Spectacle de danse pour enfants de 5 à 9 ans.
La tribu Gallotta
Intention
Le point de vue du dramaturge
Fin des années soixante-dix : la danse française balbutie en attendant de réinventer l’esprit d’équipe, Jean-Claude Gallotta en tête. Ce dernier signe déjà des spectacles où se mélangent les genres, parfois hors des théâtres. Après un séjour aux États-Unis, tout influencé de cette danse post-moderne, Gallotta impose sa patte avec le Groupe Émile Dubois.
Vont naître alors des épopées de poche, des ballets sous forme de conte contemporain servis par ce collectif singulier dans le sillage de Jean-Claude Gallotta, silhouette interminable qui se promène de pièce en pièce. En 1985, le Groupe Émile Dubois connaît l’une de ses plus belles réussites, Mammame. Jean-Claude Gallotta décidera, bien des années plus tard, de reprendre son ouvrage, en artisan du geste qu’il est.
L’Enfance de Mammame, nouvelle version du Mammame original, a trouvé un écrin idéal dans l’antre de Chaillot ; dans L’Enfance de Mammame, le chorégraphe a voulu travailler sur cette généreuse idée de transmission entre les générations re-pensant son ballet pour un jeune public. On retrouvera ainsi cette bande de « gamins », les « mammames » vivant dans un théâtre cette fois-ci : leur dieu pourrait être ce projecteur qui les réchauffe... et les guide. Jusqu’au jour où il s’éteint. Commence alors le froid, l’obscurité, la peur de l’inconnu. Et sur le plateau, une quête de l’idéal, une danse de l’espoir. Car c’est en inventant leur propres chorégraphies que ces « mammames » sauveront leur planète.
Jean-Claude Gallotta nous dit, à sa façon poétique et ludique, beaucoup sur le monde d’aujourd’hui et les nouvelles communautés qui essayent de vivre ensemble tant bien que mal. Et cette seconde jeunesse de Mammame est comme un cadeau offert aux enfants d’hier - dont certains sont devenus parents à leur tour - comme à ceux d’aujourd’hui.
Philippe Noisette
Je pense souvent à présenter certaines formes chorégraphiques à des regards d'enfants. Je me dis d'ailleurs que tous mes spectacles peuvent être vus par des enfants. Pourtant, avec la compagnie, je me souviens d'avoir improviser à partir de Mammame pour une matinée scolaire. Ce fut incroyable de jeux d'esprit et de particularités révélées. La durée, le ton, le rythme, l'accroche des séquences étaient différents. C'est cette expérience que j'aimerais renouveler en l'organisant et proposer ce spectacle spécifique : l'Enfance de Mammame.
Les Mammames aiment le théâtre et surtout le projecteur. Une fois éclairé, il devient leur soleil régénérateur. Un jour, par mystère, le projecteur s'éteint et disparaît. Les Mammames vont alors affronter le froid et le triste. Il existe pourtant une solution, une légende raconte qu'en créant certaines danses, nombreuses et différentes, le projecteur va revenir. Les Mammames entrent en scène et partent vifs, dans leur quête chorégraphique, à la recherche du projecteur disparu. Le lutin Schiotto les présente en chantant et lance la danse des Mammames-enfants... Ocht-oussil !
Jean-Claude Gallota
Mammame est cette chorégraphie créée en 1985 qui aura parcouru le monde et qui aujourd'hui, devenue pièce du répertoire, fait l'objet de reprises ou de re-créations. Plusieurs générations de publics s'y sont retrouvées. Jean-Claude Gallota qui a l'enfance qui le démange "Mon enfance court dans mes genoux devenus grands" fait-il dire à Yvan Vaffan, a voulu fouiller plus encore cette idée de transmission entre les générations en adaptant sa chorégraphie pour un public d'enfants, version intitulée l'Enfance de Mammame.
Adapter une pièce chorégraphique pour des jeunes spectateurs ne consiste pas à la simplifier ni à la schématiser. Cela consiste plus justement à donner au spectacle une forme narrative par laquelle les enfants peuvent mieux l'appréhender. En danse aussi, les enfants aiment qu'on leur raconte des histoires. Il fallait donc que les tribulations de la tribu Mammame soient mises en conte, que leur aventure ait un nom, que les danseurs deviennent des personnages identifiables, qu'un conteur-agitateur (Jean-Claude gallota lui-même) vienne dérouler sur la scène le fil du récit.
L'Enfance de Mammame est donc l'histoire d'une bande de Mammames qui vivaient à l'intérieur du théâtre et vouaient une passion pour le projecteur. Ils s'y réchauffaient, dessous tous ensemble. "Ocht-oussil !", conclut le chorégraphe dans la même langue des Mammames. Est-il besoin de traduire ? La danse est bien assez grande pour se faire comprendre.
Claude-Henri Buffard
1, Place du Trocadéro 75016 Paris