L'histoire
Note d'intention
Note de l'auteur
Extrait
Berlin 1933. Hans est videur dans la petite gargote enfumée de Mr Kaltenbrunner. Ancien communiste, il ne se soucie plus de politique. Toute son énergie, il la consacre à son amour pour Judith, jeune serveuse juive.
Mais à l’extérieur du bar tenu par Monsieur Kaltenbrunner et sa femme, en dehors ce petit cercle de personnages qui font le quotidien des amoureux, l’Allemagne du troisième reich naît et grandit trop vite, l’antisémitisme est omniprésent, le parti nazi déjà tout puissant. Quand Judith tombe enceinte, Hans est heureux et confiant, il pense pouvoir la protéger et éloigner le malheur. Mais pour combien de temps ?
La Mise au Pas, Die Gleichschaltung en allemand désigne la transformation radicale de la société qui intervient en Allemagne à partir de janvier 1933, date de l’arrivée d’Hitler au pouvoir. C’est la «mise au pas » des institutions (administratives, judiciaires ou religieuses) et des gens qui doivent se plier aux doctrines nazies ou disparaître. En effet, au cours de l’année 1933 de nombreuses mesures sont prises qui permettent au parti nazi d’être l’unique parti allemand avec Hitler comme seul chef. Le parti communiste est interdit, Hitler obtient les pleins pouvoirs, et rapidement, les premières lois visant les juifs, les gitans, les homosexuels ou encore les handicapés font leur apparition. Tout alors est en place pour l’horreur qui suivra.
Une pièce dont la scène est à Berlin pendant cette année noire ne peut s’extraire complètement de son contexte . Pour autant, la Mise au pas n’est pas une pièce historique, c’est avant tout une histoire d’amour entre un homme, Hans et une jeune femme, Judith.
Ce qui m’a profondément touchée lorsque j’ai lu cette pièce pour la première fois, c’est le mélange de douceur et de cruauté que j’y ai trouvé. La Mise au Pas pose une question : l’amour reste-il possible dans un monde malade ? Survit-il à la folie des hommes ? Et comment ? La pièce ne prétend pas répondre à ces questions mais elle nous laisse contempler la naissance d’un amour et sa lutte pour survivre dans un monde où il ne semble plus avoir sa place. Un tel spectacle est déchirant bien sûr, mais Alexandre Duclos a su créer des personnages extrêmement attachants qui font souvent surgir de petites bulles de légèreté et d’humour au milieu du chaos. Dans la préface de La Mise au Pas, il décrit la pièce comme « une tragédie douce et vivifiante ». En plus d’être amusante, la définition est fort juste.
C’est donc cela que vous allez voir. Une tragédie douce et vivifiante.
Leïla Moguez
Que reste-il de nous lorsque nous sommes écrasés par toutes les misères ? Voilà la question qui va être posée dans cette intrigue. Aucune réponse ne sera fournie, au mieux quelques observations pourront être faites. La Mise au pas est construite comme l’évocation de souvenirs.
Cette succession de scènes est le cheminement d’une conscience hantée par des souvenirs anciens. On ne voit donc les choses qu’au travers d’une conscience embuée, obsessionnelle, sincère , mais singulièrement détraquée.
Aussi étrange que cela puisse paraître, il nous faut mentionner que les personnages de la Mise au pas ont atteint rapidement une autonomie presque totale, au creux même de la conscience de notre héros. La vie est surprenante et ce qu’elle laisse de nous dans la mémoire des autres est toujours vivant, remuant. Même dans ce repli cérébral , même dans la citadelle intérieure, la vie parvient à insinuer son hypertrophie, son étrangeté.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, La Mise au pas n’est pas une drame tragi-comique. Elle ne parvient pas à la noblesse et à la légèreté de ce genre superbe. Ce serait plutôt une tragédie, mais une tragédie douce et vivifiante.
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Hans :
-"Je t’aime Judith."
Karl et Judith :
-"Tais-toi Hans."
Hans :
-"Attends, attends, je vais trouver quelque chose de convaincant. Je t’aime, comme j’aime un souvenir, quand j’étais petit et qu’il pleuvait. Je t’aime comme quand il y a un ciel bleu craquant, au petit matin et que le soleil vous attend un peu avant de vous taper dans l’oeil. Ou alors, je t’aime comme moi-même mais alors avec de la rhubarbe. De la rhubarbe et de la crème. Je t’aime comme la bière. Comme la première fois que je t’ai passé la main dans les cheveux. Pouvait-il y avoir quelque chose de meilleur ? Tu vois, avec tout cet amour, peut-il nous arriver quelque chose ?."
Je suis allée voir cette pièce hier soir après avoir lu la critique du Figaro de ce week-end. Et bien je ne suis pas déçue et même plutôt agréablement surprise par cette jeune troupe. Les comédiens sont très bons et n'ont rien à envier aux grosses "pointures" souvent bien ternes en comparaison. Cette belle histoire d'amour écrite par le jeune Duclos, située dans la période trouble de l'avant guerre,y est traitée de façon très originale. Chapeau bas à Mlle Leïla Moguez, jeune comédienne"mystérieuse"(dixit le Figaro)et metteur en scène. Merci pour cette très belle soirée.
Je suis allée voir cette pièce hier soir après avoir lu la critique du Figaro de ce week-end. Et bien je ne suis pas déçue et même plutôt agréablement surprise par cette jeune troupe. Les comédiens sont très bons et n'ont rien à envier aux grosses "pointures" souvent bien ternes en comparaison. Cette belle histoire d'amour écrite par le jeune Duclos, située dans la période trouble de l'avant guerre,y est traitée de façon très originale. Chapeau bas à Mlle Leïla Moguez, jeune comédienne"mystérieuse"(dixit le Figaro)et metteur en scène. Merci pour cette très belle soirée.
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