Le Mariage secret

Bobigny (93)
du 28 avril au 3 mai 2009

Le Mariage secret

Carolina, la fille cadette du riche marchand Geronimo, a épousé secrètement Paolino, le commis de la maison. Arrive le prétendant de la fille aînée Elisetta, un comte anglais ruiné, qui tombe alors sous le charme de Carolina. En mal d’aventures, la tante Fidalma fait les yeux doux au jeune Paolino…. Avec Les solistes de l'Atelier lyrique de l'Opéra national de Paris. En italien surtitré.

Spectacle en italien surtitré.
Distribution en alternance.

La MC 93 et l'Atelier lyrique
La vie est une comédie
Entretien avec Marc Paquien

  • La MC 93 et l'Atelier lyrique

Après le Cosi fan Tutte, la MC 93 souhaitait ces retrouvailles avec l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris. Cimarosa est un contemporain de Mozart, et Le Mariage secret rappelle Les Noces mais qui est moins engagée que Da Ponte. Vienne en 1792. Deux mois après la disparition de Mozart, Le Mariage secret de Cimarosa triomphe lors de sa création au Burgtheater. Rapidement, le succès s’étend à toute l’Europe.

Carolina, la fille cadette du riche marchand Geronimo, a épousé secrètement Paolino, le commis de la maison. Arrive le prétendant de la fille aînée Elisetta, un comte anglais ruiné, qui tombe alors sous le charme de Carolina. En mal d’aventures, la tante Fidalma fait les yeux doux au jeune Paolino…

Melodramma giocoso en deux actes de Domenico Cimarosa
Livret de Giovanni Bertati
Direction musicale Antony Hermus
Avec Les solistes de l'Atelier lyrique de l'Opéra national de Paris et l'Orchestre Atelier OstinatO.

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  • La vie est une comédie

La vie est une comédie, semble nous dire Le Mariage secret de Cimarosa. Une musique dédiée au plaisir du public et du jeu, quand l'amour et la passion charnelle de deux jeunes gens provoquent une série réjouissante de catastrophes ! C'est alors toute la maison qui devient folle et fait enfin sombrer le monde de l'argent et des convenances, l'économie bourgeoise qui voulait régir les codes de l'amour. Avant que ces nuages ne disparaissent et ne nous ramènent tous, enfin, épuisés, à l'état de félicité. Vaniteux, parfois cupides, souvent contradictoires, les personnages de l'opera buffa nous charment et se laissent entraîner dans un voyage aux confins du réel, dans une manie proche de l'art de Goldoni, où le chant devient l'expression la plus colorée et la plus violente de leurs passions, c'est-à-dire de leurs désirs.

Marc Paquien

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  • Entretien avec Marc Paquien

Vous avez répondu une nouvelle fois à une demande de l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris ?

Oui. Ce travail engagé il y a quelques années a permis à mon équipe artistique et à moi-même de créer un lien artistique et imaginaire fort avec l’Atelier Lyrique. Le Mariage secret, qui est notre troisième collaboration, fait suite à un travail autour d’oeuvres de Jules Massenet effectué en 2007, ainsi qu’à la création d’un opéra du compositeur Xavier Dayer d’après Les Aveugles de Maurice Maeterlinck, spectacle que Gérard Mortier a souhaité reprendre à l’amphithéâtre de l’Opéra Bastille en 2008 après sa création à Saint-Denis puis à Londres en 2004.

Abordez-vous la mise en scène d’opéra d’une façon différente par rapport au travail que vous faites pour le théâtre ?

Je ne crois pas. Car, que ce soit au théâtre ou à l’opéra, j’essaie toujours de réinterroger la place qui doit être la mienne par rapport au plateau, le rapport que je dois établir avec l’oeuvre mais aussi, bien sûr, avec les interprètes. Chaque nouvelle expérience est ainsi, pour moi, une nouvelle page qui s’ouvre sur l’art de la mise en scène. Une page unique qui s’invente à partir du concret des répétitions et de l’imaginaire du plateau, une page faite d’inspirations, de jaillissements, de révélations, d’expérimentations se transformant parfois en évidences. Je ne travaille jamais par préméditation. Bien sûr, à l’opéra, l’univers du metteur en scène vient se glisser à l’intérieur de l’univers des voix et de la musique. D’une certaine façon, il vient les servir. Il faut donc savoir apprendre l’indispensable, savoir accepter d’occuper une place importante mais périphérique. Cette position implique des modalités de travail qui ne sont pas celle du théâtre. Mais, finalement, une fois ces modalités admises, j’ai l’impression que mon processus de création n’est pas essentiellement différent.

