Tania revient chez elle, à Moscou après dix ans d'absence. Droguée, malade, elle vit dans son imaginaire, à la recherche de son enfance perdue. Mais tout a changé. Les domestiques sont devenus les maîtres, la société est devenue violente. Dima, son amour de petite fille, est devenu un vagabond blessé qui joue au violon les dix premières mesures de La Polonaise d'Oginski dans un souterrain du métro.
Jusqu'alors inconnu en France, le théâtre de Nicolaï Koliada parie sur la richesse du langage, en juxtaposant langue classique, citations de grands auteurs, argot et comptines. Et c'est par leur délire verbal que ses personnages puisent la force de survivre et de rêver d'un ailleurs. Dans ses pièces une force magique, mystérieuse, plane et habite les personnages, les entraîne à la limite de la folie. L'atmosphère est traversée de fulgurances poétiques et de visions qui intriguent et séduisent.
Lisa Wurmser, metteur en scène, a beaucoup contribué à faire connaître en France le nouveau théâtre russe et explore ici les souvenirs et la mémoire, l'impact de l'enfance sur l'adulte, en restituant le paysage cinématographique de l'écriture de Koliada. Une pièce et une écriture exceptionnelles où se croisent et s'affrontent l'Amérique et la Russie, des vies fragiles et fragilisées.
Une langue et un regard qui ouvrent les yeux sur les grands mythes. Certainement un des très grands moments du Festival d'Avignon de cet été.
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