Passion
Entretien avec Matthew Jocelyn
Un mot sur l'oeuvre
L'Ensemble Fa
Les Jeunes Voix du Rhin
C'est en 1875 que Georges Bizet écrit la musique de cet opéra d'après une nouvelle de Mérimée.
Depuis, la séduisante Carmen, fleur dans les cheveux, chaleurs ocres, lumières sévillanes et saveurs d'arène, est devenue mythique. Metteur en scène de théâtre et d'opéra, Matthew Jocelyn nous en propose une version pour neuf chanteurs, un comédien et treize musiciens. Cette "Carmen intime" permet de se concentrer sur la théâtralité de l'oeuvre qui, allégée de son folklore, est plus touchante et plus proche.
Les Jeunes Voix du Rhin est un centre de formation de haut niveau qui recrute des chanteurs à l'échelle internationale et les prépare à une carrière de soliste, en leur permettant de conjuguer approfondissement du répertoire et expérience de la scène. La richesse mélodique, le raffinement de l'écriture, la progression dramatique, font de Carmen un creuset extraordinaire pour l'apprentissage…
Et si cette oeuvre universelle et intemporelle est l'une des plus représentées au monde, c'est qu'elle nous parle de la passion.
Une version moderne qui transcende toute l'intensité de cette histoire d'amour déchirante de beauté et de désespoir !
Pourquoi la Carmencita et non Carmen ?
Dans l'opéra, les personnages des soldats se réfèrent à Carmen comme la Carmencita, ce qui veut dire la petite Carmen. Un terme chaleureux, qui témoigne d'une vraie affection envers la personne. Mais c'est aussi, pour les personnages, une façon d'élever la Carmencita au rang de mythe, de lui donner un titre et lui accorder une place particulièrement importante.
Ce n'est pas simplement Carmen mais la Carmencita ! Comme nous montons nous-mêmes une Carmen intime, sans choeur avec un orchestre réduit, le titre raconte déjà les dimensions du spectacle.
Quelle est l'adaptation musicale ?
Il existe une réduction d'orchestre de l'anglais Tony Burke pour douze musiciens, ce qui permet au spectacle d'être créé dans une souplesse de théâtre, et d'être donné sur des scènes avec une petite fosse.
C'est aussi une manière de se concentrer sur l'histoire de Carmen, de Don José, des personnages proches de l'entourage de Carmen. Neil Beardmore dirigera la production à sa création en Alsace et à Paris, et Dominique My et l'Ensemble Fa reprendront à Paris puis pour la tournée.
Cette réduction ne réduit-elle pas le folklore de Carmen ?
C'est précisément le but : nous concentrer sur le drame passionnel qui alimente l'histoire, la narration, la psychologie des personnages et de leurs rencontres, la dynamique réelle qui fait se bousculer et se heurter les différents protagonistes. Et d'éviter la tendance facile de ce folklore d'Espagne du 19ème siècle, des belles femmes la fleur aux cheveux, des flamencos colorés… qui ne sont pas les éléments les plus essentiels de cette histoire, loin de là.
Se concentrer sur les rapports psychologiques des personnages, cela ne rejoint-il pas un travail de théâtre ?
Oui, tout a fait. Cela nous permet d'être très proche du drame théâtral. C'est toujours un risque de travailler sur une grande oeuvre connue et de la réduire. On a les musiques à l'oreille… Mais ce travail ressemble à la réduction d'orchestre que Philippe Boesmans a écrit la saison passée pour son opéra Reigen.
Pour le compositeur, le résultat attendu était de se rapprocher du théâtre musical et de se concentrer sur le drame, sur la matière théâtrale et textuelle qui est à la base même de la composition musicale.
Pour La Carmencita, c'est la même chose. Nous devons concentrer notre regard, nos oreilles sur quelque chose de plus cadré, plus réduit. Cela exige de nous d'être au coeur d'un drame théâtral, d'une histoire, avec des personnages de théâtre.
De fait, quelles appréhensions de l'oeuvre avez-vous, entre les aspects propres à l'opéra et ceux du théâtre ?
Ce qui change d'abord, ce sont les dimensions des théâtres dans lesquels on va jouer : La Carmencita pourra se donner dans des théâtres où il y a une réelle intimité avec le public. Le Théâtre de la Sinne à Mulhouse, le théâtre de l'Athénée-Louis Jouvet à Paris, par exemple, offrent une vraie proximité entre les chanteurs et le public. Cela change le degré du geste, l'ampleur du regard.
Et parce que l'ampleur est changée, nous sommes dans un autre niveau de narration où les petites histoires peuvent mieux venir informer sur les grandes histoires. Nous pouvons ainsi mettre en jeu ces histoires plus intimes, ces micro-événements entre personnages. De cela naît le regard du spectateur de théâtre tout en étant pleinement dans la musique de Bizet.
Pourquoi le choix de cette oeuvre vous a-t-il paru évident pour la nouvelle promotion des Jeunes Voix du Rhin ?
Nous avons, avec la promotion 2005-2006, une variété de voix qui sied particulièrement à La Carmencita. C'est un coup de chance ! Nous avions prévu une oeuvre totalement différente, mais quand nous avons entendu tous les chanteurs, il est devenu évident que non seulement nous avions les voix pour Carmen, mais que travailler cette oeuvre dans ce moment de leur carrière serait un réel enrichissement pour eux.
