Trop de médicaments, Jade se lève, vacille et tombe. Le geste lent, fragile, elle avance vers son miroir. Elle se regarde, « besoin irrépressible de réfléchir… quelque part ». Mains molles, bras ballants, corps comme désassemblé, il lui faut réapprendre à tenir debout, à être. Son amie Iris va l’aider. Autour d’elles, la sœur, un ex-compagnon, un percussionniste et un voisin musicien, violoniste yiddish, les suivent et les accompagnent. Le chemin sera long et cruel, mais aussi charnel, et dansant. Jade va sourire, réapprendre à se mouvoir, à parler, à savourer le goût des choses, des fruits, la grâce de la musique. Elle quittera la souffrance, elle partira à l’exploration de sa propre intimité, territoire oublié, anéanti. Elle réapprend à vivre.
Rare au théâtre, l’actrice et réalisatrice Sandrine Bonnaire jouait en 1990 La Bonne Âme du Se-Tchouan de Brecht. En 2014, elle joue L’Aide mémoire de Jean-Claude Carrière au Théâtre de l’Atelier, et lit L’Odeur des planches de Samira Sedira à La Comédie de Valence. Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna ont voulu faire connaître le parcours d’un rétablissement, la renaissance d’un corps. Spécialiste de la danse orientale, la chorégraphe a conçu avec la comédienne un spectacle alliant le mime, la musique, la danse et quelques mots, pour évoquer la survivance d’une femme victime d’un choc émotionnel. Son retour à la vie, à la conscience et à la joie d’exister.
« Tout en vitalité et en silences, Sandrine Bonnaire cosigne avec la chorégraphe Raja Shakarna l’histoire d’une femme au corps brisé qui choisit de réparer peu à peu son âme. » Philomene Piegay, Elle, 13 mars 2015
Le coma est l’état le plus radical de vie en rupture avec les stimulations extérieures. Dans le coma, Jade est présente mais n’existe pas. Jade est de retour chez elle. Jade vit seule. Jade est dans l’impossibilité de se réapproprier son corps et son espace. Une mort symbolique. Un corps chosifié. Jade se sent sans genre. Ne prend plus soin d’elle, ne se maquille plus. Elle se sent asexuée. Elle se voit comme déformée. Jade vit le monde extérieur comme une agression. Que ce soit dans sa perception des sons, de la lumière et dans ses postures pour s’en protéger. Mais, malgré son chaos intérieur, l’instinct de survie de Jade laisse peu à peu place à une vraie volonté de vivre.
Reconstruire
Le point de départ est celui de la reconstruction. Celle d’une femme qui se réveille après un coma, dépossédée de son corps et de son environnement, en un mot de son identité. Une identité ébranlée, à reconstruire – à construire à nouveau. Jade ne dit rien de son état, en tout cas, elle ne le verbalise pas. Elle utilise d’autres langages, plus à même de traduire ses émotions, son état d’esprit, son cheminement vers la reconstruction.
Ils sont son éveil. La musique, notamment le violon yiddish, côtoiera sur scène le mouvement, le mime et la danse. Par opposition, la parole exprimera un ancrage plus flagrant dans l’actuel, dans le quotidien des proches de Jade, mais elle sera rarement juste car elle reflètera l’évitement, la méfiance, l’incompréhension. La parole, trace du caractère indicible du traumatisme.
Éléments de scénographie
Tout l’enjeu – traversée de et avec Jade – est bien de donner à voir sur scène la réalité intérieure de Jade, le flux de ses perceptions et de sa conscience. Tout comme la lumière et ses jeux d’intensité, certains éléments du décor seront en ce sens des indicateurs de perception. J’ai envie de travailler sur le noir. Le noir comme évocation de l’intensité de l’intériorité mais qui, comme chez Soulages, peintre de l’« outre-noir », n’est pas que noir : ce qu’il y a de plus sombre mais aussi lumière.
Sandrine Bonnaire
Une évidence. Elle est spontanée, une actrice instinctive, qui sait transmettre au-delà des mots. Ici, la question de l’incarnation est essentielle. Jade doit d’abord se réapproprier son corps. Sandrine est apparue comme une certitude pour incarner Jade, ces émotions-là, depuis la quasi-animalité jusqu’à la sophistication. Lumière, musique et son s’entrecroiseront et s’interrogeront pour donner à lire son intériorité.
Raja Shakarna
j'ai adoré voir Sandrine Bonnaire dans un role aussi différent de son registre plus connu. j'aurai aimé une fin plus aboutie a la sortie j'etais en manque de quelque chose de plus abouti ,je suis restée sur ma faim
Le sujet est bien scénarisé et nous avons trouvé Sandrine Bonnaire tout à fait à sa place. Dommage pour nous qui étions placés de côté sur le 5 ou 6e rang, que l'actrice ait tiré le rideau (symbole du retour au monde) dans les dernières minutes car ce rideau opaque nous a masqué l'essentiel pendant 80% du temps ...
C'est un spectacle intéressant, par le sujet principalement. Mais la traduction de ce "réveil" est à mon goût trop lent. Trop de scènes répétitives. On a un peu envie de la secouer ... réveilles-toi Jade ! C'est à voir.
Un univers onirique fait de musique, de lumière et de danse. De la douleur à la joie, Sandrine Bonnaire nous délivre une magnifique proposition.
Pour 2 Notes
j'ai adoré voir Sandrine Bonnaire dans un role aussi différent de son registre plus connu. j'aurai aimé une fin plus aboutie a la sortie j'etais en manque de quelque chose de plus abouti ,je suis restée sur ma faim
Le sujet est bien scénarisé et nous avons trouvé Sandrine Bonnaire tout à fait à sa place. Dommage pour nous qui étions placés de côté sur le 5 ou 6e rang, que l'actrice ait tiré le rideau (symbole du retour au monde) dans les dernières minutes car ce rideau opaque nous a masqué l'essentiel pendant 80% du temps ...
C'est un spectacle intéressant, par le sujet principalement. Mais la traduction de ce "réveil" est à mon goût trop lent. Trop de scènes répétitives. On a un peu envie de la secouer ... réveilles-toi Jade ! C'est à voir.
Un univers onirique fait de musique, de lumière et de danse. De la douleur à la joie, Sandrine Bonnaire nous délivre une magnifique proposition.
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