L’homme d’Hus (Hors les murs)

A Beaulieu.
Tiré d’un extrait du Livre de Job, c’est l’histoire d’un homme en lutte perpétuelle avec les objets qui l’entourent et qui tente de comprendre sa pathétique incapacité à contrer son malheur... Il subit l’injustice, est condamné à la souffrance et à l’abandon ; il demande des comptes à Dieu. Pour seuls partenaires de scène, une centaine de tréteaux rebelles qui se ferment et s’ouvrent autour de lui comme une machine indomptable...

Job est en colère d’accord mais, ses colères provoquent le rire car sa lutte avec les objets atteint l’absurde. Qu’il soit empêtré dans ses tréteaux ou engoncé dans un manteau carcan à crinoline (qui lui fait une silhouette à la Folon), cet homme est là qui se débat et nous donne à voir tout le malheur du monde. On rit beaucoup de ses déboires, de sa frénésie à remplir l’espace jusqu’à saturation, de ses gestes décousus, de son déséquilibre et de son empêtrement constants.

Camille Boitel se situe dans la veine des grands comiques qui, tout en provoquant le rire, invitent à réfléchir sur la condition humaine. On pense à Buster Keaton, Charlie Chaplin…

«Je travaille sur l'informe, l'archaïque en nous» explique Camille Boitel (de la compagnie de cirque La Mère Boitel), artiste de cirque, jongleur, danseur et acrobate.
Ses premiers spectacles, c’est dans la rue qu’il les donne, dès l'âge de 12 ans. Il apprend son métier auprès d'Annie Fratellini et en regardant travailler Victoria Chaplin (mère de James Thierrée, avec lequel il partage l’affiche de La Symphonie du Hanneton).

Camille Boitel appartient à cette famille d'artistes qui mettent l'homme au centre d'un questionnement existentiel sur le mode burlesque. Dans L’Homme d’Hus, il propose un solo d’une vacillante ambiguïté sur l'enchevêtrement et l'obstacle, le labeur d'entrer dans la vie et l'angoisse d'y réussir, il réinvente, avec humour et excentricité, la figure biblique de Job, abandonné de Dieu et qui porte en lui toute la souffrance du monde.