Paris, avril 1761 ou peut-être plus près de nous. Jean-François Rameau, neveu du célèbre musicien Jean-Philippe Rameau, vient de se faire chasser de chez Bertin-Hus : couple de parvenus qui entretient une sorte de cour du Roi Pétaud, asile d’une clique de parasite et ratés de toutes espèces. Personnage extravagant et pathétique, sorte de génie de l’échec… Musicien entremetteur, cynique, intransigeant bien que quémandeur sans vergogne, ce Rameau- là est aussi moraliste profond, incarnant l’individualisme dans tous ses états.
Son anarchisme fait place nette à la bienséance, à la vertu, à la famille, à la patrie, à la vérité… Autant de châteaux de cartes qui s’écroulent sous les coups de boutoir qu’il inflige aux idées reçues. Face à lui, un sage souriant qui mesure chacun de ses gestes, de ses propos. Comme chez tout « bouffon » de haute lignée, lucidité et folie se côtoient en permanence.
Un texte fortement libertaire et paradoxal, une mise en scène à la proximité contemporaine… L’ombre turbulente de Diderot, philosophe des Lumières dont on célèbre cette année le tricentenaire de la naissance, est bien là !
« Ô fou, archi fou ! Comment se fait-il que dans ta mauvaise tête se trouvent des idées si justes, pêle-mêle, avec autant d’extravagance ! »
80, Allée Darius Milhaud 75019 Paris