La double inconstance

Paris 18e
du 4 au 19 mars 2010

La double inconstance

CLASSIQUE Terminé

Silvia et Arlequin s'aiment sincèrement. Le prince désire Silvia. Il charge Flaminia de séduire Arlequin pour pouvoir à son tour séduire Silvia et qu’ainsi ils oublient leur amour. C'est proprement l’histoire élégante et gracieuse d'un crime.

Marivaudage en Orient
Note de mise en scène
Extraits de presse

De nos jours, dans un sultanat imaginaire, un prince oriental règne sur une cour de femmes voilées, lorsqu’il s’éprend d’une jeune touriste en villégiature avec son fiancé. Il décide de les faire enlever et d'utiliser la grande intelligence de l’intrigue d’une de ses favorites pour pouvoir conquérir le cœur de sa belle.

Tradition et modernité se mêlent pour bercer l’intrigue amoureuse. Le comique des caractères le dispute à la finesse de la situation, qui n’est pas sans rappeler celle des Liaisons dangereuses.

« Silvia et Arlequin s’aiment sincèrement. Le prince désire Silvia ; peut-être l’aime-t-il aussi... Tous les personnages de sa Cour vont se conjurer pour détruire l’amour d’Arlequin et de Silvia. Enlever Silvia à Arlequin par la force pour le compte du prince ne serait rien ; ils vont faire en sorte que Silvia aimera le prince et qu’Arlequin aimera Flaminia, et qu’ils oublieront leur amour. C’est proprement l’histoire élégante et gracieuse d’un crime. » Jean Anouilh, La Répétition, 1950

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Nous avons choisi de situer l’action toute entière dans un palais oriental, aux tons chauds et aux mélodies arabes. Des tapis marocains couvrent la scène, des voiles transparents isolent le prince de sa cour et délimitent l’espace du règne et du complot. Pâtisseries orientales, tchadors et bijoux viennent envelopper et séduire les deux figures candides venues d’occident : Arlequin et Sylvia sont brutalement introduits dans un monde radicalement différent du leur, et confrontés à une culture dont ils ne soupçonnent pas les règles.

Il s’agit à travers ce parti pris de déplacer la référence, de donner un écho actuel aux thèmes du règne, des apparences, de l’enfermement. Puisque la société moderne ne permet plus de percevoir la royauté comme une référence absolue de pouvoir et d’autorité, le contexte doit évoluer et se tourner vers une actualité plus significative. La culture islamique nous permet de désigner la modernité du texte : derrière un voile religieux se dissimule l’hypocrisie, qui guide toute l’intrigue. L’Orient est l’espace de l’érotisme, de la sensualité, et de l’ambiguïté : il s’accorde donc à accueillir un jeu de séduction fondé sur la manipulation. Sous prétexte d’amour on endoctrine aisément, et les armes du prince arabe et de son intrigante se révèlent vite efficaces. L’inconstance règne lorsque luxe et séduction sont mis en œuvre. Les personnages occidentaux, gourmands et sensuels, résistent difficilement à l’attrait enivrant de la richesse et de l’exotisme.

Cette rencontre entre Marivaux et l’Orient permet de mettre l’accent sur la thématique de l’enfermement : le palais est un univers clos, Dans cet univers où le masculin domine, le prince est tout-puissant et se constitue habilement son harem : en épousant Sylvia, il ne fait qu’ajouter une figure supplémentaire à son lot de femmes voilées. Une fois entchadorisée, Sylvia scelle son destin, et renonce à la liberté. La confrontation entre l’Orient et l’Occident se résout par une victoire du pouvoir qui arrive à ses fins. Seule Flaminia affirme son indépendance et sa révolte ; elle sert le prince pour mieux servir ses propres intérêts, son union avec Arlequin n’est pas un acte d’amour mais de liberté : le voile glisse et dévoile ses cheveux, symboles de féminité et d’émancipation.

Le pouvoir de Marivaux se situe dans son habileté à mêler gravité des thèmes et légèreté du ton : l’humour est une arme redoutable, qui permet ici d’accentuer le décalage entre Orient et Occident. Arlequin et Sylvia donnent vie au comique de Marivaux en lui offrant la modernité de leur point de vue et de leur provenance occidentale. Les deux amoureux sont ici des touristes piégés, et portent sur cet univers islamique un regard innocent mais non moins perçant ; ils dévoilent ainsi, au moyen d’un sens aigu de la rupture, l’hypocrisie de ce sultanat irréel, aux tons actuels.

