La Grande Guerre et ses maux vus à travers les yeux de Dodger, un étrange voyageur du temps.
Entrez dans la peau du patriote, du permissionnaire, du déserteur. Venez combattre avec courage, fraternisez avec l’ennemi... Vivez la Grande Guerre d’un point de vue humain dans un spectacle visuel, musical, et plein d’énergie.
Quand j’étais petit, j’écoutais avec délice les histoires que me racontaient mes grands-parents, surtout Grand-père Norman. Il avait un don particulier pour laisser parler les mots.
En grandissant, j’ai voulu qu’il me raconte sa guerre (la seconde guerre mondiale). A chaque demande, il me regardait profondément et me répondait : parlons de choses plus légères… Si toutefois il acceptait d’en parler, c’était pour raconter des anecdotes amusantes.
Mon autre grand-père agissait de même. Lui avait participé à la première guerre, mais refusait d’en parler, sauf qu’une fois, il avait perdu son tank, et ça me faisait rire.
Aujourd’hui, je n’ai plus de grand-père. Leurs histoires, leurs cauchemars se sont envolés avec eux. Seule une phrase de grand-père Norman me trotte encore dans la tête : « War is an ugly brute who should never have been let outdoors to play » (La guerre est une brute affreuse que l’on aurait jamais du autoriser à jouer dehors).
J’ai beaucoup lu et vu. La tête emplie de récits, de documentations, de photos, je ne savais plus par où commencer. Et je n’étais pas le seul à me pencher sur le sujet…
Le temps a passé…
Oui, le temps, celui après qui l’on court sans pouvoir le rattraper. Le temps, omniprésent, sous forme humaine exceptionnellement, constate, raconte. Il part de loin, du Big Bang, et s’arrête par moments pour isoler des personnages dans la tourmente de 1914/1918.
Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans des guerres de tranchées, mais les conflits sont toujours là, et la peur nous menace souvent plus que la guerre elle-même.
La capacité de l’homme à s’autodétruire est infinie. Seule la pensée, l’éducation, la réflexion peut l’aider à combattre ses démons. La part de l’artiste est modeste, mais n’est-elle pas indispensable ?
Disons-le de suite, ce spectacle n’est pas conventionnel. Il traite de la guerre, la première, sans la nommer. Ici, pas de costumes ou de chansons d’époque. Pas de décor ni d’objets réalistes. La mise en scène refuse toute association historique. Ici, pas de pantalon rouge, de fusil ni de masque à gaz ou de casque. Le comédien est habillé de morceaux de costumes d’époques différentes. Quelle importance ! Quelques objets complètent la mise en scène. L’universalité du propos n’échappe pas à l’imagination du spectateur.
La guerre, pour ceux qui souffrent, est partout la même pour les hommes. Les époques changent, les armes aussi, mais les émotions, les peurs, les engagements sont les mêmes partout. Jonathan a écrit une (des) histoire(s) d’êtres humains.
Le personnage qui nous présente cette galerie de portraits, d’émotions, de tranches de vie est un voyageur du temps. Il est, par définition, intemporel. Il est présent « tout le temps », il décrit, constate et rapporte. Il ne porte pas de jugement. La distanciation de son personnage tranche avec les émotions très vives des autres personnages, et donne du rythme au spectacle. De la tragédie grecque au théâtre de Shakespeare, et jusqu’aux auteurs contemporains, c’est la nature humaine qui passionne le théâtre.
Nous ne dérogeons pas à cette règle ici. Les sentiments et les émotions, parfois violentes, sont au coeur de cette création. Les mimodrames qui ponctuent le spectacle permettent au spectateur de respirer et de sourire, car au milieu de toute horreur, il y a la vie.
6, rue de la Folie Méricourt 75011 Paris