Comment dirigez-vous les chanteurs ?

Les chanteurs de l’Atelier Lyrique sont des jeunes gens riches d’un parcours individuel d’exception. Je suis là pour les aider à s’inventer en tant qu’artistes. J’essaie ainsi de leur transmettre une réflexion sur l’espace scénique, sur le travail d’un rôle, sur le regard que l’on pose sur un partenaire. Bien sûr, j’instaure avec eux un dialogue autour de l’art de la mise en scène. Car, je pense qu’il est important qu’un chanteur apprenne à se mettre en jeu, à être présent de façon créative et dynamique sur un plateau. J’ai d’ailleurs constaté que les chanteurs sont souvent très participatifs : ils proposent beaucoup, établissent naturellement des liens entre le chant et le jeu.

Quel rapport installez-vous entre le chef d’orchestre et vous ?

J’aime le partage. D’ailleurs, je considère toujours que mes collaborateurs artistiques (décorateur, créateurs de costumes, de lumières, de maquillages…) font de la mise en scène avec moi, qu’ils épousent mes rêves et contribuent à les nourrir. De même, j’aime l’idée que le chef d’orchestre puisse poser un regard sur la mise en scène. Car, il me semble que le metteur en scène et le chef se doivent ’instaurer un rapport d’étroite collaboration afin que les chanteurs puissent se sentir en confiance et étendre leurs possibilités.

Qu’est ce qui vous a donné envie d’accepter la proposition de l’Atelier Lyrique ?

La beauté de la musique et le plaisir du jeu, la dimension ludique et parfois démesurée du Mariage secret. Cet opéra ne puise pas dans la psychologie, mais dans un lien permanent à la comédie, au canavas. Cette oeuvre me fait parfois penser à la Dolce Vita, quand Mastroianni se retrouve pris dans cette étrange fête nocturne et baroque. Le livret ouvre la porte d’une maison qui devient folle. J’ai imaginé un monde au sein duquel les riches marchands napolitains devenaient des trafiquants d’art, dans une propriété sur les pentes de la baie de Naples, face au Vésuve qui fume…

Un père est prêt à vendre ses filles au plus offrant, la cadette se marie en secret au valet qui est lui-même courtisé par la tante, tandis que la soeur aînée ne pense qu’à se venger, tout cela dans une oisiveté totale. Cet imbroglio familial est proche de la folie : en un jour et une nuit vont se jouer les destins croisés de tous ces personnages. Tout cela est débridé, joyeux et festif. On est au coeur de l’atmosphère d’ivresse et de « manie » dont parlait si bien Goldoni. Mais tout cela repose aussi sur des mensonges, sur l’argent et sur les convenances qu’il faut respecter… Oui, cela se termine d’ailleurs par un mariage très classique, mais un mariage de théâtre puisqu’au XVIII° siècle on ne peut pas mettre de prêtre sur scène et qu’on le remplace par un notaire… L’argent est le nerf de l’action, le moteur essentiel de l’intrigue. Dans Le Mariage secret, on se retrouve dans l’univers de Marivaux où le mariage d’amour n’existe quasiment pas.

Le fait de jouer dans une salle de banlieue pour un public qui n’est pas totalement un public d’habitués vous semble-t-il important ?

Plus qu’important, cela me semble primordial. Représenter Le Mariage secret à la MC93, c’est ouvrir un espace de rencontre, de partage, dans une tradition chère à Jean Vilar et Antoine Vitez, dans l’esprit de « l’élitaire pour tous », esprit qu’il faut défendre et préserver. Où pouvons-nous nous rencontrer si ce n’est dans un théâtre ? Je crois que les grandes institutions telles que l’Opéra de Paris doivent se faire un devoir de sortir de leurs murs pour aller à la rencontre de toutes sortes de publics, pour donner une chance aux moins favorisés d’assister à des spectacles auxquels ils ne pourraient tout simplement pas assister à Paris. Cette idée de mélange et de croisement me semble fondamentale. Elle est l’un des piliers du monde artistique auquel je souhaite apporter ma pierre.

Propos recueillis par Jean-François Perrier © MC93/Bobigny.

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Informations pratiques

MC93

9, bd Lénine 93000 Bobigny

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  • Bus : Hôtel de Ville à 84 m, Karl Marx à 181 m, Maurice Thorez à 274 m
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Plan d’accès

MC93
9, bd Lénine 93000 Bobigny
Spectacle terminé depuis le dimanche 3 mai 2009

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