Le texte
Note d'intention de scénographie
Notes sur l'auteur
Citations de l'auteur
La compagnie, son projet
La Folle Allure raconte Lucie, une enfant fougueuse, fugueuse. C’est le cirque qui lui a offert ces compagnons de route peu ordinaires et le goût du voyage. Elle devient une jeune femme qui refuse les carcans, les obligations.
Elle court à folle allure vers la liberté, vers la vie. Sa devise : « On verra bien ». Lucie prend sa respiration dans le souffle de la musique, en particulier celle de Jean Sébastien Bach. Elle lui donne la mesure et révèle son énergie, son écriture.
La Folle allure est un livre d’une grande sensibilité. Sa poésie m’a envahie dès la première lecture et m’a fait partir en voyage. Un voyage initiatique qui conduit à la lumière, voilà comment je pourrais le résumer.
J’ai eu envie de le transposer à la scène, de voir Lucie se mettre à bouger, sortir de la page pour venir nous raconter son histoire. Magali Herbinger est Lucie. C’est une évidence. C’est elle qui m’a guidée vers ce roman, elle qui m’a donné l’impulsion nécessaire pour entamer le travail.
La liberté est l’axe principal, le tronc du récit. Du cirque aux bois du Jura, Lucie se construit. Elle avance à tâtons. Elle cherche et bien sûr, elle mûrit. Elle prend de la hauteur.
Pour permettre à l’histoire de naître sous les yeux des spectateurs, la scène se scinde en deux espaces distincts : le passé et le présent.
Le passé, lieu de l’enfance où le théâtre se joue et où l’actrice est tour à tour une petite fille, une adolescente, une jeune mariée. C’est le lieu de l’envie, de la fugue, de la fraîcheur et de la désillusion. L’éclairage y est joueur, multiple, indomptable. Il nous donne à voir des chimères : un loup, un cimetière italien, un ogre, un arbre. L’arbre d’enfance où s’enracine l’espoir.
Le présent, quant à lui, est le lieu où Bach résonne de toutes ses notes. Un fauteuil y trône, sans âge. Il est là, implacable, éclairé crûment, mais Lucie, avec magie, le transforme et révèle l’impalpable. Dans ce lieu, elle découvre une nouvelle musique, les battements de son cœur enfin apaisés. Sa danse éphémère rythme le temps qui passe. Dans cette chambre d’hôtel, le personnage est venu chercher le silence. La créatrice s’y réfugie pour entasser des pages noircies par sa mémoire. L’ange aux cheveux roux l’accompagne, c’est son double rieur et ensemble, ils prennent sous leurs ailes, une vieille dame rencontrée dans une maison de retraite.
Ces deux espaces s’entrecroisent, finissent par se rejoindre. Lucie grandit comme son arbre. Un trapèze apparaît. Nos âmes d’enfants attendent l’arrivée des acrobates sous le chapiteau, mais ils ne viennent pas. Eteignez les lumières, laissez–vous gagner par l’obscurité et sous les roulements du tambour, levez votre regard vers le ciel.
Rachel Ruello
Christian Bobin se maintient en retrait du monde littéraire. L’oeuvre de cet écrivain solitaire est marquée par cette identité singulière. Cet homme maîtrise un langage peu commun. Il enrobe les vibrations de l’existence de mots simples et magnifiques. Apparaissent alors l’amour, la liberté et l’enfance. Il porte un regard sur ces indicibles avec une humilité déconcertante. Ses mots sont des émotions qui résonnent et qu’il nous contraint presque à ne pas retenir, ni à comprendre.
Ses livres sont des voyages qui n’atteignent pas la mémoire, mais le coeur. Ils sont pur don et ne sont là que pour insuffler de la lumière dans les ombrages de nos esprits confus. Son écriture mène à un essentiel difficile à exprimer, une grave légèreté.
Ses livres n’apportent pas de réponses, mais laissent de fortes sensations. On peut rencontrer l’état de la contemplation et ressentir la vie au plus profond de soi. Si l’on est touché par son univers poétique, il y a juste à réaliser que l’on vient de recevoir quelque chose, même si l’on ignore ce que c’est précisément. On sait seulement que l’on a reçu quelque chose de précieux et vital. Là est toute la magie de son écriture.
« Il nous faut mener double vie dans nos vies, double sang dans nos coeurs, la joie avec la peine, le rire avec les ombres, deux chevaux dans le même attelage, chacun tirant de son côté, à folle allure. Ainsi allons-nous, cavaliers sur un chemin de neige, cherchant la bonne foulée, cherchant la pensée juste, et la beauté parfois nous brûle, comme une branche basse giflant notre visage, et la beauté parfois nous mord, comme un loup merveilleux sautant à notre gorge. »
« Le mot « amour » est comme le mot « Dieu » : ce n’est pas pour nommer quelque chose que je les utilise. C’est pour protéger un temps ce que je ne sais pas nommer, pour l’envelopper d’un silence, pour mettre entre cette chose et toute intelligence convenue un espace infranchissable, afin que ce qui vient sous ces noms-là continue à venir, à prendre force et plénitude. »
Bobine et Compagnie est une compagnie qui est née d’une amitié entre deux femmes, deux comédiennes aux parcours différents, Rachel Ruello et Magali Herbinger.
Bobine et Compagnie existe depuis 2006. Cette structure leur permet de donner vie à leurs différents projets artistiques, la création, l’écriture et différents ateliers. Pour leur première création, elles cherchaient une forme d’écriture poétique, qui n’avait pas été écrite pour le théâtre.
Elles se sont dirigées vers les œuvres littéraires de Christian Bobin.
C’est le roman La folle allure, qu’elles décident d’adapter, car cette histoire porte, avec simplicité les notions de liberté et d’existence qu’elles souhaitent travailler sur scène.
7 rue Véron 75018 Paris