L’île des esclaves

Paris 18e
du 9 septembre au 12 octobre 2003

L’île des esclaves

CLASSIQUE Terminé

A la suite d'un naufrage, Iphicrate et son valet Arlequin échouent sur l'île des esclaves, dont ils découvrent rapidement les règles : maîtres et esclaves doivent inverser les rôles, échanger les tenues et se conformer a leur nouvelle condition. Cette expérience sera-t-elle une leçon de justice et de respect, ou démontrera-t-elle l'échec de lois utopiques et irréalistes ?

Synopsis
Pour un large public
Intentions
Sonder les personnages
La cruauté théâtrale
Marivaux et le gospel
Le pouvoir du costume
La compagnie Gochka

A la suite d'un naufrage, Iphicrate et son valet Arlequin échouent sur l'île des esclaves, dont ils découvrent rapidement les règles : maîtres et esclaves doivent inverser les rôles, échanger les tenues et se conformer a leur nouvelle condition. Cleanthis et sa maîtresse Euphrosine se plient au même exercice, sous le regard attentif et dominateur de Trivelin. En endossant l'habit d'esclave, les deux maîtres subissent à leur tour la loi du silence, de l'humiliation, de la déshumanisation ; les esclaves, quant à eux, vont aussi devenir l'objet de la mise à l'épreuve, en découvrant l'ivresse du pouvoir et de la vengeance. Cette expérience sera-t-elle une leçon de justice et de respect, ou démontrera-t-elle l'échec de lois utopiques et irréalistes ?

Notre projet s’adresse à un public très large ; en effet L’île des esclaves est une pièce classique, qui doit donc pouvoir intéresser les amateurs de théâtre comme les jeunes lycéens : ce spectacle permettra à ces derniers de découvrir l’univers de Marivaux sous un jour original et proche de la sensibilité moderne. La mise en scène parfois cruelle, voire violente, nous incite à déconseiller ce spectacle aux enfants ou aux collégiens.

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Ce spectacle nous permet d’aborder une pièce classique de façon personnelle, et de transmettre au public notre sensibilité ; ainsi, c’est avec plaisir que nous mêlons le théâtre à du chant a capella et à un travail physique important. La durée de la pièce est d’une heure et quart, et ce temps nous permet de mettre en scène les habiletés de chaque comédien, au service d’un texte qui nous semble frappant tant il se penche sur des problèmes universels divers et graves, au moyen d’une écriture fine et pleine d’esprit.

Ainsi, nous désirons amener le spectateur à se projeter dans un univers idéaliste et totalitaire, tel que le siècle dernier a bien connu, à voyager au cœur d’un exotisme troublant et angoissant, qui n’offre que des éclairs très fulgurants d’optimisme et d’espoir. En ces temps de guerre et d’affrontements religieux, il nous semble légitime de se pencher sur ce que la nature humaine comporte de brutalité, sur la soif de pouvoir et de domination qui anime tant d’âmes.

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Marivaux est un auteur poursuivi par les préjugés, la caricature, la superficialité. Or, c’est ce que nous nous proposons de remettre en cause en abordant L’île des esclaves. Notre démarche consiste d’abord en une appropriation intime du texte ; il s’agit de dépasser la forme classique pour attribuer aux dialogues un caractère naturel, plus proche de notre sensibilité et de notre époque. 

Au-delà du comique de la situation et des dialogues, notre désir est de nous plonger dans l’intériorité de ces personnages, et de nous interroger sur leur expérience, leurs émotions, leurs rapports profonds. Dans l’héritage de la Commedia dell’Arte, chère à Marivaux, les différents personnages de la pièce correspondent à des types bien précis, dont la psychologie est peu approfondie. Notre souci est d’interroger à la fois leurs discours et leurs silences, de mettre en lumière leur sensibilité et leur humanité. L’illustration la plus évidente de cette approche est le personnage de Trivelin : porteur de la morale et de la justice, il n’a pas d’épaisseur psychologique, il n’existe qu’à travers son rôle de maître du jeu. Or nous avons décidé d’en faire un être de chair, mystérieux et sensuel, impulsif et passionné. Ce rôle masculin est interprété par une comédienne, qui lui confère une ambiguïté d’androgyne, une douceur mêlée de force et d’autorité.

