L'Homme de la Mancha (Man of La Mancha) est une comédie musicale américaine, livret de Dale Wasserman, paroles de Joe Darion et musique de Mitch Leigh, inspirée du roman de Miguel de Cervantes, Don Quichotte, et créée au Mark Hellinger Theatre de Broadway le 30 octobre 1965 au Goodspeed Opera House (Etats Unis). Le librettiste Dale Wasserman adapte pour le théâtre à la fois la vie de Don Quichotte et celle de Cervantes. La pièce, Don Quichotte est présentée à la télévision en 1959 puis sur scène avec succès. Le metteur en scène Albert Marre convainc Wasserman de l'adapter en comédie musicale et lui présente le parolier Joe Darion et le compositeur Mitch Leigh. La production est créée le 24 juin 1965 au Goodspeed Opera House (Connecticut), avant de s'installer au Washington Square Theatre de Broadway. Le spectacle reçoit deux Tony Award en 1966 et atteint les 2000 représentations en 1971. Une adaptation cinématographique est réalisée en 1972 par Arthur Hiller avec notamment Peter O'Toole et Sophia Loren dans les rôles principaux.
En 1967, Jacques Brel assiste à une représentation de la pièce au Carnegie Hall. Il est bouleversé et décide de contacter immédiatement les producteurs pour obtenir l'autorisation de l'adapter en français, se réservant le rôle-titre. Les répétitions débutent au théâtre de la Monnaie à Bruxelles à l'été 1968 et la création a lieu le 4 octobre de la même année. Brel est d’abord entouré de Dario Moreno dans le rôle de Sancho et Joan Diener dans celui d’Aldonza.
Fort de l'immense succès à Bruxelles, le spectacle est repris au théâtre des Champs-Élysées à Paris dès le mois de décembre 1968. La troupe bruxelloise est engagée pour cinq mois à Paris. Le spectacle est un nouveau triomphe pour Brel. Cependant, fatigué et malade, il doit renoncer à poursuivre l’aventure audelà de la 150e et le spectacle s'achève le 17 mai 1969. Il faudra attendre de nombreuses années pour que la production de cette comédie musicale soit reprise en France : Jean Piat, Jeane Manson et Richard Taxy seront les rôles-titres du nouveau spectacle lancé le 15 janvier 1988 au Théâtre Marigny : un véritable succès puisqu’il tiendra l’affiche pendant plus de 8 mois.
Sous l’impulsion du baryton David Serero, le spectacle fera son grand retour à Paris le 26 Mars 2012, au Théâtre des Variétés. A la demande des auteurs, David Serero signe cette dernière adaptation française, basée sur le livret original de Dale Wasserman, apportant ainsi un souffle nouveau à ce désormais grand classique. Il incarnera aussi le rôle titre de Don Quichotte, avec lequel il se sent en totale adéquation, dans cette production mêlant des dialogues en français et des chansons en anglais.
La scène se déroule à Séville à la fin du XVIe siècle. Miguel de Cervantes, accompagné de son valet, est amené dans la salle commune d'une prison de l'Inquisition, encadré par des soldats. Au départ de ces derniers, les prisonniers les dépouillent et l’un d’eux, le Gouverneur, demande les raisons de l'incarcération de Cervantes. Il répond : « Je suis poète et acteur ». Le Gouverneur lui signifie qu'un procès va être ouvert par ses compagnons d'infortune. Cervantes leur offre son coffre rempli de costumes et d'accessoires de théâtre mais garde pour lui le manuscrit qu'il est en train d'écrire. Devant la volonté de destruction du Gouverneur, Cervantes plaide pour offrir un spectacle où tous les prisonniers joueront un rôle.
« Suivez le cheminement de mon imagination et vous le verrez. Son nom, Alonso Quijana, sa condition, hobereau de campagne ». Alonso Quijana devient le chevalier errant et part à travers le monde pour combattre le Mal. Devenu Don Quichotte de la Mancha, il part sur les routes avec son fidèle valet et rencontre un moulin à vent qu'il prend pour un géant. Il l'attaque sans succès. Pendant ce temps, dans la famille Quijana, on s'inquiète des errances du fils perdu. Don Quichotte et son valet rencontrent Aldonza, cuisinière de moeurs peu recommandables. Dans son délire, Don Quichotte envoie Sancho demander à Aldonza qu'elle soit sa noble Dame... Qui ne comprend pas pourquoi son nouveau prétendant l'appelle Dulcinea. A cela, il répond : « Je poursuis la quête de l'impossible rêve ». Mais apprenant cette nouvelle, l'amoureux d'Aldonza, un muletier, intervient furieux provoquant ainsi une bagarre générale. Don Quichotte remporte le combat sur les muletiers, mais l'aubergiste décrète qu'il doit s'en aller et devient alors le Chevalier à la triste figure...
Retour à la prison : la réalité est bien là. L'Inquisition vient chercher Cervantes, laissant les prisonniers avec leur impossible rêve.
De 2001 à 2004, c’est au moment de ma formation artistique à New-York que j’ai découvert Broadway : “ The Impossible dream ” est toujours resté le leitmotiv de ma perpétuelle conquête à réaliser mes rêves.
Jacques Brel a rendu son adaptation si personnelle que le public pense parfois que c’est Jacques Brel lui même qui l’a composé. Mon but était de reprendre la version originelle américaine : Man of La Mancha. C’est pour cette raison que j’ai souhaité que les numéros musicaux soient interprétés dans la langue d’origine, l’anglais, mais que le livret soit joué en français. Les auteurs américains m’ayant demandé de moderniser ce grand classique, j’ai écrit une nouvelle adaptation française tout en conservant le lyrisme et la poésie de Don Quichotte. J’ai d’ailleurs choisi un metteur en scène américain de renommée internationale (James Marvel) avec lequel j’avais jadis collaboré autour de plusieurs opéras (notamment Carmen à San Francisco). A l’image de cette remarquable oeuvre, j’ai aussi souhaité une distribution éclectique associant chanteurs d’opéra, d’opérette et de comédie musicale. Pour ma part, je ne cherche pas à jouer un Don Quichotte de 60 ans, l’âge du rôle, mais plutôt à proposer une version rajeunie du personnage, plus proche de moi... Don Quichotte, en son temps, est le seul à percevoir son propre rêve. De nos jours, la vie n’est pas toujours si facile et nous perdons parfois espoir en l’avenir. Monter actuellement à Paris L’Homme de la Mancha peut en effet être perçue comme une véritable bulle d’oxygène par le public car précisément, notre héro, Don Quichotte, ne perçoit que la beauté et la bonté chez l’homme.
David Serero
7, bd Montmartre 75002 Paris