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« Vos enfants rechignent à vous accompagner au théâtre ? Voici un spectacle qui devrait les faire changer d'avis. Transposée, à la fois à notre époque et dans un sultanat imaginaire, la comédie de Marivaux, écrite en 1763, a rarement paru, en effet, si moderne. La mise en scène pleine d'intelligence et d'humour de Raymond Acquaviva rend éclatant le décalage entre la naïveté du couple d'amoureux Sylvia-Arlequin et la rouerie perverse de leur entourage. La prestation des acteurs symbolise l'alchimie parfaite de la fraîcheur et de l'efficacité. » Télérama, M. Bourcet

« Double, l'inconstance amoureuse n'en est que plus savoureuse. Quand de surcroît elle titille des êtres et une action située aujourd'hui et au cœurs d'un sultanat, le vers de Marivaux, gracieux, recherché mais si limpide aussi, s'enrichit d'autres fines nuances. Raymond Acquaviva, dans sa mise en scène pleine d'allant, d'humour - de second degré par instants - et de pétulance, nous le signale avec l'art de la fluidité. L'alchimie opère donc entre la langue de Marivaux et ce contexte tout à la fois oriental et actuel, où elle se brise en un pétillant décalage. L'occasion, assurément, d'inviter les adolescents rétifs aux classiques à visiter celui-ci. » L’humanité, A Bredy

« Quand Marivaux réveille les Maures. Objectif : pointer la modernité d’un texte écrit en 1723 à travers la culture islamique. Raymond Acquaviva a osé et ça marche. Ecrin de la sensualité mais aussi de la dissimulation et de l’ambiguïté, l’orient offre un cadre idéal à ce jeu de la séduction fondé sur la manipulation. Acquaviva lorgne vers une actualité brûlante (voile féminin, enfermement…) et sabre le monde faisandé de la royauté comme les faiblesses des Occidentaux sensibles aux charmes entêtants du luxe et de l’exotisme. Allez donc revisiter vos classiques avec ce spectacle généreux. » A Nous Paris, M Hajoui

« La mise en scène qui situe l’entrée dans un palais oriental avec femmes voilées, sert magnifiquement ce texte. Preuve s’il en fallait que l’on peut tenir un public pendant 2h sans une once de vulgarité, sans complaisance. Subtilité et force aussi, et fraîcheur dans le jeu des acteurs dont pas un ne tire la couverture à lui. Si vous avez une arme a feu, tirez sur votre poste de télévision, puis réservez une place pour la Double Inconstance. » 18ème du mois, P A A D

« Diable ! Sylvia, figure candide venue d’occident « entchadorisée ». Arlequin en bermuda et chemise tahitienne badinant dans un sultanat irréel… et pourquoi pas John Wayne en vedette du Crazy Horse ? Raymond Acquaviva a osé. Acteur, metteur en scène, directeur au Sudden Théâtre, ce bretteur à la ville comme à la scène s’est affranchi des critères convenus pour situer l’action de la double inconstance dans un palais oriental. Objectif : pointer la modernité d’un texte écrit en 1723 à travers la culture islamique et ça marche ! Ecrin de la sensualité mais aussi de la dissimulation et de l’ambiguïté, l’orient offre un cadre idéal à ce jeu de séduction fondé sur la manipulation. On ne va pas vous faire le pitch… Rappelons juste que Marivaux nous raconte avec drôlerie et rouerie comment défaire l’amour de deux amants en une seule journée. Une joyeuse intrigue s’épanouit. Vivement enlevée par la pertinence du regard et du style, le sens du rythme et des images. En quelques scènes délicieusement cocasses, Acquaviva lorgne vers une actualité brûlante (voile féminin, enferment, endoctrinement) et sabre le monde faisandé de la royauté comme les faiblesses des occidentaux sensibles aux charmes du luxe et de l’exotisme. Allez donc revisiter vos classiques avec ce spectacle généreux. » A Nous Paris

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Informations pratiques

Sudden Théâtre

14 bis, rue Sainte Isaure 75018 Paris

Spectacle terminé depuis le vendredi 19 mars 2010

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