« Inventer, imaginer…
Rêver ce qui est donné comme impossible…
L’imaginaire de la quête, le voyage de découverte, à la recherche de mondes autres… »
Détournements de slogans, chansons de toutes sortes, musiques en morceaux, proclamations lyriques et affirmations farcesques et burlesques, rêves d’absolu qui deviennent des cauchemars, poésie d’un monde rêvé qui bascule en un rien de temps en rationalisations effrayantes…
Trois personnages, un rien clownesques, se questionnent… Ils s’interrogent sur l’utopie, questionnent leurs propres rapports à cela, tout ce qu’il peut y avoir de naïf, d’enfantin dans cette exigence…
Ils interrogent les tentatives parfois risibles rétrospectivement, de vivre autrement ensemble, d’inventer le monde… Ils reviennent sur des tentatives diverses ( plus ou moins récentes et pas toujours des plus réussies) de réalisation de l’utopie par le politique…
S’interrogent sur ce qu’a pu représenter (et ce que peut éventuellement représenter encore) pour eux, dans leurs souvenirs, dans les histoires qu’on leur a raconté, ces tentatives… Ils mettent en rapport l’approche de la relation amoureuse à travers des textes d’utopistes comme Charles Fourier et la réalité du couple… Ils sont très sérieux, très joyeux aussi dans cette recherche… Sans trop d’illusions, mais sans dérision ni amertume…
Et en ne pouvant s’empêcher de penser aussi à cette phrase de Maiakovski : “Et nous inventerons des roses nouvelles pour les grands enfants que nous sommes…” Eugène Durif
Par la Compagnie l’Envers du décor.
« Et c'est bien ce que donne leur spectacle primesautier, à la fois profond et léger et politique : du bonheur. » Jean-Luc Porchet, Le Canard enchaîné, 22 avril 2015
« Le trio s'articule à la perfection pour jongler avec les contradictions de ce qui fut et aurait dû être un univers humain (...) Il y a là de la plaisanterie philosophique et de la gravité réflexive, un humour moulu très fin que Jean-Louis Hourdin, en homme de grande bonté et joyeux humaniste, a guidé d'une main et d'un cœur sûrs pour notre plus grand plaisir... Non, l'utopie n'est pas une langue morte. » Jean-Pierre Léonardini, L'Humanité
« Un voyage immobile au cœur du fatras théâtral (...). une quête de l'impossible guidée par un autre membre éminent et indispensable du cercle des utopistes, Jean-Louis Hourdin. Eugène Durif avait bien raison : seuls les clowns, impénitents voyageurs immobiles ou non, mais la tête pleine de rêves, sont en capacité d'approcher le mystère politique. » Jean-Pierre Han, Frictions
A la suite de plusieurs « petites formes » réalisées avec Jean-Louis Hourdin dans des tentatives d’un théâtre « savant et populaire » (pour reprendre sa définition), j’ai éprouvé le besoin d’écrire autour de ce que peut représenter l’utopie aujourd’hui, en une période où son existence, sa nécessité ne paraissent pas trop être dans l’air du temps.
Pouvons-nous rêver encore d’une utopie vive ? (dans le sens où Rabelais écrit : « je ne bâtis que pierres vives, ce sont hommes »). Dans ce paradoxe, construire un espace de nulle part (c’est le sens étymologique d’utopie) qui soit en même temps un lieu concret ? Avec la conscience que ce rêve peut déboucher très vite sur un cauchemar bien réel. Avec ce que chacun d’entre nous a pu éprouver de désillusions…
Le texte que je commence à écrire ne se veut pas une réflexion « sérieuse » sur la question, même s’il peut évoquer ou faire surgir en chemin des questions importantes (qui sait ?)…Sous une forme qui serait à la fois joyeuse, clownesque (voire grotesque) ou lyrique…
Dans ces premières tentatives d’écriture, je pense à un petit choeur de pélerins…Ils se lancent dans ce voyage, dans les questions et variations, se racontent des histoires, se chantent des chansons pour la route, s’adressent parfois au public. Des petites fables, des petites phrases pour essayer d’en parler…
Et au bout du voyage, peut-être simplement la chaleur de l’autre, d’un corps, d’un regard, d’un visage qui donnent à nouveau à rêver…Et le désir de rêver et de vivre…
Elle, c’est une actrice, elle rêve de jouer un beau personnage de théâtre, une Piéta de l’utopie ou une Passionaria… Puis, peu à peu, elle sera prise dans cette petite odyssée, ce voyage immobile dans lequel ils s’engagent… Elle oubliera un peu la comédienne…
Le musicien est un brin obsessionnel, il aimerait que l’on soit d’emblée dans le ton juste, dans la mesure adéquate, mais il se laisse lui aussi, peu à peu, gagner par l’émotion…
Le troisième, est une sorte de vagabond un brin philosophe. Il a encore des velleités, de vieux rêves pas tout à fait enfouis…Il est encore partant, même si parfois (souvent) le doute le gagne ou le submerge… Mais il ne peut s’empêcher d’espérer et de rêver. Tout comme ses deux camarades.
Il sont prêts à y aller, ils ne savent pas forcément où. Mais ce qu’ils ont vécu, traversé, n’empêche pas qu’il y ait encore une vitalité un peu désespérée mais bien présente…ls savent bien qu’ils sont tous trois un peu border line, coupés du monde et d’eux-mêmes, et cela ne les empêche pas de s’enflammer, de rêver, et surtout de rire d’eux-mêmes…De leurs illusions dont ils ne sont jamais tout à fait dupes… Un façon aussi de se sauver…
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