« Tu vas monter Antigone... Tes personnages t'attendent, ils sont prêts. »
Samuel, l’homme de théâtre, sur son lit d'hôpital, demande ainsi à son ami Georges de poursuivre son travail, une mise en scène de la pièce d'Anouilh à Beyrouth, avec des comédiens libanais de toutes confessions. Mais la guerre est là, qui rend l’entreprise encore plus difficile, d’autant que nous sommes en septembre 82 et que les noms de Sabra et Chatila vont bientôt entrer dans l'histoire. Georges part cependant pour le Liban, en quête de comédiens afin que, pour un instant, ils prennent le masque et « jouent à la paix. »
« Jouer à la paix » et faire de la scène un lieu de compréhension et de refuge... Julien Bouffier a pris les personnages de Sorj Chalandon aux mots et rejoint, à son tour, le parti de la belle utopie, comme peuvent en suggérer les artistes, comme peut en susciter parfois la vie. Relever le pari, celui de Samuel, celui de Georges, celui de Sorj (à moins qu'ils ne soient les mêmes), tel est le défi de Julien Bouffier et de son quatuor, « deux couples, l'un français, l'autre libanais ; l'un constitué de musiciens, l'autre d'acteurs ; deux femmes, deux hommes. » Ainsi donc, et c'est une autre gageure, Georges sera une femme dans le choix du metteur en scène.
C'est aussi le défi du théâtre, soudain vécu comme un refuge, comme un instant apaisé, une parenthèse fraternelle et fragile dans la nuit des violences. Une invitation à passer ce « quatrième mur », cette « façade imaginaire » qui sépare les acteurs du public, qui protège le spectateur, cette « frontière » que le roman, prix Goncourt des lycéens en 2013, et aujourd'hui la pièce nous invitent à franchir...
« Nous portons des masques de tragédie. Ils nous permettent d’être ensemble. Si nous les enlevons, nous remettons aussi nos brassards, et c’est la guerre. »
Par la Compagnie Adesso e sempre.
« Pour raconter sur le plateau toute la texture de la pièce, Julien Bouffier s’est imprégné de la densité si singulière de Beyrouth. Le résultat est magistral. » Marina Da Silva, L’Humanité
« Le spectacle de Julien Bouffier constitue un véritable voyage initiatique. (…) Il y aurait beaucoup à dire sur ce spectacle intense, fruit d’un remarquable travail en amont qui réussit à juxtaposer de magnifiques scènes filmées et des scènes sur plateau avec une habilité déconcertante. A cela s’ajoutent la musique et la voix d’Alex Jacob à la fois souterraines et volcaniques. » Évelyne Trân, theatreauvent.blog.lemonde.fr
« Dans un dispositif scénique où est piégée la narratrice dans des réalités qui la dépassent, Le Quatrième mur permet l’illusion théâtrale, en mélangeant approche documentaire et des perspectives poétiques, dans une aurore boréale d’images. Du théâtre à la catharsis profonde, et terrible. Car comme le dit Sorj Chalandon : « Le pays de ce livre n’est pas le Liban c’est la guerre ». Ne manquez pas cette troupe, vouée à un grand avenir. » Dashiell Donello, Mediapart
« Ces allers-retours entre le plateau et le Liban à travers la vidéo sont le point fort du spectacle de Julien Bouffier. Il maîtrise parfaitement l’image. Les vidéos sont projetées à la fois en fond de scène et en façade et condamnent les comédiennes à jouer dans un flot infernal d’images de guerre rougeoyantes. C’est saisissant. » Stéphane Capron, Sceneweb
211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris