Le Caïman

Ils vivent ensemble depuis plus de trente-cinq ans. Elle, Juliette, une femme d’une force de caractère exceptionnelle, fidèle jusqu’au bout à ses convictions et à son amour ; lui, Henri, un homme brillant et séducteur mais profondément tourmenté…

Une union basée sur l’amour, une union fondée sur un total malentendu ; passion et trahison, harmonie et violence alternent en permanence jusqu’à ce que l’impensable survienne. Tout se déroule l’espace d’une nuit. Nuit de doutes, de remises en question : familiale, conjugale, philosophique, politique… La dernière nuit d’un amour fou ?

Fiction ou réalité ? Cette pièce s’inspire de la confession du célèbre philosophe Louis Althusser. Le 16 novembre 1980 au matin, ce maître à penser de toute une génération politique, ce professeur influent à Normal’Sup, que l’on surnomme « Le Caïman », étrangle sa femme Hélène Rytmann et termine sa vie dans un asile psychiatrique. Ce drame suscite de multiples interprétations : geste d’amour ou de haine, acte de possession ou de révolte, drame conjugal banal ou défoulement de caractère ? Quoi qu’il en soit, situation éminemment théâtrale.

Pour mieux restituer cette nuit, les accents de démence se mêlent aux élans de tendresse, l’irréel confronte le quotidien, l’indifférence s’attache à l’essentiel, le silence devient un grand cri de douleur. Une pièce dure, intelligente, captivante, qui offre à Claude Rich et Christiane Cohendy deux exercices virtuoses. Le théâtre comme grand Art de rendre visibles les âmes.