Les mots sont créateurs d’images et l’art visuel en prolonge le sens. Rencontre entre deux maîtres de ces arts qui associent leur imaginaire pour une création commune :
Henri Gougaud, écrivain, conteur, voyageur de l’esprit et du mythe, passeur infatigable, donne à ses récits et ses contes la profondeur et le sens que l’on voudrait parfois que la vie nous offre.
Ezéquiel Garcia-Romeu, metteur en scène, construit un « théâtre énigmatique » où des « philosophes » lilliputiens, poupées de terre et de chiffon, tentent d’éclairer avec leurs « minuscules lanternes » l’indéchiffrable du monde.
Les voici ici réunis pour le même ouvrage, parcourant main dans la main les nouveaux chemins d’un théâtre qui se construit au fil de leur imaginaire.
C’est autour du récit, du lien entre les rêves et les objets en mouvement, le pouvoir de l’évocation, le souci du détail, de la minutie et du soin apporté à la création d’univers singuliers que nous nous sommes rencontrés avec Ezéchiel et avec Henri. C’est autour des arts de la relation de la densité du temps que le conteur maîtrise et de sa capacité à nous emmener ailleurs tout en nous parlant avec familiarité presque dans le creux de l’oreille.
Le temps mis en parenthèse pour des moments d’exception
Henri Gougaud et Ezéquiel Garcia-Romeu sont des horlogers de la vie, ils nous parlent du temps, des parenthèses, avec ce souci de créer des moments d’exception, des fragments d’ailleurs. Ces sensations laisseront dans le coeur du spectateur des traces indélébiles, comme un patrimoine qu’il l’aidera à voir les choses différemment, dans une perception aiguisée.
Une mise en condition du spectateur
Pour le projet que nous mettons en oeuvre, il y a cette volonté de préparer le spectateur à vivre pleinement ces moments d’exception, qu’il puisse poser sa valise, et être disponible. C’est la justesse de l’état intérieur qui est recherché, une certaine écoute de soi, de l’éveil des émotions, des sensations. Pour l’avoir vécu, c’est une sensation qu’on n’oublie pas, qui se prolonge dans le temps, qui s’inscrit en nous, bien après le temps de la représentation. Le travail d’ Henri Gougaud tout comme celui d’Ezéchiel développe une pédagogie de l’écoute et de la perception.
Un parcours métaphysique pour tous les âges de la vie
Les petites créatures d’Ezéchiel convoquent et rejoignent celles d' Henri. Elles invitent à tisser un lien avec l’au-delà. Cette dimension métaphysique de leur travail nous permet le passage vers nos vérités intérieures et met en lumière nos capacités de perception. Deux parcours se croisent, deux façons de raconter le monde mais finalement Henri ne fait que créer des images par les mots et Ezéchiel nous racontent des histoires avec ses images en mouvement. Ces deux hommes étaient faits pour se rencontrer.
François Grosjean, directeur du Grand Parquet
35 rue d'Aubervilliers 75018 Paris