" Jusqu'à la fin, Claudel restera un matérialiste insatisfait ; un croyant enfoncé dans la matière. Il dit : Je crois En Dieu, mais c'est impossible. C'est de cette profonde contradiction que son uvre se constitue. C'est aussi, à mon sens, ce qui en fait la modernité". F.D.
1830. L'essor industriel s'amorce. On glorifie alors le développement et les progrès de la technologie. C'est l'ère du capitalisme triomphant et de la célébration de l'individuel.
Monisme, scientisme remplace la religion. On décroche les crucifix : c'est le début d'un monde sans Dieu. A une table se trouvent cinq personnages. Ils jouent aux cartes.
Ce sont cinq emblèmes, cinq symboles de leur époque, comme les figures d'un jeu de tarot : le capitalisme industriel, le colonialisme, le nationalisme, l'arrivisme et le matérialisme économique jouent et discutent ensembles. L'événement principal de la pièce est un parricide. Mais au-delà de ce meurtre, c'est la destruction de tous les liens sociaux que Claudel met en scène.
C'est le portrait d'un monde en décomposition, où les idéaux collectifs et révolutionnaires cèdent le pas à la seule défense des intérêts particuliers et au pragmatisme économique. Ce retour à la "loi de la jungle" préfigure les catastrophes de 14-18 et de 39-45 et jette prospectivement une ombre noire sur le 21ème siècle. Cette fable aux allures de polar résonne comme un signal d'alarme à notre époque où l'individualisme triomphe encore et toujours.
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