Pour tout public à partir de 10/11 ans.
En quelques mots
Le spectacle
L'histoire
Extrait de l'adaptation
La fondazione Aida
Teatro di piazza e d'occasione
Un drôle de gaillard, Auggie Wren. Buraliste à Brooklyn, photographe du temps qui passe, attrapant chaque matin depuis des années le même coin de rue. Des clichés qui disent la vie. Son appareil photo aussi : c'est son histoire qu'il raconte à Paul Benjamin, écrivain en panne d'inspiration devant le conte de Noël que lui a commandé un quotidien. Une histoire vraie, lui assure Auggie. Pas un conte à dormir debout.
Il est magnifique, son conte, à Auggie. Léger. Lumineux. Il tient dans un souffle sous la plume de Paul, Benjamin ou Auster.
L'Histoire d'Auggie s'inspire du célèbre conte de Paul Auster Auggie Wren's Christmas story dont tout le monde se souvient dans sa version cinématographique Smoke avec Harvey Keitel et William Hurt. Le scénario du film, du même Paul Auster, ressemble déjà à un synopsis de pièce de théâtre : un célèbre écrivain ne parvient pas à écrire sur commande un conte de Noël. Il trouve une solution à son problème en se confiant à son ami le plus cher, le buraliste Auggie Wren, qui garde en mémoire " la plus belle histoire de Noël qu'on pourrait raconter ".
Le spectacle est une pièce pour deux acteurs et un ordinateur : le multimédia est particulièrement présent, utilisant des images digitales projetées sur scène. Dans cet environnement de nouvelles technologies, les éléments théâtraux contemporains se développent pour raconter cette histoire touchante, et proposent de nouvelles possibilités de communication avec le jeune public.
" Je tiens ce récit d'Auggie Wren. Comme il n'y fait pas très bonne figure, en tout cas pas aussi bonne qu'il le souhaiterait, il m'a demandé de ne pas citer son vrai nom. A part cela, toute l'histoire du portefeuille perdu, de la vieille aveugle et du repas de Noël est décrite ici telle qu'il me l'a racontée. Il y a maintenant près de onze ans que nous nous connaissons, Auggie et moi. Il travaille derrière le comptoir d'un marchand de cigares dans Court Street, au cœur de Brooklyn, et comme cette boutique est le seule où l'on peut trouver les petits cigares hollandais que j'aime fumer, j'y vais assez souvent.
Pendant longtemps, je n'ai guère prêté attention à Auggie Wren. Il était ce petit homme étrange vêtu d'un sweat-shirt à capuchon, qui me vendait des cigares et des revues, ce personnage malicieux et blagueur qui avait toujours quelque chose de comique à dire sur le temps, sur les Mets, l'équipe de base-ball de New York, ou les politiciens de Washington, et ça n'allait pas plus loin. Et puis un jour, voici plusieurs années, en feuilletant une revue dans sa boutique, il est tombé sur un article consacré à l’un de mes livres. Il a su qu’il s’agissait de moi à cause de la photographie qui accompagnait l’article, et après cela, nos relations se sont modifiées. J’avais cessé d’être pour Auggie n’importe quel client, j’étais devenu quelqu’un de spécial. La plupart des gens se contrefichent des livres et des écrivains, mais il se trouve qu’Auggie se tenait pour un artiste. Maintenant qu’il avait percé le secret de mon identité, il m’adoptait comme un allié, un confident, un frère d’armes. À dire vrai, je m’en sentais plutôt embarrassé.
Enfin - c’était presque inévitable- est arrivé le moment où il m’a demandé si je désirais voir ses photographies. Compte tenu de son enthousiasme et de ma bonne volonté, il m’a paru impossible de refuser. Dieu sait à quoi je m’attendais. À tout le moins, pas à ce qu’Auggie me montra le lendemain. Dans une petite pièce dépourvue de fenêtres, à l’arrière du magasin, il ouvrit un carton et en sortit douze albums photographiques, noirs, identiques. Ils contenaient l’œuvre de sa vie, m’expliqua-t-il, et il ne lui fallait pas plus de cinq minutes par jour pour s’accomplir. Chaque matin depuis douze ans, il se plantait au coin d’Atlantic Avenue et de Clinton Street à sept heures précises et prenait un seul instantané en couleurs de la même vue, précisément. L’entreprise comportait maintenant plus de quatre mille photographies. Chaque album représentait une année différente, et toutes les photographies étaient rangées par ordre chronologique, du 1er janvier au 31 décembre, leur date notée avec soin au bas de chacune d’elles…"
Paul Auster
Auggie : Bonjour, comment va notre écrivain ?
Spartacus : Auggie, donne-moi un paquet de cigarettes, je suis désespéré
Auggie : Désespéré ?
Spartacus : je dois remettre à mon éditeur un conte de Noël avant demain et je ne sais pas quoi écrire
Auggie : un conte de Noël... c’est tout ?
Spartacus : ?
Auggie : Si tu m’offres un repas, je vais te raconter le plus beau conte de Noël que tu aies jamais entendu et je te garantis que tout est absolument vrai du début à la fin.
L’histoire que je vais raconter commence ici, à Brooklyn. Non, ce n’est pas l’histoire de la neige, du Père Noël ou ces trucs-là... je dois te montrer quelque chose.
