Colette la trop sensuelle et Ravel le trop sévère ne se fréquentaient pas, mais ils s’admiraient, avaient le même regard incisif et froid sur leurs contemporains, partageaient un certain goût du scandale, celui d’une femme défiant la domination masculine pour l’une, celui d’un compositeur refusant l’héritage wagnérien pour l’autre. À eux deux, ils incarnent l’esprit des années folles durant lesquelles la gravité de l’Entre-deux-guerres favorisait une boulimie de modernité. Et puis, bien sûr, ils avaient en commun le même attachement à la mère, au paradis perdu des jeunes années, ce qui explique que, sans se rencontrer vraiment, ils trouvèrent la complicité artistique nécessaire pour créer cette oeuvre étrange et inclassable.
La version imaginée par Patrice Caurier et Moshe Leiser, habilement adaptée par le compositeur Didier Puntos, fuit le spectaculaire pour pénétrer dans le monde clos d’une chambre d’enfant, dans l’intimité de l’enfant lui-même. Son cauchemar y ravive ceux de notre enfance, l’émotion y est tangible, l’artifice y devient charnel, la sobriété y laisse apparaître, plus que le merveilleux, la beauté intérieure et mystérieuse des personnages.
Piano à quatre mains : Didier Puntos et Frédéric Jouannais
Flûtes : En alternance, José-Daniel Castellon et Frédéric Berteletti
Violoncelle : Valérie Dulac
Transcription et préparation musicale : Didier Puntos
Square de l'Opéra-Louis Jouvet, 7 rue Boudreau 75009 Paris