno, la musique d’Arnold Schönberg “règle définitivement ses comptes avec le son fluide et fonctionnel de Wagner”.

Sa “rupture avec le fonctionnalisme wagnérien libère le son des tensions envahissantes” ; et après la première représentation du premier opéra en douze tons de Schönberg, Von heute auf morgen en 1930, Adorno écrivait : “Pourtant, le son ne reste pas statique une seule seconde ; seulement, sa vie n’est pas celle d’une pulsion dévorante, mais le mouvement d’un kaléidoscope délivré, dont les motifs deviennent lisibles, telle l’écriture luminescente de la transparence vespérale des grandes villes”.

C’est dans cet esprit que nous essayons aujourd’hui de placer cet opéra dans un contexte artistique, avec une équipe internationale dirigée par Hosea Dzingirai. Une installation artistique qui englobe beaucoup de choses : les arts plastiques et l’actionnisme, la vidéo, le théâtre et le théâtre musical. La musique de Schönberg sert de point de départ. Les figures du kaléidoscope entrent en scène : elles évoluent sans fonction, dans une totale liberté, uniquement limitée par la forme, elle-même librement choisie et finalement arbitraire comme l’est la série des douze tons chez Schönberg. On connaît les effets surprenants qu’engendre une telle liberté dans l’art depuis le début de la peinture abstraite, et dans la musique depuis Schönberg. Nous tentons de lui trouver un équivalent au théâtre. Douze personnages représentent les différents tons de la série de douze. Sur scène, ils ont pour mission de chercher dans leur comportement des correspondances avec l’atonalité, la polyphonie et parfois l’harmonie en musique. Cela pourrait se comparer aux rares tentatives de rapprochement entre le théâtre et les créations dans les arts plastiques et la musique moderne.

Le contenu de l’opéra et des autres éléments de cette installation entre rêve et réalité est découpé à la façon d’un kaléidoscope, mais ses références doivent rester identifiables. Il se crée ainsi sur scène une “seconde musique” que l’on ne peut pas entendre, mais que l’on peut voir. Les spectateurs doivent aborder cette installation comme s’ils se trouvaient dans une exposition. La différence avec la présentation habituelle des œuvres réside dans le fait que les visiteurs de cette installation mobile ne se déplacent pas ; que ce sont les œuvres d’art qui bougent, passant en quelque sorte devant les spectateurs, et sont actives, tandis que le spectateur - comme on en a l’habitude au théâtre - est condamné à la passivité.

Angela Jansen, immobile depuis le jour de la Saint-Nicolas de l’année 1998, parce qu’elle souffre de sclérose latérale amyotrophique (SLA), communique exclusivement avec les yeux ; par le biais du regard, elle anime une caméra au laser, puis l’ordinateur sur lequel on lit ce qu’elle dit. Elle joue le rôle le plus important de la pièce. La phrase “il me manque rien ; simplement je ne peux pas bouger” est d’elle. Dans Kunst und Gemüse, elle est plus active que les spectateurs.

Christoph Schlingensief

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Spectacle terminé depuis le samedi 4 février 2006

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