Tous les matins, à sept heures pile, je me poste sur le trottoir, en face de mon bureau de tabac et... clic ! clic ! clic ! toujours la même photo entre Atlantic Avenue et Clinton Street, toujours le même angle de monde. J’ai fait plus de mille photos, elles sont toutes en ordre, du premier janvier au 31 décembre, 15 ans, sans interruption, de clic, la même prise de vue, le même coin... je sais que ça peut te paraître bizarre mais moi, je photographie... je photographie le temps.
C’était l’été, il faisait très chaud, je travaillais déjà dans ce magasin, mais à cette époque j’étais tout simplement vendeur. Un jeune garçon de 18-20 ans entre dans le magasin. Je ne l’ai pas vu tout de suite car au comptoir, à ce moment-là, il y avait pas mal de monde à servir. Et lui, comme si de rien n’était, il se met à chiper par ci, par là. Un peu bêtement. Il prenait les choses et il les enfilait dans sa poche sans regarder autour de lui.
Voilà il était juste là quand je l’ai vu, près du présentoir de journaux et il avait pris quelques livres. Des babioles, des romans d’amour en édition de poche mais enfin, je ne pouvais pas faire semblant de rien. J’ai commencé à crier et lui... il a déguerpi comme un lièvre ! Quand j’ai réussi à quitter le comptoir, il était déjà arrivé à Atlantic Avenue. On ne voyait même pas ses jambes tellement il courait. Je l’ai suivi le long d’ un demi-bloc mais, mon cœur n’a pas résisté, je ne sais pas, mais je n’en pouvais plus, je me suis arrêté...
Son portefeuille ! Il l’avait perdu ! En fuyant, il avait glissé de sa poche et lui, il ne s’en était pas aperçu. Quel drôle de voleur !
Dans son portefeuille il n’y avait pas d’argent mais son permis de conduire et ainsi je pouvais le donner à la police. Son nom était écrit Robert Goodwin, il s’appelait Robert Goodwin. Je pouvais le faire arrêter illico... mais... que dire, je n’en ai pas eu le courage... peut- être aussi,
parce que dans son portefeuille, il y avait deux photos. Sur une, il entourait de son bras une vieille dame, peut-être sa grand-mère... sur l’autre il était vraiment très petit, neuf, dix ans, une drôle de petite trombine (binette), un sourire qui allait d’une oreille à
l’autre...
Non, vraiment je n’en ai pas eu le courage... je ne pouvais pas mettre dans le pétrin un jeune garçon pour deux livres de quat’sous. Ainsi j’ai laissé tomber mais j’ai gardé le portefeuille.
A dire vrai, de temps en temps, je le ressortais avec l’idée de le lui envoyer mais puis, je remettais à plus tard et tout en remettant... Noël est arrivé.
Ah oui, une grande fête, Noël. Si on a quelqu’un avec qui fêter ; mais si on est seul ? Tu te mettrais même à parler avec la dinde. Ici chez nous, à Brooklyn, à Noël, on cuisine une dinde, c’est une tradition... mais moi, cette année-là, je l’avais même pas achetée, la dinde :
pas de dinde. J’étais tout seul dans ma cuisine et je regardais mon robinet dans l’évier... Ploc ! ploc, ploc. Je voulais savourer ma dépression jusqu’au bout et ainsi pour me faire passer l’envie de le réparer je me suis mis à regarder le placard...
et là, tout juste là, il y avait le portefeuille de Robert Goodwin... A l’improviste, je me suis levé, j’ai enfilé mon manteau et je suis sorti. J’ai eu soudain envie de le lui rendre, je voulais le lui restituer personnellement.
Créée en 1983 par un groupe de professionnels du théâtre, l'Association Aida a été reconnue en 1987 par le Ministère pour le Spectacle comme Centre Permanent de Production et de Programmation théâtrale pour Enfants, Adolescents et Jeunes. En 1996, au vu de son évolution, l'Association est devenue la Fondation Aida.
Son but principal est de contribuer à l'épanouissement culturel des jeunes générations par des programmes culturels structurés et spécifiques, dont le théâtre est l'instrument privilégié. La Fondation s’occupe ainsi de la promotion, de la création et de la diffusion d'événements et de projets théâtraux et culturels en direction des jeunes publics. Elle propose aussi des formations dans ces domaines, et gère des théâtres et espaces culturels polyvalents de Vérone, et tout particulièrement le Teatro Filippini/Teatro Stabile Ragazzi lieu de rencontre pour les enfants, les adolescents, leurs familles, les jeunes et les enseignants.
Le TPO a développé ses recherches en se basant sur la pédagogie issue de l'art, plus précisément sur les procédés de communication visuelle, et a créé des spectacles et des performances qui soulignent le rôle des images et instruments de la nouvelle technologie.
Dans cette optique, l'utilisation d'objets animés, de machines et d'images digitales, crée un support " dramaturgique " pour cette base théâtrale et poétique sur l'interaction entre l'acteur et la scène. Cette écriture théâtrale entraîne l'utilisation d'une grande diversité de langages présents simultanément : images, mondes, sons, mouvements, voix, le tout élaboré en vue d'une contamination constante.
En développant l'utilisation de langages numériques (vidéos, ordinateurs…), le TPO a pour but d'explorer le potentiel de créativité et d'expression des nouvelles technologies et d'intégrer ce type de mise en scène à l'utilisation de procédés plus classiques comme le théâtre d'acteurs. Des spectacles et des projets se sont développés de cette expérience, avec la collaboration d'artistes et d'auteurs qui sont sensibles à la conception du théâtre comme une forme d'art en évolution, et ouverts à un dialogue constant sur les connexions à établir entre le développement et la tradition.
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