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Il importe à nos yeux de dégager de la situation dramatique particulière de la pièce tout ce que l’esclavage comporte de brutalité, d’humiliations, d’inhumanité, tout en dénonçant l’utopie de la solution idéale, de la réconciliation instantanée. 
Ainsi, notre objectif est de mettre en valeur la cruauté qui anime les personnages, de donner à voir leur duplicité, leur relative perversion, de détourner le « happy end », de remettre en cause l’optimisme de Marivaux.

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Hors de tout contexte géographique, culturel ou temporel, nous désirons créer un univers personnel, alliant à la fois réalisme et poésie, couleur et cruauté, humour et émotion. L’espace insulaire permet de laisser libre cours à l’imagination, de donner au corps de l’acteur toute sa dimension sensuelle, de créer une atmosphère grâce au seul pouvoir de la voix. En effet, bruitages et chants occupent une place importante dans l’élaboration d’un univers qui nous est propre ; notre spectacle est placé sous le signe du gospel, qui porte en lui à la fois une joie et une mélancolie, et nous semble illustrer à merveille le mélange de légèreté et de cruauté que nous désirons transmettre à travers la représentation de L’île des esclaves.

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L’habit fait-il le moine ? Voici une question que Marivaux semble poser, en incitant ses personnages à échanger leurs tenues. Nous avons voulu approfondir cette idée, en faisant du costume un élément décisif de l’action et de la mise en scène. En effet, la tenue de l’esclave est à la fois sa laisse, son bâillon, ses chaînes et sa croix... la tenue du maître est le symbole du pouvoir, du mépris, de la dureté... quels sont alors les effets de l’échange d’habits sur les personnages des deux bords ?

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Spectacles proposés :
2002 Les larmes amères de Petra Von Kant, de Fassbinder
2003 L’île des esclaves, de Marivaux

Au moment de la création de cette compagnie en septembre 2002, notre objectif était avant tout de former un groupe uni et durable; à l'issue de notre formation auprès de Raymond Acquaviva aux Ateliers du Sudden, nous avons éprouvé le besoin et le désir de poursuivre notre travail commun et de nous investir sur des projets de façon autonome et approfondie ; nous avons constitué assez rapidement un groupe de travail basé sur l'apport personnel de chaque individu. Nous travaillons d'une part sur l'aspect technique de l'activité du comédien: des séances de yoga, de danse, de barre au sol pour ce qui est de l'entraînement corporel; un travail vocal à travers le chant, la respiration et la diction. D'autre part, nous découvrons une grande variété de textes lors de séances de lectures, chacun faisant partager son univers littéraire et ses inspirations poétiques.

Ayant tous reçu une formation commune, notre conception du travail et de l'interprétation est la même: nous recherchons tous une simplicité et une sincérité dans la construction des personnages, nous aspirons à une épuration du jeu et des émotions. Le travail de recherche se base sur une longue période d'improvisations; ainsi, les deux premiers mois de répétitions pour Les larmes amères de Petra Von Kant et pour L’île des esclaves se sont déroulés sans que l'on aborde le texte. L'intériorité des personnages tout comme les éléments extérieurs tels que leurs démarches, le lieu, le climat, les musiques, tout cela a d'abord été abordé dans un souci permanent d'approfondissement et de création, c'est-à-dire à travers l'improvisation.

C'est ainsi que notre perception esthétique s'est précisée, et que nos goûts se sont unifiés; ici encore, l'épuration scénographique est ce qui nous séduit le plus, le décor est simplifié au maximum. Nous désirons approfondir et consolider cette esthétique que nous construisons peu a peu, et ce à travers de nouveaux projets.
Notre désir est bien sûr de continuer à aborder de nombreux autres auteurs, mais aussi de nous pencher sur l'écriture théâtrale, en commençant peut-être d'abord par la création d'un spectacle pour enfants.

A travers ces divers projets, nous souhaitons mettre au service de l'art du spectacle les talents de chacun, talents musicaux, chorégraphiques, plastiques, ou, tout simplement imaginatifs. C'est ainsi que nous espérons construire, au fil des années, une compagnie harmonieuse et complète, en renouvellement créatif constant.

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Informations pratiques

Sudden Théâtre

14 bis, rue Sainte Isaure 75018 Paris

Spectacle terminé depuis le dimanche 12 octobre 2003

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