Avec Dominique Houdart, Jeanne Heuclin, marionnettistes Alexandra Malcouronne, Brice Coupey, Thierry Desvignes et Laurent Saillard.
On croit souvent connaître Molière par cur. Mais lorsque Dominique Houdart met en scène l'illustre "Misanthrope", on réalise que ce Molière-là, à la fois résolument moderne et étrangement psychanalyste, était demeuré largement inconnu.
Gouffre, grotte noire dont les parois ne laissent passer ni jour, ni nuit. Un homme
seul vit là, reclus dans ses mondes intérieurs comme au centre de la terre, au cur
de sa vérité. Il se terre, se protègent des envahissements de ses fantômes. Autour
d'Alceste, fats, veules, hypocrites et complaisants, ils dansent leur ronde de mort. Ils
sont devenus des grandes marionnettes, vautours décharnés, squelette de poisson
préhistorique, araignées ou crapaud démesurés.
Sublimes visions d'horreur d'un misanthrope qui ne demandait qu'à aimer les hommes, qui
ne les fuit que pour ne plus avoir à souffrir d'en être toujours déçu. Alceste
harcelé par ces monstres de bois, de métal, de carton et de fer, jamais d'os ni de
chair, pleure sa solitude autant que sa haine. Et puis il y a ce visage apparaissant dans
l'ovale d'un miroir : Célimène la coquette. Célimène la femme. Célimène la douce
tentatrice, dont la voix murmure les beautés d'un monde qu'Alceste écartelé et fasciné
à la fois repousse comme une vision d'horreur.
Rencontre après la représentation du spectacle du jeudi 16 novembre avec la Compagnie Dominique Houdart, au Cratère.
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