Le Misanthrope est une pièce à double visage, comédie qui fait pleurer, tragédie qui fait rire comme on l’a souvent écrit. Le portrait des moeurs sociales et des habitus intimes qu’elle brosse de la société à qui elle s’adressait, n’a pas pris une ride, si l’on veut bien gratter le vernis et la patine des traditions nonchalantes : « Nous jouons la scène dans un espace bleu monochrome, bleu comme l’âme quand elle s’abandonne à la mélancolie, bleu comme les mots qu’on destine à l’être aimé, bleu comme les ecchymoses que la vie trace sur nos peaux ; nous la jouons aujourd’hui, avec des costumes et des corps d’aujourd’hui, au plus près des spectateurs, pour tenter de relier le plus intimement possible ce qui fut à ce qui est. Le damier moliéresque conduit Alceste et Célimène à l’échec, et les autres protagonistes ne sont pas mieux lotis ; il dessine pourtant avec empathie les hommes et les femmes, et là est sans doute la cruauté de la pièce : la peinture ne caricature pas, elle nous reflète. Il n’y aurait pas de solution, donc. Sauf d’en rire, bien entendu. »
« Philippe Sireuil monte au National un "Misanthrope" percutant et actuel. [...] Si Le Misanthrope ne prête pas, a priori, à rire, Philippe Sireuil a néanmoins accentué le côté farce des personnages et imaginé une mise en scène (dans une scénographie de son complice Vincent Lemaire), des costumes (de Catherine Somers) et des attitudes qui permettent, au moins, de rire de cette comédie sociale pour ne pas en pleurer. [...] Le coup de coeur est surtout pour Célimène, très convaincante Marie Lecomte. Pétillante, exquise, cherchant la joie et le plaisir, l’offrant à qui le veut, sans chichi, elle ne demande qu’à vivre… » Guy Duplat, La Libre Belgique, mars 2008
« Le moindre détail du spectacle s’avère porteur de sens tant dans la scénographie qui place le public face à lui-même que dans les costumes, le décor sonore, les perruques et maquillages et le travail gestuel… La distribution est elle aussi remarquable, emmenée par un Jeusette impérial. En apportant un soin et une attention de tous les instants à chaque personnage… Tous sont tantôt hilarants, tantôt pathétiques ou d’une cruauté sans nom… C’est avec Célimène que Philippe Sireuil frappe le plus fort. Loin d’être la garce sans cœur qu’on a trop souvent vu en elle, elle devient ici sous les traits d’une Marie Lecomte éblouissante aussi fragile qu’impitoyable, aussi drôle que paumée au moment du choix... » Jean-Marie Wynants, Le Soir, mars 2008
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