Dans Le jeu de l’amour et du hasard Silvia est l’héroïne romantique par excellence : couvée par son père, elle est encore une petite fille dans un corps de femme. De peur d’affronter le monde adulte et réel où prend part la sensualité, elle préfère jouer avec Dorante comme elle jouerait avec ses poupées avec caprice, désinvolture et cruauté.
Cette pièce représente l’éveil en elle et à l’autre de Silvia qui à force de jouer avec les sentiments pour les éviter se prendra malgré elle au jeu de l’amour sans en saisir encore les règles que lui apprendra avec patience Dorante. Leurs déguisements qui, croient-ils, les protègent, ne réussiront qu’à faire apparaître la vérité la plus intime de chacun.
L’action se situe dans un grand jardin propice aux jeux, aux faux-semblants et à l’éveil des sens. Dans cette ambiance printanière et insouciante les changements climatiques accompagneront la naissance des sentiments de Silvia suivis de ses doutes et revirements. Dans un esprit guinguette de l’entre-deux-guerres on assiste à une fantaisie teintée de gravité.
Dans ces « jeux de l’amour », la mise en espace et en corps montrera le contraste entre deux visions d’une même situation : le jeu plus cérébral, prudent et stratégique de Silvia et Dorante les maîtres et celui imaginatif, «gouailleur», enfantin et libre des serviteurs Arlequin et Lisette. Autour d’un banc ou d’une nappe de pique-nique la mise en scène fera apparaître ça et là, la double dépendance et la lutte des classes sous-jacentes entre maîtres et valets.
5, passage de Thionville 75019 Paris