Avec cette version réduite, c'est un répertoire d'apprentissage formidable. De plus, trois de ces chanteurs, qui tiennent des rôles importants, sont d'origine espagnole ou mexicaine, c'est comme un petit clin d'oeil !
La séduisante Carmen n'est plus à présenter, pas plus que ses prétendants Don José et Escamillo le torero. Fleur dans les cheveux, chaleurs ocres, lumières sévillanes et saveurs d'arène, il suffit d'en jouer quelques notes ou d'en fredonner les airs pour que nous soyons submergés par une vague d'hispanité.
La Carmencita pointe du doigt le drame théâtral. Elle nous rapproche de ce qui est vrai, de ce qui touche. Elle se concentre sur la narration, la psychologie des personnages, la psychologie de leur rencontre. Elle bouscule souvent, heurte parfois. La Carmencita est universelle et intemporelle, elle parle de l'humain.
La promotion 2005-2006 des Jeunes Voix du Rhin présente des couleurs de voix qui se prêtent particulièrement bien aux rôles de Carmencita. Il s'agit presque d'une évidence! Un épisode enrichissant et passionnant de leur carrière naissante.
Neil Beardmore, Directeur musical des Jeunes Voix du Rhin
Créé en 1987 par les Instituts français de Bonn et de Brême, l'Ensemble Fa, sous la direction musicale de Dominique My, se propose de susciter et de créer de nouvelles oeuvres, d'exploiter et de promouvoir le répertoire instrumental et lyrique contemporain.
En quinze ans, l'ensemble a joué environ 70 compositeurs. Actuellement, l'Ensemble Fa diffuse une quarantaine d'oeuvres par an. Son but n'a jamais été de faire la course à la création mais beaucoup plus de rediffuser certaines partitions, d'accompagner les compositeurs dans leur travail et d'établir une vraie complicité entre compositeurs et interprètes afin de créer un nouveau répertoire.
Il est invité dans des Festivals tels que Musica Strasbourg, Biennale de Venise, Villa Medicis, Présences Radio-France, Théâtre du Châtelet, Ars Musica Bruxelles, Archipel Genève, Ultima Oslo, Festival d'Automne à Paris, Musée Guggenheim New York…
Son premier enregistrement, Murail, chez Una Corda, a obtenu le Grand Prix de l'Académie Charles Cros.
L'Ensemble Fa, subventionné par le Ministère de la Culture (D.R.A.C. Ile de France) est actuellement en résidence à l'Atrium de Chaville.
Préparer de jeunes artistes lyriques à leur carrière de soliste ou de chef de chant, leur permettre d'intégrer le monde professionnel : telle est la vocation des Jeunes Voix du Rhin, centre de formation lyrique de l'Opéra national du Rhin créé en 1998 au sein de l'Opéra national du Rhin. La mission de formation est confiée en délégation à l'Atelier du Rhin (Centre de création dramatique basé à Colmar).
Cette cellule de haut niveau recrute chaque année huit jeunes chanteurs et un chef de chant stagiaire à l'échelle internationale. L'association des univers lyrique et dramatique permet de conjuguer perfectionnement vocal, approfondissement du répertoire, apprentissage des techniques d'acteur et expérience de la scène.
Le projet pédagogique des Jeunes Voix du Rhin, adapté à la personnalité des chanteurs et du pianiste, a pour objectif de ne jamais perdre de vue les exigences réelles du métier. Les jeunes chanteurs sont encadrés par le directeur délégué des Jeunes Voix du Rhin et le directeur musical auxquels sont associés des intervenants du monde lyrique et du théâtre.
Pour amorcer leur insertion professionnelle, les Jeunes Voix du Rhin participent, dans le cadre de la saison 2005-2006, à plusieurs productions de l'Opéra national du Rhin, telles La Carmencita et Le Cosi des petits, adaptation pour narrateur, chant et piano de Cosi fan Tutte de Mozart.
Ils se produisent dans la région à l'occasion de nombreux concerts spectacles et récitals.
Nicholas Snowman : Directeur général de l'Opéra national du Rhin
Matthew Jocelyn :Directeur de l'Atelier du Rhin, Directeur Délégué des Jeunes Voix du Rhin
Neil Beardmore : Directeur musical des Jeunes Voix du Rhin
16, place Stalingrad 92150 Suresnes
Navette gratuite Paris - Suresnes : Une navette est mise à votre disposition (dans la limite des places disponibles) pour vous rendre aux représentations du Théâtre.
Départ de cette navette 1h précise avant l’heure de la représentation (ex. : départ à 19h30 pour une représentation à 20h30), avenue Hoche (entre la rue de Tilsitt et la place Charles de Gaulle-Étoile), du côté des numéros pairs. À proximité de la gare Suresnes-Longchamp (Tram 2), la navette peut marquer un arrêt sur le boulevard Henri-Sellier (à l’arrêt des bus 144 et 244 (direction Rueil-Malmaison), 25 minutes environ avant la représentation. Faites signe au chauffeur.
La navette repart pour Paris environ 10 minutes après la fin de la représentation, et dessert, à la demande, l’arrêt Suresnes-Longchamp, jusqu’à son terminus place Charles de Gaulle-Étoile.