Le général inspecte le champ de bataille et réveille les morts. Le grand défilé peut alors commencer. « Nous sommes les gazés, à vos ordres ! Vive la patrie ! Nous sommes les enterrés vivants, à vos ordres ! Vive la terre de la patrie ! ». Et vive la patrie pétrie ! pourraient ajouter les soldats mutilés.
Sur une table transformée en champ de bataille, Gilles Blaise et Yannick Pasgrimaud malaxent la glaise, comme des enfants jouent à la guerre. De leurs doigts agiles, ils façonnent la terre autant que le verbe du magnifique texte du dramaturge roumain Matéi Visniec. La chair à canon devient pâte à modeler pour rejouer la guerre des tranchées, le retour à la vie des poilus gazés, estropiés, pilés et l’omniprésence de la mort qui ronge… bien après la fin des combats.
« La naissance de ces soldats de terre glaise sous les doigts des Aphoristes, duo de manipulateurs rejouant la guerre des tranchées et le retour à la vie des poilus gazés, estropiés, pilés (…) Le retour à la maison de Gilles Blaise et Yannick Pasgrimaud est une jolie invention que soutient un texte arc-bouté entre les relents de la guerre et la présence de la mort qui ronge. » Libération, mai 2005
« Ils sont deux comédiens, Gilles Blaise et Yannick Pasgrimaud, qui façonnent le verbe et le propos du magnifique et inédit texte de Visniec dans la terre. La table de jeu est un champ de bataille, le jeu tantôt d’échec tantôt d’enfant, la chair à canon est pâte à modeler, la patrie est pétrie et le tout un coup de poignard, asséné par
deux comédiens qui tuent. » Ouest-France, mai 2005
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