Une énorme valise couverte d’étiquettes trouvée dans une décharge, une pièce de tissu ramenée de l’Inde, une tendresse pour les naïfs du cinéma muet et le Plume d’Henri Michaux, tels sont les déclics de ce voyage inventé. A partir de là fleurit l’imaginaire des corps et du verbe.
Pinok et Matho transportent Monsieur P.K. d’est en ouest et du nord au midi sur la planète terre. Les deux protagonistes (des mimes qui parlent !), exploitant leurs différences, mettent l’accent sur l’opposition des personnages : l’un fragile, éternelle victime tour à tour étonnée ou charmée, s’excuse presque d’exister, l’autre incarne les aspects les moins flatteurs d’une humanité brutale, avide, perverse ou stupide.
Le premier, introverti, toujours discret, laisse affleurer par instant son univers intime : pensées transversales, rêveries. S’il parle, il est à peine audible. Son âme, elle, parle avec une voix d’enfant. Le second, volubile, nettement extraverti, acteur caméléon mène le jeu et se transforme à vue - trente métamorphoses au total - en clochard, prostituée, chameau, statue de cimetière, empereur romain etc.
Monsieur P.K. voyage plutôt mal, jamais découragé ; cependant, au final, saisi par la beauté, bercé par le cosmos, il se laisse emporter dans son voyage intérieur, privilège des poètes et des sages.
Théâtre de prestidigitation où la mobilité du jeu, la gestuelle et le décor sonore transforment la réalité toujours sous-jacente en parodie ou cauchemar. De cette distorsion du réel sans laquelle il n’y a pas de poésie théâtrale, vont naître l’humour, la drôlerie, la cruauté ou le fantastique.
39, rue des Trois Frères 75018 Paris