Action
Où il est question de corruption, dabus de pouvoir, de lexploitation de
lhomme par lhomme, de lillusion et de la désillusion.
Tout au long de la pièce, le travail chorégraphique est le révélateur des pulsions,
des tensions de lêtre et de sa situation sociale. Largent-roi devient
omniprésent dès le troisième tableau, le son du tiroir-caisse scande les scènes.
Deux personnages traqués, nayant dautre issue que de rester où ils sont,
décident de créer une ville de plaisir pour piéger les "pigeons" qui
viendront y dépenser leur argent. Limage que cette ville livre progressivement est
celle de "lenfer où nous sommes déjà". Les hommes, sous le joug de
leurs propres frustrations, marchent tous pleins de colère et de rage. Ils revendiquent
le droit au "tout est permis"! Les femmes aussi aspirent avec avidité aux
plaisirs de la vie, toutes asphyxiées par les miasmes de leurs existences. Elles grattent
les plaies jusquà los... Bouffer: Remplir son ventre, manger et manger
encore, se gaver, mourir de manger quand dautres meurent de faim. Baiser: Le bordel
comme symbole de lexploitation de lhomme par lhomme. Images de femmes à
vendre et dhommes avides, pressés de les consommer. Se Battre: Lambiance est
celle dune salle de boxe. Les dés sont pipés et les muscles auront le dessus sur
lesprit. Fête grotesque ! Après lanarchie, la chute dans le vide, la
vacuité. Plus rien na de sens, plus rien na de goût. Les derniers moments de
la ville-piège. Après un début de manifestation martiale, la confusion sinstalle
et les revendications contradictoires saccumulent avec pour seul exutoire les deux
fondateurs de la ville.
Trois années durant, jai enseigné la danse à lEcole du du Théâtre National de Chaillot aux élèves-comédiens de la quatrième promotion. Au fil du temps, ils ont appris à apprivoiser leur corps pour le faire devenir un instrument subtil, véhicule privilégié de la sensation puis de lémotion. Ensemble nous avons réussi, je pense, à construire une relation solide entre danse et théâtre, que jai toujours privilégiée dans ma recherche. Ce travail aboutit aujourdhui à un spectacle théâtral dansé et chanté, librement inspiré de lunivers dramatique de Brecht sur une musique spécialement composée par Patrice Peyrieras.
Ce qui ma frappée dans les textes de Brecht des années trente, ce sont les correspondances entre les évènements de lAllemagne de cette époque et ce qui se passe aujourdhui, non seulement en Europe mais dans le monde entier; avec dun côté, une formidable accumulation du capital, des scandales politico-mafieux et, dun autre côté, la recrudescence de la misère dans les grandes villes et laugmentation récente des sans-abris.
Martine Harmel
Co-auteur et metteur en scène
35, rue Léon 75018 Paris