Louise Colet, la maîtresse délaissée de Flaubert, retrouve un soir le manuscrit du Dictionnaire des idées reçues. Le lisant, elle en fait entendre toute l’ironie. Dans son échange avec le public, elle en souligne aussi l’actualité et interroge : les Idées reçues sont-elles l’horizon de la pensée ?
Louise est un fantôme, un personnage sollicité pour opérer la mutation théâtrale du texte de son amant et son inscription dans le monde contemporain.
Une table, une chaise, une cafetière... Comme une causerie amicale qui révèle l’obsession de Flaubert : l’ère démocratique égalitaire supprimera les génies, fera de la médiocrité la norme, à condition qu’elle soit lucrative.
Louise Colet est une poétesse française née en 1810 et morte en 1876, qui fut, entre autres, la maîtresse de Gustave Flaubert, de dix ans son cadet. Des années durant, ce dernier la prendra pour confidente privilégiée des affres de sa création littéraire, notamment entre 1852 et 1856, pendant la longue gestation de Madame Bovary. Le spectacle part de l’annonce qu’il lui fait en 1852 de son projet du Dictionnaire des idées reçues pour imaginer la lecture qu’elle pourrait en faire, alors et aujourd’hui.
Est-ce Louise Colet ou Christine Blondel qui lit ? Le costume du dix-neuvième siècle enveloppe une femme d’aujourd’hui qui, attablée devant ses contemporains, leur donne sa lecture du texte de Flaubert... et le texte se met à vivre, s’incarne théâtralement.
Le texte a été revisité, mais sans changer les mots de l’auteur. Il s’est agit d’abord de choisir les entrées du dictionnaire qui résonneraient encore au vint-et-unième siècle, puis d’ajouter parfois quelques commentaires, enfin d’instaurer la participation du public en incluant leurs propres idées sur trois questions :
- Contre quoi avez-vous une dent ?
- Qu’est-ce qui vous inspire ?
- Que faudrait-il absolument voir ou faire avant de mourir ?
Louise est bien un fantôme, un personnage sollicité pour opérer la mutation théâtrale du texte de son amant et son inscription dans le monde contemporain.
Une table, une chaise, une cafetière... Comme une causerie amicale, qui révèle cependant l’obsession de Flaubert : l’ère démocratique égalitaire supprimera les génies, fera de la médiocrité la norme, voire l’idéal social, à condition qu’elle soit lucrative. Quelles auraient été ses craintes s’il avait pu imaginer le développement à venir des mass media, notamment Internet ?
Alors, les Idées reçues sont-elles l’horizon de la pensée moderne ? Peut-on les traquer aujourd’hui comme Flaubert le faisait sous le Second Empire ? Toute pensée finira-telle en idée reçue ? Ce texte inachevé donne une clé pour lire non seulement l’oeuvre d’un grand écrivain mais aussi le monde tel qu’il va (ou ne va pas). Le théâtre de chambre de Christine Blondel part de la lecture de Flaubert pour partager son humour féroce et son réalisme noir (et inversement) avec les spectateurs, dans le cadre intime de petites salles, d’appartements, de cafés littéraires, de librairies ou bibliothèques, de salles de classe...
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